Le Fr. AP0LLINAIRE Bernhard
profès des vœux perpétuels, décédé, à Langonnet le 24 juin 1954
à l’âge de 81 ans et après 61 ans de profession.

François-Xavier Bernhard naquit le 29 décembre 1872, à Sigolsheim, dans le Ht-Rhin.

Avant d'entrer dans la Congrégation, il travailla d'abord dans sa famille comme vigneron, puis vint ensuite au Postulat de Che­villy, fit son noviciat et émit ses premiers voeux.

Sa première obédience fut pour le Séminaire Français de Rome où il devait rester vingt ans, de 1892 à 1912. Et après une année passée à Chevilly, il vint à Langonnet pour un premier stage de dix ans, de 1913 à 1923. Il revint ensuite à Chevilly, passa successive­ment à Saverne, à la Maison-Mère, et com­mença à prendre sa retraite, en 1935, à Neufgrange d'abord, puis à Saverne. Enfin, à la fin de l'été 1949, il vint s'établir à Langonnet d'où le Seigneur devait l'appeler pour les demeures éternelles. C'est à l'Abbaye que fut ainsi célébré le 60 ème anniversaire de sa profession religieuse, le 8 septembre 1952 (cf. Bulletin. de la Province de France, NO 60, novembre 1952, page 612).

A le voir naguère si alerte encore, quand il traversait le jardin de l'Abbaye pour se rendre à la salle d'épluchage des légumes, rien appa­remment ne laissait présager que la maladie dût si vite emporter le cher Frère Apollinaire. Energique de tout temps, il continuait vaillamment sa vie religieuse avec grande régularité et piété. Quand la fatigue le contraignait au repos, il se retirait à la chapelle où il prolongeait alors sa prière dans le recueillement.

Un jour vint où il dut cependant reconnaître et avouer que ses jam­bes le trompaient, qu'il s'essoufflait vite, surtout dans la montée des esca­liers. Invité à prendre une chambre à l'infirmerie, il se récusa tout d'a­bord, voulant goûter jusqu'au dernier jour sa petite chambre au sud d'où, en hiver, il aimait admirer le lever et le coucher du soleil.

Mais le coeur, de plus en plus fatigué, refusait ses services, et le cher Frère dut se résigner à s'arrêter à. l'infirmerie. Il s'étonnait lui-même de son état de ses jambes qui enflaient tous les soirs, du manque d'ap­petit. «Je ne comprends pas, disait-il, je n'ai aucun mal et pourtant ça ne va plus comme autrefois».

Des malaises plus graves le touchèrent bientôt: c'étaient des pertes de connaissance, des syncopes, légères d'abord, puis plus profondes et plus prolongées. Quand il revenait à lui, et qu'il voyait ses confrères à son chevet, il s'en étonnait: «Mais que se passe-t-il donc? je n'ai rien, tout va bien». Néanmoins, il reconnaissait que la fin approchait: «Ne me par­lez plus de la terre; laissez-moi penser au ciel: le ciel est si beau! Donnez­moi les derniers sacrements; quand j'aurai tout reçu, ainsi je serai prêt! »

Le jour de la Pentecôte, il tint encore à reprendre sa place en com­munauté; mais toute nourriture l'incommodait; on dut le remonter dans sa chambre. Le matin de la Fête-Dieu, il assista une dernière fois au saint Sacrifice. Par la suite, les syncopes se multiplièrent, se prolongèrent, et c'est au cours de l'une d'elles que le jeudi 24 juin, à 15 heures, il rendit le dernier soupir.

Ainsi se terminait une vie toute de régularité, de piété et de dévoue­ment. Si un verre d'eau donné au pauvre par amour du Christ ne reste pas sans récompense, il est permis de penser à la gloire éternelle de ce bon et fidèle serviteur de la Congrégation qui, à Chevilly, à Rome, à la Maison-Mère, à Langonnet, à Saverne, passa toute sa vie à la cuisine comme chef-cuisinier au service de nos communautés

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