Le Père Louis BRANGERS,
1875-1958


Le P. Brangers naquit le 30 décembre 1875 à Hongschoote, non loin de Dunkerque. Ses parents étant de condition modeste, l'enfant, à peine ses études primaires achevées, dut se mettre en service comme domestique dans un collège du Nord. C'est là qu'un prêtre lui suggera sa vocation et lui donna ses premières leçons de latin. Tardif à inaugurer ses études secondaires, il n'atteignit le sacerdoce qu'à l'âge de 30 ans, le 28 octobre 1905.

A la consécration apostolique de 1906, le P. Brangers reçut son obédience pour le Katanga (Congo belge), le secteur le plus lointain en Afrique des Pères du Saint-Esprit. Il fit partie de la première équipe qui fonda la mission de Kongolo (Kongolo où, le 1er janvier 1962, furent massacrés 20 spiritains belges). A cette école du Katanga, le P. Brangers reçut une formation très rude, qui fera de lui un missionnaire peu porté à la vie douillette et aux ménagements. Il y aura appris tous les métiers : briquetier, tuilier, scieur de long, charpentier, maçon, ou même cordonnier. La chasse heureusement améliorait la qualité des repas. Mais quoi qu'il en soit du genre de vie, la communauté suivait scrupuleusement sa règle religieuse.

Survint la guerre de 1914. Le P. Brangers fut mobilisé comme tous les religieux français. Il resta en garnison à Dunkerque, non loin de ses vieux parents qui habitaient un village où l'on entendait le canon. En 1916, Mgr Le Roy, supérieur général, fut sollicité par le ministère des colonies de vouloir bien envoyer d'urgence au Cameroun, quelques missionnaires capables de remplacer les Pères allemands enfermés dans un camp de concentration. Les cinq confrères choisis arrivèrent ensemble à Douala; certains s'établirent à Marienberg, les PP. Brangers et Malessard montèrent jusqu'à Yaoundé, à la mission de Mvolyé. Le P. Brangers restera supérieur de cette mission centrale jusqu'en 1940. Il y donnera sa pleine mesure, dirigeant à la fois le spirituel et le temporel, et le rythme était intensif dans les deux secteurs. Il assurait personnellement le ministère audelà de la Sanaga et du Mbam, dans le pays des Bafia, Yambasa, Yambeta, Banen. Les catéchistes étaient nombreux et il fallait les visiter au moins une fois par an. Il faisait des tournées de 3 à 4 semaines, monté sur un petit étalon de couleur bai-brun, du nom de Rougeaud, très doux et docile.

Mgr Vogt arriva au Cameroun en 1922 et fixa sa résidence à Mvolyé. Le nouvel évêque sut mener à bien le grand courant d'évangélisation déjà entrepris. Commencée fin 1924, l'église neuve se trou va prête pour une première messe célébrée par le P. Brangers le 16 mars 1927. La consécration solennelle sera célébrée le 22 août de la même année.

En 1940, le P. Brangers, âgé de 65 ans, laissa la place au Père Bonneau supérieur principal du district. Affecté à la grande mission d'Efok, il y pris la seconde place avec son courage habituel. En vieillissant il abandonna les tournées, et garda le ministère ordinaire au centre de la mission. L'une de ses dernières besognes, à l'âge de 80 ans passés, fut d'aménager un puits à l'usage des Frères des Écoles Chrétiennes d'Efok. Sa santé fit, durant de longues années, l'admiration de tous ses confrères ... jusqu'au jour du dimanche 13 avril 1958 où il éprouva une grande difficulté à dire la messe. Il se coucha et tomba dans une espèce de torpeur. Mgr Graffin lui offrit de recevoir l'extrême-onction, il répondit lui-même aux prières. A partir de ce jour, il se prépara soigneusement à la mort qu'il sentait proche. Ce fut le 22 avril. Décédé à 82 ans, il eut de très belles funérailles à l'église de Mvolyé. On le conduisit au cimetière pour le placer auprès de Mgr Vogt, au chant de l'antienne : In Paradisum, deducant te angeli...

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