Le Père Eugène BRAND,
décédé à Bordeaux, le 1er mars 1894,
à l'âge de 25 ans.


Né le 8 juillet 1868, à Vouvray (Haute-Savoie), c'est à l'occasion du passage du T. R. Père en Savoie et de la conférence qu'il y fit, au séminaire de La Roche, que l'élève Eugène Brand eut la pensée de se consacrer à la vie religieuse. Admis à Chevilly le 5 octobre 1886, il n'avait que des notes excellentes à emporter au noviciat, où il passa l'année scolaire 1890-1891. Sa demande d'admission à la profession n'était point banale. Il y citait, à propos de vocation, très habilement saint François de Sales, et démontrait avec verve que les missions étaient faites pour lui ou que, du moins, il était fait pour les missions.

Après l'émission de ses vœux, ayant la poitrine, hélas, déjà atteinte, il recevait son obédience pour le Congo français, et commençait l'exercice de son zèle dans l'humble communauté de Saint-Benoît-Joseph-Labre, à Sette-Cama.

Tandis qu'il faisait avec ardeur l'œuvre de Dieu auprès des âmes, le mal inexorable accomplissait aussi la sienne. Deux ans exactement après son arrivée, l'obéissance l'obligeait à suspendre ses travaux et à venir redemander au climat de la France une santé bien compromise.

A son arrivée à Bordeaux, le P. Brand, qui s'était arrêté chez nos Pères, avait commencé à négocier une fugue au pays natal. Le bon Dieu ne devait pas lui en laisser le temps, ne voulant plus lui donner que dix jours de vie.

Nous avons, sur la dernière étape du cher Père, d'intéressantes lignes qu'a transmises le P. Mauger et que nous transcrivons textuellement : « Le cher P. Brand est arrivé dans la communauté de Bordeaux le 20 février : il paraissait bien fatigué et devait à une énergie très grande de ne point laisser paraître la gravité du mal dont il était atteint.

Après trois jours de repos, le médecin appelé reconnut immédiatement l'imminence du danger et s'opposa carrément à la réalisation d'un séjour en Savoie ; tout ce qu'il crut pouvoir permettre, c'était de tenter un voyage à Paris effectué par une journée de temps sec et un peu chaud. “ Ce missionnaire peut mourir d'un instant à un autre, ajouta-t-il; comme aussi, son mal peut traîner en longueur. Mais ne soyez pas étonné de le trouver mort dans son lit : la poitrine est vide ! ” »

Le matin de sa mort, le préfet de santé, son confesseur, lui avait défendu le bréviaire ; le cher malade avait obéi ; mais dès qu'il fut levé, il prit son chapelet, le récita, le garda entre ses doigts, ne le quitta pas, et on peut dire qu'il est mort en le récitant. -
BG, t. 17, p. 218.

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