Le Père Alphonse Bindel, 1881-1952.

Alphonse Bindel est né le 1er août 1881, à Saint-Martin-de-Landelles. Son curé, connaissant ses qualités, et discernant sa vocation, le fit entrer au collège ecclésiastique de Saint-James, celui-là même où Mgr Le Roy avait commencé ses études. Il les poursuivit comme lui, à Mortain. Appliqué et régulier, nul n'aurait soupçonné que cet élève tranquille et placide irait passer sa vie dans les régions mystérieuses de la colonie anglaise du Nigeria.

Profès en 1902, prêtre en 1907, il s'embarqua l'année suivante à Bordeaux sur un bateau français qui le conduisit à Conakry, en Guinée. Il fallut attendre huit jours l'occasion d'un bateau anglais pour rejoindre Freetown, en Sierra Leone. Après une nouvelle attente d'une dizaine de jours, un autre cargo le fit aborder à Forcados, sur un des bras du Niger. Le Père Shanahan l'y accueillit pour remonter le fleuve en barque jusqu'à Onitsha, centre de la préfecture apostolique. Dans sa lettre du 28 février 1908, il relate ses premières impressions : "Tout d'abord l'ardeur inégalable du soleil du Niger, et l'activité fiévreuse d'un monde en mouvement. Et ce monde vient à l'école et au catéchisme. Les enfants turbulents et espiègles vous répètent sans cesse leur "Good morning, father !" Ici on peut faire de la besogne, de la bonne besogne. Heureux les missionnaires que l'obéissance envoie au Niger."

Telle était bien l'ambiance sur le fleuve, centre principal de l'activité du pays, où la mission était déjà suffisamment implantée. Ce fut plus dur en brousse, encore enfermée dans les traditions anciennes. Il y resta dix-huit ans. Il fallut bien ce temps pour se faire accepter, attirer les enfants àl'école et les adultes au catéchuménat. Cependant des résultats encourageants vinrent peu à peu récompenser les travaux des missionnaires.

La guerre de 1914 l'obligea à rejoindre l'armée française au Dahomey, puis à Dakar. Il revint ensuite dans son ancien poste. Or, en 1927, le gouvernement anglais, traçant une route pour relier Onitsha à Owerri et à Port-Harcourt, obligea les villages éloignés à rejoindre la route. C'est ainsi que le Père Bindel dut recommencer toutes ses constructions à Ihiala. Ce fut une nouvelle fondation, pour laquelle le Père usa ses forces. On lui doit, en particulier, une très belle et vaste maison de communauté, pouvant recevoir un grand nombre de confrères pour leurs retraites spirituelles. Les populations étaient devenues accueillantes, les écoles se remplirent et le missionnaire eut la consolation de voir une chrétienté florissante.

Gravement malade en 1938, il fut soigné avec le plus grand dévouement par les Sœurs du Saint-Rosaire, congrégation fondée par Mgr Shanahan. Quand son état le permit, il rentra en France, l'année suivante. Il fut envoyé à Misserghin, pour profiter de la chaleur du climat. Ce séjour, qui dura douze années, fut marqué par une dure épreuve de paralysie, qu'il supporta en toute patience.

Décédé le 12 mai 1952 il voit du haut du ciel, sa mission d'lhiala, devenue école apostolique de la congrégation du Saint-Esprit, regorgeant d'enfants enthousiastes et aspirant comme lui à devenir missionnaires. Cinq Pères spiritains nigérians les dirigent : le Père Chilaka, directeur ; le Père Orjinta, économe ; les Pères Azuinyé, Ejimofor et Iwuofor, professeurs. Oui, vraiment, il s'est fait de la bonne besogne, en ce pays du Niger!

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