Le Père Stanislas BÉNÉTEAU,
décédé lors du naufrage de l'Afrique,
le 12 janvier 1920,à l'âge de 39 ans.


Né à Saint-Hilaire-du-Bois (Maine-et-Loire), le 29 novembre 1880, Stanislas Bénéteau, après ses études secondaires et une année de philosophie, accomplit son service militaire à Cholet. Il commence ensuite ses études de théologie au grand séminaire, et, le 8 septembre 1903, entre au noviciat de la congrégation du Saint-Esprit. Un an plus tard, il fait profession et continue sa théologie au scolasticat de Chevilly. Ordonné prêtre le 5 novembre 1905, il reçoit, l'année suivante, son obédience pour l'Oubangui.

À la Sainte-Famille de Bessou, pendant cinq ans, avec le P. Daigre, il travaille à l’œuvre de l'évangélisation des Noirs. Trop souvent, à son gré, son temps est occupé par des travaux d'ordre matériel : il doit en effet surveiller et nourrir les deux cents enfants rachetés par la mission et « je dois souvent, écrit-il, comme mes prédécesseurs, rester du matin au soir dans les plantations, sous un soleil affreux. Enfin, quelques fièvres, quelques accès de bile et, peu à peu, on fait connaissance avec les misères du pays et l'on finit par s'acclimater ». Qui dira ce que ces lignes supposent de souffrances endurées généreusement pour le salut des pauvres âmes !

En 1912, ses supérieurs l'envoient plus loin encore dans la brousse, à Bouroussé, dans une mission récemment fondée. Là, il doit construire et, pendant que son confrère est dans la forêt à choisir les matériaux, lui dirige les travaux.

Les constructions en torchis et en paille n'empêchent pas le vrai travail d'évangélisation ; le matin, le P. Bénéteau forme ses futurs catéchistes ; le soir il enfourche son vieux cheval blanc et se rend à quelques kilomètres de sa résidence, sur une colline, le Calvaire, au bout de laquelle il a fait ériger une grande croix. Là se donnent rendez-vous les petits Kombos dont il s'occupe spécialement et à qui il enseigne la doctrine.

A Bessou comme à Bouroussé, il avait pris à cœur l'étude des langues indigènes et lui, l'homme à la mémoire difficile et aux fréquents maux de tête, il a laissé le souvenir d'un missionnaire spécialiste en cette partie.

En 1913, il rentre en France pour se reposer et pour faire imprimer sa grammaire et son catéchisme en langue indigène. La guerre le surprend en Anjou. Mobilisé comme infirmier à Châteauroux, au bout de six mois, à la suite d'une pénible crise d'entérite, il est réformé.

Au commencement de décembre 1919, le Supérieur général, Mgr Le Roy lui annonce que, par égard pour sa santé, il l'envoie en Guadeloupe. Mais, le préfet apostolique de l'Oubangui, Mgr Calloc’h, alors en congé en France, obtient qu'on lui rende un de ses meilleurs adjoints.

Il passe en Anjou avant de s'embarquer mais ce temps des adieux lui est pénible : sa santé encore bien chancelante, la connaissance des misères qui l'attendent, l'opposition de sa famille, le pressentiment d'une mort prochaine… tout cela l'inquiète, l'énerve. Le 9 janvier 1929, il rejoint à Bordeaux les confrères qui vont voyager avec lui sur l'Afrique…

« L'Afrique quitte Bordeaux le 9 janvier 1920, à 10 heures, ayant à son bord 599 personnes, dont 124 hommes d'équipage et 192 tirailleurs sénégalais rapatriés. La mer est mauvaise et bientôt un fort vent du sud-ouest prend le bateau par le travers. (…) Sans gouvernail, poussé par le vent, le bateau dérive vers le nord. vers minuit il donne en plein sur une des bouées lumineuses des Rochesbonnes, plateau sous-marin au large de l'île de Ré, et touche les rochers. Projeté huit fois contre l'énorme chaland porte-feu, le paquebot, finalement, se brise et coule, en produisant un violent remous. Il y aura en tout 36 survivants, dans trois embarcations et un radeau »
(Résumé du texte paru dans : Marthe PONET-BORDEAUX, Mgr Hyacinthe Jalabert (1859-1920), Beas, 1924, 286 p., p. 260 ss.)

Dans le naufrage périssent : Mgr Hyacinthe Jalabert, vicaire apostolique du Sénégal et quinze pères ou frères spiritains, dont le P. Stanislas Bénéteau. -
BG, t. 29, p. 558.

Page précédente