Père Joseph AUBRY
décédé le ler mars 1933, à Paris, âgé de 62 ans.


C'est le 16 mai 1870, à Escles, petit village des Vosges, près d'Épinal, que naquit Marie- Joseph Aubry. Elevé par des parents foncièrement chrétiens, de bonne heure, l'idée du sacerdoce germa dans son esprit, et son curé qui l'avait distingué l'envoya au petit séminaire d’Autrey pour y faire ses études secondaires.

Le 15 juin 1889 il recevait la tonsure et, le 19 mai 1894, était ordonné prêtre à Saint-Dié. Son évêque l'envoya de suite, comme vicaire, à Raon-l'Étape. Il y demeura cinq ans, puis, à la suite d'une retraite, se décida à suivre l'attrait qui, depuis tout jeune, le poussait vers les Missions.

Il hésita à fixer son choix entre les diverses sociétés de missionnaires qui le sollicitaient. Ayant prié et réfléchi, il entra enfin, le 24 octobre 1899, chez les Pères du Saint-Esprit. Il prononça ses vœux au noviciat le 25 octobre 1900 et y fit sa consécration à l'apostolat.

Ayant reçu son obédience pour Madagascar, trois mois après, il débarquait à Diégo­Suarez. De suite il s'adonna à la langue du pays, et dans le différents postes qu'il occupa ; à Majunga, à la Montagne d'Ambre, à Diégo-Suarez, il catéchisait et prêchait en langue indigène à la perfection.

En juillet 1910, après dix années de labeur, atteint d'une maladie qui ne devait pas guérir, le Père Aubry dut revenir en France. Il laissait à Madagascar la réputation d'un homme très zélé, très régulier, très estimé, très aimé.

1910, c'était l'année où la loi de séparation de l'Eglise et de l’Etat devait être appliquée dans les vieilles colonies françaises : Martinique, Guadeloupe, Réunion, et, déjà, il était question en haut lieu, de confier ces divers diocèses coloniaux à notre Congrégation. Le Père Aubry, connaissant le ministère paroissial, parlant bien, possédant la science des âmes, était tout indiqué pour tenir la place du curé dans l'une des paroisses de la Guadeloupe. Il y fut envoyé et, le 26 février 1911, prenait possession de la cure de Capesterre de Marie-Galante. Pendant huit ans, dans cette paroisse d'environ 3.000 habitants, il se dépensa sans compter et parvint, à force d'exhortations, de conseils, de patience surtout, à enregistrer de 11 à 33 mariages chaque année.

Appelé à la Guadeloupe proprement dite, sa vie devint mouvementée. Successivement, il fut curé aux Vieux-Habitants, à Capesterre de Guadeloupe, à l'Anse-Bertrand, à Vieux-Fort. C'est de là que le 23 avril 1922, après 11 ans de ministère pénible, il rentra pour la deuxième fois au pays natal.

Revenu à la Guadeloupe en novembre de la même année, il fut successivement vicaire à Pointe-à-Pitre, nommé curé de Gosier, aumônier de l'hôpital de Tilhac, puis curé de Raie ­Mahault et enfin, en 1927, curé du Petit- Canal. L'année suivante, en septembre 1928, le cyclône emporta le presbytère et détruisit l'église à moitié.

Quelque temps après, le curé de Port-Louis mourait, lui laissant la succession. C'était pour lui, la paroisse désirée. Il y travailla 4 ans, jusqu'au jour où la maladie le terrassa, l'obligeant à rentrer en France en octobre 1932.

Il fut alors désigné comme confesseur des scolastiques à Chevilly. Là les crachements de sang le reprirent bientôt, nécessitant un séjour à l'hôpital Saint-Joseph. Il y reçut tous les soins que nécessitait son état. On tenta même une opération, mais tout fut inutile, et le ler mars à 10 heures du matin, après avoir reçu la veille au soir, la visite de Mgr le T.R.Père, et quelques heures avant sa mort, les derniers sacrements, il expirait en pleine connaissance, son chapelet entre les doigts et l’Ave Maria sur les lèvres.

La Guadeloupe perdait un bon prêtre et la Congrégation, une fois de plus, un zélé missionnaire et un saint religieux.

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