Le Père Jean CARDINAL,
1891-1947


Fils de Laurent Cardinal et d'Honorine Marc, Jean François naquit le 6 octobre 1891 au village de Lavallot dans la commune de Guipavas. Il fit ses classes primaires à Guipavas, ses études secondaires à Lesneven et obtint son baccalauréat ès lettres.

Venu à Chevilly, il y fit son noviciat et prononça ses premiers vœux le 28 octobre 1911. Il commença alors sa préparation en vue du sacerdoce, mais dut accomplir son service militaire en 1912-1913. Le Père Berthet, directeur de Chevilly, note à son sujet: "Parti pour le service en octobre 1912, s'y est comporté de manière très fidèle à sa vocation. A fait du bien autour de lui. Très attaché à sa congrégation, n'a cessé de travailler intelligemment à son recrutement. vraiment apostolique." Mobilisé pour la guerre, le P. Berthet disait de lui en décembre 1914: "A la guerre il s'est révélé plein de foi et de courage. Il envisage les dangers et les sacrifices avec une sérénité toute surnaturelle."

Le 12 novembre 1915, un aumônier militaire écrivait au Père Benoît, supérieur provincial : " Je passais hier dans les tranchées, quand on apporte sur un brancard un sergent qui venait d'être grièvement blessé à la tête d'un éclat d'obus ; il ne pouvait parler ; comme je lui suggérais quelques pieuses pensées et l'invitais à faire un acte de contrition, "Oh, celui-là, dit un des brancardiers qui le portaient, c'est un vrai petit saint !" J'appris alors que ce blessé était novice du Saint-Esprit, du nom de Cardinal, très aimé de tous et considéré comme un type accompli de religieux-soldat."

Le 16 novembre, l'aumônier écrivait : "On considère le cher blessé comme sauvé. Son casque l'a préservé d'un coup qui sans lui eut été mortel, l'opération du trépan a très bien réussi. Hier déjà, le blessé avait reconnu un de ses camarades venu pour le voir, mais le délire l'avait bientôt repris ; aujourd'hui au contraire, comme je lui parlais de Chevilly et lui citais quelques noms de Pères que j'ai l'honneur de connaître, il m'a parlé de lui-même du Père Berthet, et de vous, mon Révérend Père. Il m'a chargé de vous rassurer, de vous dire qu'il serait bientôt guéri ; puis il s'est assoupi ; mais ses infirmiers, deux prêtres de Quimper qui le soignent admirablement, étaient tout heureux de voir que la mémoire lui revenait."

Le sergent Cardinal fut cité à l'ordre de la Division "Excellent sous-officier, très courageux, toujours volontaire pour les missions périlleuses. Chargé des travaux de défense du secteur de sa compagnie, a été blessé très grièvement au moment où il visitait un endroit particulièrement dangereux." La médaille militaire lui fut accordée. Réformé n° 1, il revint à Chevilly poursuivre sa préparation au sacerdoce et à la vie religieuse dans les communautés.

Il réussit cet effort de réadaptation, et fut ordonné prêtre le 19 avril 1919. Désireux d'assumer sa vocation missionnaire, il obtint de rejoindre le Gabon en novembre 1919. Sa santé ne lui permit que de séjourner un an à Donghila. Revenu en France, il accepta volontiers d'assurer le ministère sacerdotal à St-Pierre-et-Miquelon, et y séjourna douze années, de 1922 à 1934. Après un congé et des soins médicaux à Brest, il fut affecté à la communauté de Bordeaux. Affecté au Foyer du Marin, il y assura durant quatre ans le service spirituel des marins, milieu particulier qu'il avait déjà connu et aimé à St-Pierre-et-Miquelon.

Malgré son désir de mission lointaine, sa santé ne lui permit plus de quitter la France. Revenu à Chevilly, il eut une syncope au moment de célébrer la messe, le 4 novembre 1946. Son organisme usé par les violences de la guerre et l'ardeur au travail, fit tomber sa tension dangereusement. Le 9 février 1947, le Frère infirmier le trouva inanimé : son cœur s'était arrêté, pour lui permettre de rejoindre le Seigneur bien-aimé auquel il avait consacré toute sa vie.

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