le Père Jean-Pierre BERGERON


Né : 24 octobre 1931 à Saint-André-Louzac (16)
Profès : 8 septembre 1955 à Cellule
Prêtre 7 octobre 1956 à Chevilly ;
décès 19 juin à La Réunion

AFFECTATIONS :
CONGO : Makoua (1957-1962 : Petit séminaire) ; Liranga (1962-1964 : Vicaire) ; France Maison-Mère (Procure : 1964-1965); LA REUNION  : Plaine des Palmistes (1965-1971 : Curé) ; Saint-André (1971-1976 : Curé) ; Trois Bassins (1976-1977 : Curé) ; Saint-Gilles-les-Hauts (1977-1984 : Curé) ; Étang Salé (1984-1991 : Curé) ; Saint Joseph Ouvrier et Assomption (1991-2002 : Curé) ; Assomption (2002-2012 : Curé) ; Retraite à La Trinité (Saint-Denis) (2012-2019).

Né dans la région de Cognac, Jean-Pierre débute sa formation sacerdotale dans le diocèse d’Angoulème mais pense à une vocation missionnaire. Il rejoint donc les spiritains à Cellule pour le noviciat. Sachant que je fus maître des novices, il m’a montré un jour un vieux cahier jauni, ses notes de noviciat, disait-il, qu’il utilisait encore pour l’instruction des jeunes religieuses.


Envoyé en mission au Congo-Brazzaville, il y sera expulsé 7 ans plus tard par les autorités du pays. Jean-Pierre semblait en être fier, mais j’en ignore les raisons : peu après l’indépendance, il ne fallait pas faire ou dire grand-chose pour avoir des ennuis, et l’on connaît le franc-parler de Jean-Pierre ! Au Congo, il a laissé le souvenir d’un homme qui avait de l’or dans ses mains. Il réparait les moteurs hors-bords des embarcations qu’on lui amenait de partout…


Après un an à Paris, il arrive à La Réunion le 11 juillet 1965 ; il y restera jusqu’à sa mort, soit 54 ans. D’abord vicaire coopérateur à Saint-Benoît et desservant La Plaine des Palmistes dont il devient le curé, c’est lui qui reconstruit l’église actuelle. Puis il est curé de Saint-André, ensuite de Trois-Bassins, puis de Saint-Gilles-les-Hauts où il réaménage l’intérieur de l’église : l’autel et le magnifique tabernacle, ancien coffre-fort de la Compagnie des Indes, c’est lui ! Ensuite il est nommé curé de l’Etang-Salé, paroisse qui restera toujours sa référence. C’est là qu’il aimait aller se ressourcer chaque lundi, là qu’il avait le plus d’amis. Nommé curé de l’Assomption et de Saint-Joseph ouvrier à Saint-Denis, il réaménage l’église de l’Assomption en récupérant la chapelle du Collège. Puis il se retire à La Trinité où il rend encore de multiples services aux paroisses alentours. Vers la fin de sa vie, il rejoint ses familles d’accueil, s’affaiblit lentement jusqu’à être hospitalisé le 12 juin, à Saint-Pierre puis à Saint-Joseph. Le P. Jean-Luc lui administre le sacrement des malades le 17 juin, en pleine connaissance, avant de s’éteindre deux jours après. Ses obsèques furent présidées par Mgr Aubry et une trentaine de prêtres à La Trinité. Il a été inhumé dans le tombeau des prêtres au cimetière de l’Etang Salé, conformément à ses vœux.


Je note seulement quelques traits de sa personnalité. D’abords un abord rude et plutôt déconcertant ; un « éléphant » disait de lui son Supérieur, le P. Jean-Luc. Il tenait beaucoup de place, pas seulement physiquement ! Il ne passait jamais inaperçu, disant haut et fort ce qu’il pensait, parfois maladroitement, au risque de blesser. Ce qui ne l’empêcha pas de se faire durablement beaucoup d’amis. Jean-Pierre aimait la vie. Il aimait la fête. Très sociable, il était l’ami des petits et des pauvres dont il maîtrisait parfaitement la langue, le créole. Au dernier chapitre spiritain, lors de la petite fête de clôture, il s’est déchaîné en chantant, dansant et racontant des histoires sans fin.

Sur le plan pastoral, il fut un homme pratique qui ne craignait pas de se salir les mains : partout où il passait, il construisit des églises ou les réaménagea pour les mettre aux normes liturgiques. Il le fit avec bonheur. Il suivit la construction de la Maison diocésaine de l’évêché. Pour lui, le ministère pastoral, ce n’était pas seulement des discours et des homélies, mais le travail manuel qui lui permettait d’évangéliser. Auprès du Père Eternel qu’il vient de rejoindre, il trouvera bien encore quelques réparations à faire...

Etienne Osty
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