Le Père Joseph Secondo ADRIANI
décédé à Pointe-à-Pitre, le 24 mars 1964,
à l'âge de 69 ans et après 47 années de profession.
BPF 132 p. 478-479


C'est au début de la Semaine sainte, alors que le peuple chrétien se recueillait au souvenir de la Passion du Christ, que le P. Adriani rendit son âme à Dieu.

De nationalité italienne, il était né à Rome, le 5 décembre 1895. Ses parents lui avaient donné le prénom de Secundo, et lorsqu'on lui demandait la raison de ce prénom peu habituel, «mais, répondait-il, tout simplement parce que j'étais le deuxième enfant de la famille! »

C'est à Suse, en 1907, qu'il eut son premier contact avec la Congrégation. Il y resta jusqu'en 1912, et passa ensuite à Gentinnes pour ses études secondaires. Il faut avouer qu'il ne s'est jamais rangé parmi les premiers, bien que ses interventions fussent souvent remarquées et fort pertinentes. En 1914, son Supérieur était le P. Henri Blériot; et parmi les professeurs, on comptait entre autres le P. Moulis et le P. Manet qui fut dans la suite curé.archiprêtre de Pointe-à-Pitre.

Au début de septembre 1914, lors de la retraite de Charleroi, le jeune Adriani, avec d'autres camarades, fait partie d'équipes de secours et ramène sur des brancards des cuirassiers français blessés. Ces années de guerre furent affreuses, tout particulièrement au début, avec les privations, la faim, les maladies, les angoisses et le manque de nouvelles des siens... Le jeune étudiant fit l'acquisition de connaissances philosophiques très poussées à l'Université Catholique de Louvain. C'est à Louvain aussi qu'il fit sa profession religieuse en 1916. Le P. Verméylen, à Gentinnes, compléta les études philosophiques des jeunes religieux. L'armistice du 11 novembre 1918 rendit à leurs familles tous ces jeunes, dont certains s'étaient enrôlés dans l'armée.

M. Adriani fut ensuite au nombre des premiers étudiants à rallier l'Abbaye de Langonnet, ou se trouvait le grand scolasticat. Le R. P. Pinho, actuellement archevêque de Luanda, était alors le Directeur. Puis, avec la reprise des études et la marche des événements, c'est aussi le retour du grand scolasticat à Chevilly, avec le R. P. César Berthet comme Directeur. Homme éminent, religieux exemplaire, plein de science et de piété, il a la confiance de tous les jeunes aspirants. Mais bientôt, il va devenir le Recteur du Séminaire Français, à Rome, et c'est sous le directorat du R. P. Tardy que le P. Adriani terminera ses études par sa consécration à l'apostolat, le 10 juillet 1921; il avait été ordonné prêtre le 28 octobre précédent.

Pour notre jeune Père, ce sera d'abord l'apostolat de, l'enseignement dans nos maisons du Portugal, à Regoa, à Braga, à Viana do Castelo, de 1921 à 1929. Le Père réussit à nouer au Portugal de si solides amitiés que plus tard, lorsqu'il construira l'église du Christ-Roi, aux Mangles, C'est à .la charité portugaise qu'il fera appel pour l'acquisition des jolies céramiques qui ornent les murs de cette église.

Le P. Adriani passera encore une année (1929-1930) au Séminaire du Saint-Esprit, à la rue Lhomond, comme professeur de théologie. Puis il s'embarquera, en septembre 1930, pour la Guadeloupe, où, il passera la seconde moitié de son existence terrestre. D'abord curé de Saint-Louis, à Marie-­Galante, il deviendra bientôt curé du Petit-Canal, où, le travail ne manquait pas après le terrible cyclone de 1928. Le Père allait se mettre à l'oeuvre avec toute sa générosité, sa compétence et son habileté; il ne ménagera aucune fatigue, ne se contentant pas d'être sur le chantier, mais travaillant lui-même de ses mains, comme manoeuvre, dans la construction de l'église et du presbytère des Mangles.

Après les Mangles et Petit-Canal, c'est Grand-Bourg, à Marie-Galante, où il arrive en octobre 1940. Il se ménageait si peu que, chaque année, après les Pâques, il tombait malade, à la suite du surmenage de ses activités pastorales. En 1947, il avait même reçu les derniers sacrements.

En 1951, nous le retrouvons curé de Goyave, où il restera près de dix ans. L'église fut rajeunie, peinte, agrandie et embellie par ses soins. Une sacristie spacieuse fut aménagée et de très beaux ornements acquis. Il marcha la main dans la main avec M. le Maire de Goyave, et de cette sincère et fraternelle collaboration les merveilles se multiplièrent dans cette coquette commune...

C'est aux Soeurs Dominicaines de l'Enclos Notre-Dame, à Trois-Rivières, que furent consacrés les derniers mois de son ministère. Au mois d'août 1963, il avait eu le plaisir de revoir Rome et les siens. Six mois plus tard, le mardi­saint 24 mars, il était rappelé à Dieu, après 33 ans et demi de séjour en Guadeloupe.

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