Le Père Paul BENOIT.
1867 - 1932.


Il est né à Langogne le 25 janvier fête de la Conversion de saint Paul. C'est sans doute à cause de cette coïncidence qu'il reçut le prénom de Paul. Dernier enfant d'une famille nombreuse, il eut comme parrain son frère aîné et comme marraine sa sœur aînée. Les parents étant morts très tôt, les enfants restèrent toujours très unis, sous l'autorité du fils aîné qui mourut chef d'escadron à Nice en 1928.

Il fit ses premières classes chez les Frères des Écoles Chrétiennes, puis passa au collège de Langogne que la Congrégation du St-Esprit dirigeait depuis 1875. C'est là qu'il se lia d'amitié avec un autre élève, plus jeune de deux ans, Alphonse Fraisse. Tous deux décidèrent qu'ils seraient missionnaires, et spiritains ... et tous deux furent Assistants de la Congrégation ! Au mois de septembre 1883, la Congrégation, après huit années de succès à Langogne, abandonnait la direction du collège pour ouvrir son petit scolasticat à Cellule. Paul Benoît y termina ses études secondaires et entra à Chevilly en septembre 1887, il 20 ans.

Il reçut les saints Ordres aux temps usités à cette époque et la prêtrise le 20 octobre 1891. A cette date il était déjà au noviciat de Grignon. Cette année de formation spirituelle lui laissa un souvenir particulièrement agréable : il fut l'un de ceux qui eurent à préparer l'histoire du cinquantenaire du noviciat que l'on fêta le 13 juillet 1892. Il y gagna de connaître de plus près le Vénérable Père et de l'aimer davantage.

Il fit profession le 15 août 1892. Pour l'avenir, son désir eut été de se dévouer au salut des âmes dans les missions d'Afrique : " Je bénirais doublement la divine Providence, écrivait-il, s'il entrait dans ses vues que je travaille et pour l'Église et pour la France. Les postes les plus pénibles et les plus périlleux ne m'effraient pas et je les accepterai avec une grande joie et une vive reconnaissance."

Il dut sentir fortement le sacrifice qu'on lui demanda quand on le nomma professeur au séminai re- collège de Cellule qui était alors en pleine prospérité : on venait d'instituer une classe de philosophie pour la préparation au baccalauréat. Il fut chargé de la discipline dans la division des moyens. Plus encore que préfet de discipline, le P. Benoît fut professeur, il excella dans l'enseignement, successive ment professeur de français et de latin en quatrième, troisième et seconde. Ainsi passèrent pour lui onze années de stricte application à son devoir tant de professeur que de préfet de discipline. Il ne sentit pas le besoin de changer de position; il était heureux, puisqu'il y faisait la volonté (le Dieu.

La persécution religieuse, depuis longtemps menaçante en France, éclata en 1903 et Cellule fut fermée. Le P. Benoît l'ut alors nommé supérieur du petit séminaire-collège de Port-au-Prince, capitale d'Haïti. Le pays venait de traverser une crise douloureuse : en 1902 une révolution avait mis son indépendance en danger ; depuis le mois de décembre un gouvernement régulier, enfin rétabli, essayait de restaurer les institutions ébranlées par les désordres précédents. Au Collège SaintMartial, les problèmes étaient de tous ordres, concernant les finances, les professeurs, les élèves, les programmes, la pédagogie et les bâtiments. Il sut pourtant s'accommoder au milieu haïtien et maintenir tout en ordre de marche.

Durant sa sixième année d'Haïti, les supérieurs décidèrent de l'attacher àl'administration générale de la Congrégation. D'abord secrétaire général, puis conseiller général en 1911, pour remplacer son ami d'enfance, le P. Fraisse, décédé àson retour d'une visite en Afrique. Enfin le 26 juin 1912, il était nommé Provincial de France et donnait, ce même jour, sa démission de conseiller général, pour ne pas être juge et partie dans les affaires qu'il aurait à traiter.

C'est le Chapitre général de 1896 qui fonda dans la Congrégation le régime des provinces nationales. Mais ce n'est qu'en 1912 que ce régime fut vraiment mis en vigueur en France. Ce fut I'œuvre du Père Benoît. Dans cette délicate transition, de dissociation entre la Province et la Maison Mère, il mit tout son tact, tant à éviter les conflits qu'à ménager les susceptibilités ; il sut aussi bien se montrer ferme àdéfendre les droits de la Province. Il voulut que tous ses aspirants reçoivent la meilleure formation ; il s'efforça de préparer des professeurs capables, munis de grades académiques et de leur assurer la stabilité dans leurs œuvres. Durant les années de 1918 à 1926, sur 180 Pères qu'il mit à la disposition du Supérieur général, 141 partirent en missions, 27 seulement furent attribués à la Province de France, les autres passèrent à divers postes en Europe ou furent retenus par la maladie.

Durant la guerre de 1914-1918, malgré le surmenage de cette période, il s'imposa de répondre à toutes les lettres, à toutes les cartes de ses mobilisés, et de leur procurer tout ce qui pouvait leur être utile ou agréable. Toujours affable et souriant, il ne laissait pas voir sa fatigue.

Le Chapitre de 1926 l'élut Assistant général. L'année suivante il donna sa démission de Provincial, pour se consacrer au travail de bureau de sa charge et au ministère spirituel de diverses communautés.

C'est à Misserghin (Algérie) qu'il est mort le 21 janvier 1932, lors d'une visite régulière de cette communauté. Ses obsèques furent présidées par Mgr Durand, évêque d'Oran. La Semaine religieuse d'Oran termina la relation de son décès par ce vœu très délicat : '" Et maintenant, que ce soit en Paradis que le très aimé Père Benoît assiste sa chère Congrégation et lui obtienne des vocations telles que la sienne ! "

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