Le Père Jean-Baptiste BONNARD, décédé à Misserghin, le 2 août 1935, à l'âge de 53 ans.

Jean-Baptiste Bonnard naquit à Réaumont, canton de Rives, au diocèse de Grenoble, le 7 décembre 1882.

Au petit séminaire de la Côte Saint-André, où il demeura six ans, il pensait souvent aux missions lointaines, non sans un combat intime, qui le suivra toute sa vie. Ses parents désiraient le voir entrer au grand séminaire ; il y entra en 1903, mais ce ne fut que pour un an. Jean-Baptiste sollicite alors son admission au noviciat de la congrégation du Saint-Esprit et le P. Genoud l'y reçoit, fin octobre 1904. Le 2 décembre 1905 c'est la profession à Chevilly.

En juin 1909, à la Consécration à l'Apostolat Il fut désigné pour le Loango et fit ses premières armes à Nsessé, avec le P. Paul Kieffer. Il y déploya tout son dévouement et tout son savoir-faire. A l’encontre de certains confrères qui reculent devant les difficultés de la langue indigène, le P. Bonnard ne cessa d’y travailler. Plus tard, il fera imprimer le Livret congolais lexique apprécié des indigènes et des européens (P. J.-B. BONNARD, Livret congolais, vocabulaire et premiers exercices Vili-Français, 1929, 229 p.).

Bientôt le Père se voit confier la charge de Procureur de la Mission, charge qu’il remplira durant de longues années. Dans cette fonction délicate, la petite tendance à dominer qu’on lui reprochait au scolasticat se fera quelquefois sentir ; mais il y déploie au maximum les ressources de son esprit pratique et sa très grande charité, pour alléger en faveur de ses confrères du vicariat, le poids des restriction durant la grande guerre.

Comme Mgr Dérouet, son successeur, Mgr Girod apprécie les services rendus par le P. Bonnard ; il lui conserve sa charge de procureur et lui donne bientôt toute sa confiance. Ce n’est pas sans doute que certaines déficience aient échappé à l’œil averti du nouvel évêque ; mais qu’est-ce que cela en face de l’esprit de foi, du dévouement total et cordial du cher Père Bonnard et de son savoir faire incontestable ? Pour le P. Bonnard le souvenir de Mgr Dérouet et de Mgr Girod demeurera très vif, lui laissant même des regrets inguérissables, avec peut-être une estime trop exclusive pour la manière de faire des chers disparus. Dans ces conditions, la sensibilité, qu'il ne domine pas assez, risquera de lui donner figure d'opposant, quand une main sage et méthodique voudra mieux ordonner la comptabilité de la Procure. Toutefois, ces difficultés momentanées iront vite en s'estompant ; lorsque le cher P. Bonnard sera rendu à l'activité purement apostolique.

Il donna, de 1930 à 1933, un suprême effort. Durant la dernière période de sa vie missionnaire, le P. Bonnard s’est vraiment dépensé outre mesure. Enfourchant sa moto il multiplie les voyages de ministère. Il déploie ses talents de photographe pour faire éditer des cartes postales dont la vente vient fort à propos soulager le budget de la Mission de Loango.

Malheureusement sa santé est sérieusement altérée. Déjà, en 1923 il avait été reconnu atteint de néphrite chronique avec albuminurie. Vers 1930, les malaises s'accentuent. Le P. Bonnard a entrepris de multiplier les postes de catéchistes ; ses fréquents voyages le fatiguent énormément. Le docteur consulté assure qu'il est urgent de prendre du repos et de suivre un régime sévère. Très vite, l'état du malade exige le retour en France. Il y arrive pour voir mourir sa mère, et ce coup lui est très rude.

Depuis, la vie ne fut plus pour lui qu'une longue misère. L'albuminurie, le diabète, ont miné sa robuste nature ; la vue est menacée; l'énergie naturelle s'est relâchée ; il n'a presque plus la force de réagir. Le P. Provincial lui propose, en automne 1934, d'aller se reposer à Misserghin. Là, en dépit du climat très doux, après quelques alternatives qui donnent un peu d'espoir, il faut bientôt se rendre à l'évidence; le dénouement ne peut plus tarder. Une attaque d'apoplexie survint le jour de la solennité de saint Joseph. Et le 31 juillet une seconde attaque plus grave mettait le malade à toute extrémité. Deux jours plus tard, il s’Žteint doucement, le 2 août 1935, à 7 heures du matin. -
BG, t. 37, p. 717.

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