Le Père Louis BOUX de CASSON,
1909-1948


Notre futur missionnaire est né à Vannes, au château de Limoges en la paroisse de Saint-Patem, le 9 août 1909. Quelques semaines plus tard, la maman ramena son petit Louis à Challans, en terre vendéenne, patrie de son père.

Louis était un petit garçon délicat et frêle, mais qui fut admirablement élevé. Si d'un côté il fallut l'entourer de précautions et de soins, ses parents surent, de l'autre, ne pas exclure une certaine sévérité ni une discipline vigilante qui lui apprirent de bonne heure à contrôler sa volonté et ses goûts.

Au cours d'un séjour à Vannes, pour répondre au désir de l'enfant, le curé de St-Patern lui donna la communion à 5 ans 1/2, le onze février 1915, dans la petite chapelle de Limoges. Il voulait être missionnaire disait-il déjà, àl'exemple du P. Patron, originaire de Challans. C'est au cours des vacances de l'été 1928 qu'il se décida à entrer au noviciat des Pères du Saint-Esprit, àl'occasion d'une entrevue avec le P. Marc Pédron, natif de Surzur. Joyeusement il se donna tout entier à la mission dans la congrégation : il écrivait : "C'est là que je voudrais vivre, aimer, souffrir et mourir ; dans ces trois mots devrait être toute ma vie." Le dédain de la gloriole et du bien-être avaient marqué de son empreinte profonde son caractère. Autour de sa personne, flottait discrètement une atmosphère de souriant héroïsme. On en aurait fait un martyr. C'est exactement ce qu'il réalisa en trop peu de temps.

Prêtre à Chevilly le 6 octobre 1935, il reçut l'année suivante son obédience pour Madagascar. Mgr Friteau l'accueillit à Diégo-Suarez le 29 octobre 1936. Vicaire à la cathédrale et économe de la communauté, il s'initia à la langue et à l'exercice de la prédication. Il se donna à ces fonctions de toute son âme. Comme d'habitude son estomac se montrait susceptible, et la fièvre le visitait parfois, mais à ses yeux cela ne comptait pas ; son attitude extérieure manifestait toujours humeur égale et extrême douceur.

Neuf mois après, grande joie, il est affecté en brousse, à Ambilobé à 138 kilomètres de Diégo. "A Ambilobé, on chante, et on chante très bien. On ne connaît pas en France cette piété, ce recueillement, cette harmonie très douce, cette voix de tout un peuple qui prie ensemble". Pour construire, il faut du matériel et le jeune missionnaire se fait briquetier. Mais pour construire, il faut surtout des ressources, et pour se les procurer le Père se fait écrivain, et rédige des articles dans les revues missionnaires.

Grâce à son application, il parvient en quelques mois à prêcher, à confesser et à faire le catéchisme en malgache. Le P. Vogel, supérieur d'Ambilobé lui confie la région de Marivorahona comme champ d'apostolat. Il peut y aller àbicyclette et revenir le soir à Ambilobé. Pendant les mois juin-juillet, nous trouvons notre missionnaire à Vohémar pour un intérirn. Dans la solitude de ce poste avancé, il se sent plus près de Dieu.

Avec une énergie surhumaine, le P. Boux de Casson alla jusqu'à l'extrême limite de ses forces. Mais arriva le jour où son corps haletant refusa ses services. Dans la semaine du 4 au 11 septembre une crise d'épuisement général se déclarait. Le malade fut transporté à Diégo et hospitalisé d'urgence.

Le 4 novembre, il était rapatrié sanitaire, regretté de ses chers Malgaches, àce point que son évêque écrivait à sa famille : "Sans faire injure à personne, en mes quarante ans de mission, je n'ai jamais vu un missionnaire laisser un tel souvenir." Hospitalisé à l'hôpital Saint-Joseph, veillé par sa mère, Louis de Casson est mort à 29 ans le 8 décembre 1939, en la fête de la Vierge Marie, sa maman du ciel. Le 10 décembre, en la fête de N.D. de Lorette, la dépouille mortelle fut inhumée à Chevilly.

"Si le grain de froment tombe en terre meurt, il rapporte beaucoup de fruits." Ainsi font tous les saints, avec la grâce de Dieu.

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