Père Antoine ADRIEN
Décédé à Port-au-Prince (Haïti) le 12 mai 2003, à l'âge de 81 ans.
Né : 22/1/22, Les Cayes (Haïti). Profès : 2/2/45, Lac-au-Saumon (Canada). Prêtre: 3/10/48, Chevilly.

AFFECTATIONS :
HAÏTI : Port-au-Prince (49-69).
CENTRAFRIQUE :Bangui (69-71).
HAÏTI : Sup. Principal avec résidence à New-York (72-86) et avec résidence en Haïti (86-92) ; Port-au-Prince (92-2003).


Antoine Adrien était un homme d'une nature ardente, doué de multiples talents. Né aux Cayes en 1922, il est attiré par la vie religieuse et entre chez les Spiritains en 1945. Après son ordination en 1948, il est envoyé en Haïti où pendant 20 ans, il enseigne l'histoire de son pays au petit séminaire Collège Saint-Martial.

Son sens du service le porte à s'engager dans de multiples activités : il est aumônier scout, directeur de conscience, chef de chorale, entraîneur sportif, mais surtout il accompagne !es petits séminaristes, tout en se réservant du temps pour une activité privilégiée : visiter les pauvres d'un bidonville de Port-au-Prince.

Puis vint l'ère de Duvalier. Antoine et 4 confrères haïtiens sont expulsés de leur pays. Le Conseil général décide le rappel des Spiritains encore présents dans le pays. Après un court séjour en Centrafrique, Antoine est appelé, avec quelques confrères, à se mettre au service des Haïtiens de Brooklyn, aux U.S.A. Pendant 14 années d'intense activité, sous l'impulsion d'Antoine, cette petite équipe se dévoue au service de cette population d'immigrés, pauvres, facilement exploitables.

Antoine comprend qu'on ne peut aider les pauvres sans se faire pauvre soi-même. L'équipe spiritaine décide de vivre comme la population qui l'entoure, et de parler son langage, le créole. Certes, la priorité demeure la formation religieuse et humaine de cette population, mais bien vite Antoine comprend qu'il doit se faire le défenseur de ses droits et pour cela utiliser tous les moyens légaux, dans la rue, les médias, les couloirs du Congrès, pour les faire respecter.

En 1986, Antoine et ses confrères rejoignent Haïti. Il faut réorganiser le district, recommencer tout à zéro. Les Spiritains choisissent de travailler en paroisse, dans un diocèse pauvre en prêtres. Mais ce pays n'est délivré d'une dictature que pour retomber sous une autre, celle des militaires. Antoine, devenu un personnage public, dont la droiture et le désintéressement sont reconnus par tous, doit encore monter au créneau pour défendre le droit des gens à vivre libres. Son nom figure sur la liste de personnes à abattre, il échappe à plusieurs attentats et quand l'orage est passé, il reprend hardiment le combat. La pauvreté est telle dans le pays, la désespérance si profonde qu'il pense devoir soutenir l'expérience d'un gouvernement d'un style nouveau, dominé par l'esprit de service et dont le souci des pauvres serait prioritaire. Était-ce un signe des temps ? Son espoir est déçu.

En 1990, une attaque paralyse Antoine et le cloue sur son fauteuil roulant. Lui, le témoin de tant d'événements, qui a tant de choses à nous dire, est devenu incapable de communiquer. Il vivra courageusement cette épreuve pendant 7 ans. Le Seigneur est venu l'en délivrer le 12 mai 2003.
Emile Jacquot

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