Le Père Jean-Marie ARTIGUELA,
1844-1905


Né le 22 janvier 1844 à Bagnères de Bigorre, d'une famille profondément chrétienne, il fit ses classes au collège ecclésiastique de sa ville natale et alla en novembre 1860 étudier la philosophie au petit séminaire de Saint-Pé. Un de ses condisciples, Mr l'abbé Théas, pas celui qui fut l'évêque de Tarbes, mais celui qui fut vicaire général, fit ainsi le portrait d'Artiguéla lors de ses funérailles : " Il me semble le voir encore àl'époque déjà lointaine de son adolescence, jeune élève à la figure sympathique et souriante, à l'intelligence vive, au cœur bon, au caractère doux et avenant, aux manières distinguées et affables. Il aimait l'étude, s'y appliquait avec ardeur, remportait des succès, se tenait habituellement aux premiers rangs de sa classe. Mais surtout il nous édifiait par sa solide et profonde piété ; c'était déjà un modèle. "

A la fin de son petit séminaire il voulut entrer au grand. Ce ne fut pas sans difficultés qu'il put obtenir le consentement de son père et aller au séminaire de Saint-Sulpice à Paris. C'était en 1862, il avait 18 ans. Il se montra aussi édifiant àSaint-Sulpice qu'à Saint-Pé et y fut ordonné prêtre en décembre 1868.

Dans le clergé séculier de Paris, il fut vicaire à la paroisse SaintJoseph, puis à la Madeleine où il resta courageusement à son poste pendant le siège de la Commune en 1871. Sa piété était profonde ; tous les jours il passait de longs moments devant le St Sacrement et le soir venu, pour se donner l'exercice nécessaire à sa santé, il affectionnait d'aller prier à Notre-Dame des Victoires. Le cardinal Guibert allant au devant de ses désirs, le chargea de l'aumônerie des carmelites de l'avenue de Messine en août 1873. Déjà des liens anciens le rattachaient au Carmel il était depuis 1868 tertiaire de cet Ordre.

Pressé lui-même d'embrasser la vie religieuse, il entra dans la Société des Pères du St-Sacrement, fondée récemment par le Père Eymard : deux ans de noviciat, trois ans de vœux, mais sa santé ne lui permettait que difficilement l'adoration nocturne. Il dut sortir de la Société, mais resta aumônier des Servantes du St-Sacrement fondées également par le Père Eymard.

Un voyage en Terre Sainte donna à sa spiritualité une orientation décisive en faveur des missions. A la suite d'une retraite prêchée par le Père Grizard, alors maître des novices de la congrégation du SaintEsprit, il décida de se donner à la famille spiritaine, voulant, disait-il, "servir les missions de la manière qui conviendrait à sa santé et à ses aptitudes particulières." Prêtre depuis vingt ans, il était dans sa 45ème année, mais il suivit généreusement tous les exercices du noviciat.

Profès, il résida à la Maison Mère de la rue Lhomond pour assurer l'aumônerie des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny à Paris, à Thiais et à Antony. Il donnait aussi des retraites, préparations aux saints ordres, premières communions et confirmations dans les collèges ou pensionnats, et des conférences dans les communautés de ses confrères. Malgré sa longue pratique et ses succès, malgré ses maux de tête habituels, il s'astreignait àune préparation toujours renouvelée. Il entendait-beaucoup de confessions et trouvait encore du temps pour l'étude et la prière.

Une telle activité ne pouvait que consommer rapidement ses forces. Ses supérieurs lui recommandèrent de prendre quelques jours de congé dans sa famille à Bagnères de Bigorre. Invité à déjeuner à Lourdes chez l'évêque avec un curé de Paris, il dut y renoncer par suite d'un refroidissement. Quelques jours après, il se sentit si faible qu'il dut s'aliter. Il s'éteignit rapidement sans souffrance le Il mai 1905.'

Monseigneur Schoepfer, son ancien condisciple et demeuré son ami, retenu par les pèlerinages de Lourdes, s'était fait représenter par son vicaire général l'abbé Théas, lui aussi ancien condisciple. C'est lui qui présida les cérémonies des funérailles. Il souligna combien la mort du Père Artiguéla était un grand deuil et pour sa congrégation et pour son diocèse auquel il était toujours resté très attaché.

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