Le Père Casimir ARLABOSSE,
1807-1851.


Jean Casimir Arlabosse né à Ceyrac, paroisse de Cruéjouls, le 7 février 1807, appartenait à une honnête famille d'agriculteurs. A peine âgé de sept ans, il perdit son père, qui laissa la mère avec six enfants : trois filles et trois garçons. Le troisième par ordre de naissance, et toutefois l'aîné des garçons, le jeune Casimir sembla comprendre qu'il fallait laisser à d'autres les amusements de l'enfance pour se rendre utile à la maison, sans négliger son instruction qu'il mettait au-dessus de toutes les occupations matérielles. Serviable pour ses frères, d'une docilité admirable vis-à-vis de sa mère, il consolait celle-ci, et réjouissait ceux-là, tout en entretenant dans son cœur le désir plus grand de s'élever au-dessus du sang par le sacerdoce. D'abord et assez longtemps opposée à ce dessein, qui paraissait impossible à ses modiques ressources, la mère, qui chérissait tendrement le petit Casimir, finit par accéder à ses désirs souvent réitérés. Il commença son latin à Ceyrac même, sous la direction des instituteurs communaux, puis chez un curé du voisinage ; il fit sa quatrième au collège d'Espalion, chef-lieu -d'arrondissement, et le reste au collège de Saint-Geniez d'Olt, alors dans sa splendeur.

Voici le résumé d'un bulletin, signé du principal du collège de Saint-Geniez, l'abbé Fabre : " Classe de rhétorique; pendant les mois de novembre, de décembre 1828 et de janvier 1829, Casimir Arlabosse remplit ses devoirs avec exactitude et avec goût. Ses compositions et ses succès prouvent qu'il ne manque pas de talent, et doivent l'exciter à travailler avec persévérance. Sa conduite est exemplaire, elle lui concilie l'estime de ses condisciples et l'affection de ses maîtres ; il paraît doué d'un excellent caractère."

Le jeune Arlabosse entra au séminaire de Rodez en 1829, reçu par M. Lacroix, supérieur du séminaire avant d'être évêque de Bayonne. R fut ordonné prêtre le 24 mai 1834, et envoyé comme vicaire dans une paroisse succursale, du nom de Belcastel où il fit le travail avec zèle et succès. Après quinze mois de séjour, les habitants le demandèrent et l'obtinrent comme curé ; mais l'abbé Arlabosse supplia l'autorité diocésaine de ne pas lui imposer encore une semblable charge ; voilà pourquoi il fut envoyé comme vicaire dans la paroisse de La Selve, où son zèle produisit beaucoup de bien. Son souvenir resta longtemps vivant dans cette paroisse, qu'il quitta en 1837, pour se faire missionnaire diocésain, à Vabres, jusqu'en 1846, époque àlaquelle il arriva à Paris pour aller au Sénégal.

Il a laissé une excellente impression dans la communauté de Vabres. C'était un vrai missionnaire pour le zèle, moins scrupuleux àl'endroit du style. Sa haute piété et la solidité du fonds rachetait ce qu'il pouvait y avoir de défectueux dans les formes, et l'on dit qu'il a donné des preuves d'un inoubliable talent dans un sermon sur la Passion qui a paru dans \i La.tribune sacrée de Paris. Quoi qu'il en soit, le P. Arlabosse était doué, déjà dès son bas âge, d'un ensemble de qualités fort rare. Sa piété surtout, qui brillait déjà comme la couronne de ses jeunes années, ne s'est jamais démentie. On l'a remarquée au collège, au séminaire, à Vabres, dans les missions ; on l'a remarquée partout. Les quelques notes trouvées dans le registre de la maison de Vabres se bornent à ces trois mots : regardé \i comme un saint. N'est-ce pas là un bel éloge ?

La vie et l'œuvre du P. Arlabosse au Sénégal mériterait une étude exhaustive, beau sujet qui attend de trouver un auteur. On ne peut ici que rappeler sa finale héroïque, en citant le P. Briault, dans sa Vie du P. Libermann, p. 325 : " Arlabosse avait deux projets : l'un était celui d'une école professionnelle et l'éducation de la race par le travail ; l'autre était de transporter loin de la ville de Saint-Louis cette école-atelier et de la fonder au pays de Galam dans le haut fleuve, là où les traitants allaient chercher la poudre d'or et l'ivoire des derniers éléphants du Sénégal. Il avait même fait un voyage d'exploration préparatoire vers cette réeion et jeté son dévolu sur l'escale de Bakel.

" De retour à Saint-Louis, en 1850, il remonta le fleuve à la fin des hautes eaux et il s'arrêta à Bakel, mais sur la rive gauche moins exposée aux pilleries des Maures. C'était en décembre. Un mois plus tard, il fut rejoint par les PP. Tanguy, Simonet et trois Frères. On commença des constructions, mais l'obligation d'être constamment sur le qui-vive fatigua vite les missionnaires, mal ravitaillés, perdus àmille kilomètres de leur base. Les peuplades, comme toujours, avaient promis de fournir des enfants à l'œuvre : il n'en venait pas. Le P. Arlabosse payait de sa personne, tantôt disputant de doctrine avec les marabouts, tantôt construisant de ses mains murs et clôture pour se protéger des pillards. Tant de difficultés à la fois eurent raison de ses forces : il prit une forte fièvre qui l'obligea à descendre le fleuve et il vint mourir à l'hôpital de Saint-Louis le 15 septembre 1851.

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