Le Père Joseph BRACQUEMOND décédé à Chevilly le 24 février 1998, âgé de 58 ans.

Né: 15.06.39, Huisseau-sur-Mauves (45). Profès :30.10.59, Cellule. Prêtre 26.06.66, Chevilly.
AFFECTATIONS : CAMEROUN : Makak (67-7 1). FRANCE - Bletterans, surveillant et vicaire (72-76) Piré, supérieur (76-82) ; Meudon (82-83) aumônier, C" de Villevieux curé de paroisses (83-92). Forcalquier (04), aumônier (93-94); Chevilly, malade (94-98).

Trois des huit enfants de la famille Bracquemond se sont orientés vers la vie religieuse et missionnaire : Marcel et Joseph : spiritains, Marie : Sœur blanche de N.-D. d'Afrique. Joseph, quant à lui, fit des études fermes et paisibles à Langonnet et Saint-Ilan. Jeune religieux, il partit en coopération, au petit séminaire de Ziguinchor. Pendant toutes ses années de formation, on note, malgré sa timidité, une grande force de caractère, son dévouement, sa profondeur spirituelle, et aussi son humour et son esprit caustique.

Sa première affectation le conduira au Cameroun, à Makak, où il ne restera que quatre ans : sa santé est compromise par les manifestations de l'acromégalie, maladie peu fréquente, qui hypertrophie les extrémités (tête mains, pieds ... ). Son long calvaire commence en 1971. Il pense d'abord qu'après six mois de soins, les médecins le laisseront repartir, mais il réalise assez vite que sa maladie est incurable et il exprime son "ras le bol" des hôpitaux : « Déjà 70 jours d'hôpital, le temps de l'exil en raccourci 1 ». En 1972, affecté à Bletterans, il sera curé de Nance et Cosges qui, en 1977, feront partie du secteur pastoral confié à la nouvelle communauté de Villevieux. Je puis donc affirmer d'expérience - c'est dans mon pays - que, malgré sa maladie, il a eu un impact très fort.

En 1976, c'est la fermeture de Bletterans. Il comprend cette décision tout en émettant des regrets. Il deviendra alors supérieur de Piré de 1976 à 1982. Après un court passage dans I'Oeuvre d'Auteuil (Meudon) il retrouvera le Jura avec joie : il est nommé curé de mon village natal, Les Deux-Fays, puis de quatre autres paroisses. « Le Père Joseph avait deux passions : le service de Dieu et la volonté d'être à l'écoute de tous, et plus particu­lièrement de ceux qui souffraient dans leur cœur, leur isolement et leur chair. N'était-il pas frappé lui-même d'une terrible maladie, qu'il savait incurable ? ... Il était d'une grande simplicité. Il ne faisait pas de grands discours, mais il savait trouver le mot juste. On sentait en lui un homme de prière, un cœur désencombré où Dieu avait toute sa place. Tous ceux qu'il accueillait au presbytère étaient frappés par la sobriété de son mobilier. Il offrait tout ce qu'il avait de meilleur. On n'oubliera pas ses mois d'humour et son bon rire sonore qui nous réchauffait » (Bulletin paroissial).

Mais la fatigue l'épuise, il entre à l'hôpital, paralysé. En 1992, il va se reposer chez les Sœurs Trinitaires de Forcalquier (04), où il tient le rôle d'aumônier pendant quelques mois, avant son retour définitif à Chevilly, en juillet 1994.

« Joseph faisait l'admiration de tous : il ne se plaignait jamais, et avait toujours un mot aimable quand on le visitait. La semaine dernière, il me dit :"Je ne peux même plus prier" !. Je lui répliquai : "Tu peux encore offrir". Il m'a répondu : "Oui (P. Blier, aux obsèques). Il s'éteindra à bout de force le 24 février 1998.
P. Dominique RAMAUX

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