Claude a grandi dans une famille d’agriculteurs, mais c’est une qualification
de menuisier-ébéniste qu’il acquiert à Belfort et qu’il exerce en entreprise.
Entré chez les spiritains, cette compétence lui donne de participer, à
Chevilly, à la formation d’aspirants et de nouveaux profès spiritains. Il va
ensuite assurer l’économat de la communauté et diriger les travaux au Centre
artisanal de Misserghin ; puis ce sera le service de comptabilité et d’économat
qu’il exercera en divers lieux : à Paris, Bangui, Chevilly, Rome. Les 14
dernières années, ce sera à la Procure de Paris ; là il collabore notamment
avec Paul Ronssin qui témoigne : « Avec Claude, j’ai trouvé un collaborateur
expérimenté, compétent, toujours fidèle au poste, accueillant pour les nombreux
visiteurs qui venaient solliciter nos services. Je pouvais m’absenter pour
telle ou telle raison, Claude assurait la continuité du service. Lorsqu’il a
fallu déménager les bureaux pour un regroupement des services provinciaux,
Claude n’a pas ménagé sa peine. Travailler avec lui a été pour moi une
chance. » Un parcours de vie ne se réduit pas à des dates et à des
affectations… En relisant les carnets personnels de Claude, on perçoit des
traits de sa personnalité qui éclairent le sens de son engagement de religieux
frère. Cette vocation de frère n’était pas évidente ni bien mise en valeur à
l’époque. Claude en a souffert ; il note des remarques de confrères qui ont dû
le blesser. Mais cela ne l’a pas empêché de réaliser sa vocation. Le service de
comptabilité l’a fait rencontrer beaucoup de gens, y compris des personnes
illustres, surtout lors de son séjour au Séminaire français de Rome, des années
qui l’ont marqué et dont il aimera parler. Lorsqu’il était à Bangui, Claude
témoignait dans une revue : « J’ai toujours été heureux dans la Congrégation et
je ne regrette rien de ce que j’ai vécu. » Dans son cahier journalier, il
évoque des choix qui n’ont pas été faciles ni bien compris par ses supérieurs,
des relations de travail parfois conflictuelles. On y découvre aussi une foi
profonde et une disposition d’abandon dans le Seigneur. En 2003, près de sa
mère, il écrit : « Qu’est-ce que je veux ? Quel est le but de ma vie actuelle ?
Au plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été attiré par toi, Seigneur.
[...] J’ai vécu des moments de ferveur intense ; j’ai envisagé le sacerdoce ;
puis je me suis plié aux circonstances de la vie pour vivre pendant quarante
ans ma vie de frère spiritain... » Lorsqu’il arrive à Chevilly, en 2019, Claude
écrit : « J’ai été très bien accueilli. [...] Depuis ma chambre, j’ai une vue
sur le cimetière et je pense souvent à ma mort ». Et, un peu plus loin : « Ici,
je suis heureux d’avoir l’occasion de te prier souvent ; c’est une grâce que tu
m’as faite. Je ne peux que m’abandonner à toi. »
Étienne LEFÈVRE et Paul RONSSIN
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