Le Père Clément ANGIBAUD

Né: 22/02/17 à Courtalain (28)
Profès : le 08/09/35 à Orly
Prêtre: 08/07/45 à Chevilly;
Décédé: 13/02/2014 à Carhaix (29)

AFFECTATIONS :
GABON:
Lambaréné (46-50; vicaire); Libreville (50-51; vicaire); Mouila (51-54; vicaire); FRANCE: Paris (55-56; santé); Paris (56-57 ; Directeur Annales Spiritaines); SENEGAL: Ziguinchor (57-58; Petit séminaire); Balandine (58-61; supérieur); Ziguinchor (61-62; vicaire cathédrale); Kolda (62-70; vicaire puis supérieur); Dabo (70-89; ermite); FRANCE: Piré (89-2008; retraite); Langonnet (2008-2014; retraite)

Le Père Clément ANGIBAUD, notre doyen, aurait eu 97 ans le 22 Février prochain. Il naquit en 17 à Courtalain en Eure et Loir. Son père était employé aux Chemins de Fer. Sa famille avait des racines vendéennes et bretonnes à 40 kms au sud de Nantes.
En 28, il entre au petit séminaire de Chartres, en 34, il entre au Noviciat d'Orly et fait sa Profession religieuse le 8 Septembre 35.
Après ses études de philosophie à Mortain, il fait deux ans de service militaire à Saint-Malo. Mais la déclaration de guerre l'envoie au front dans la région de Mulhouse. Il sera fait prisonnier en juin 40 dans la Somme et rejoindra la Silésie jusqu'en 42.
Sa qualité d'infirmier lui vaut d'être rapatrié en France. Il termine son service à Vincennes et rejoint Chevilly pour la théologie. Clément est ordonné prêtre le 8 Juillet 45.
En 46, il reçoit son obédience pour le Gabon. Il y arrive avec les Pères Ledit et Guéllec. Le P. Clément est envoyé à Lambaréné, où exerce le fameux docteur Schweitzer. Là, il a même la visite de Mgr. Marcel Lefebvre. En 50, il est nommé professeur à Libreville, puis vicaire à Mouila de 51 à 56. De retour en France, sa santé l'oblige à faire une pause. On lui confie la direction des "Spiritaines" qui deviendront plus tard "Pentecôte sur le Monde". En 57, nouvelle affectation: il passe de l'A.E.F à l'A.O.F, précisément au Sénégal. Il commence comme professeur au petit séminaire de Ziguinchor en Casamance, puis devient vicaire à la Cathédrale jusqu'en 62.
Il passe ensuite 8 ans dans la mission de Kolda. De cette période, il garde le souvenir d'un grand isolement. Le manque de nouvelles lui fait ignorer le drame de l'Algérie et il se sent même loin de l'événement du Concile.
En 70, il est nommé à Dabo, toujours en Casamance où, jusqu'en 89, il mènera une vie d'ermite dans un milieu musulman, forme de mission déjà vécue au début du siècle par le P. de Foucault. Enfoui dans le désert, il tient le coup dans une case qu'il s'est fait construire pour assurer là une présence d'Eglise par un héroïsme quotidien et une foi persévérante.
En 89, il vient à Piré où, dans le silence quotidien, il est fidèle à la marche à pied et à la méditation spirituelle. Comme un Chartreux, il écrit environ 30.000 vers alexandrins sur les évangiles et la bible sans que personne ne s'en doute, dans le secret de Dieu.
Après la fermeture de Piré, il est envoyé à l'Abbaye de Langonnet. Déjà très fatigué, le P. Clément a dû subir plusieurs opérations. Il y a deux ans, nous pensions qu'il allait nous quitter, mais, comme Lazare sortant de son tombeau, il est revenu à lui. Et à notre grande surprise, malgré ses handicaps, il a repris la lutte. Ne pouvant plus ni lire, ni écrire, il a mené un effort de mémoire prodigieux et fait des récits très cohérents de sa vie de mission. Il ne se laissait pas aller, tout en annonçant qu'il allait bientôt partir.
On peut dire que le P. Clément Angibaud fait une sortie magistrale de ce monde et découvre avec un émerveillement digne du poète spirituel qu'il était, "terre nouvelle et les cieux nouveaux" de l'éternité. Son espérance n'est pas déçue: "Oui, Clément, entre dans la joie de ton Maître".
Paul UZEL
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