Mgr Hippolyte CARRIE,
décédé à Loango, le 13 octobre 1904,
à l'âge de 62 ans.


Hippolyte Carrie né à Proprières (diocèse de Lyon), le 10 février 1842, fit ses études secondaires au petit séminaire de Saint-Jodard et passa ensuite au grand séminaire de Lyon. Attiré vers les missions, il avait à craindre des difficultés de la part de sa famille. Une fois sa résolution prise, il voulut la mettre à exécution sans rien dire à personne. Un soir on ne le vit pas revenir à la maison et sa mère fut, pendant plusieurs jours en proie à de vives inquiétudes. Une lettre enfin arrivée de Paris, apprit à sa famille que l'abbé Carrie était entré au séminaire des Missions de la congrégation du Saint-Esprit, à Chevilly.

Le 15 juin 1867 il est ordonné prêtre et il fait profession le 25 août de la même année. Il reçoit alors son obédience pour Santarem, au Portugal, où la congrégation venait de commencer dans cette ville, sous le nom de Séminaire du Congo, un établissement en vue de l'évangélisation des colonies portugaises.

Deux ans plus tard, il quitte Lisbonne avec le P. Dhyèvre et le 7 décembre 1869, tous deux parviennent à Luanda. mais, par suite de diverses difficultés, ils se voient réduits à l'inaction. Ils rentrent en France après avoir procédé à un court voyage d'exploration à Landana, au nord de l'estuaire du Congo.

De janvier à septembre 1871, le P. Carrie est chargé provisoirement de la classe de troisième à l'école apostolique de Langonnet, tout en se préparant à repartir.

Il quitte Lisbonne le 17 octobre 1871, passe à Libreville, mais ne s'y arrête pas et parvient à Landana le 12 novembre. Reprenant le voyage d'exploration ébauché l'année précédente, il visite Banane, divers points de la côte et l'estuaire du Congo. À la suite des informations qu'il fait parvenir à la maison mère, le P. Duparquet est nommé préfet apostolique du Congo est envoyé pour fonder la mission de Landana et s'embarque le 31 juillet 1873 à Liverpool, avec le F. Fortunat Engel. Ils rejoignent le P. Carrie au Gabon et le 9 septembre la nouvelle communauté s'installe à Landana. Le P. Carrie est chargé de l'économat, des catéchismes et du ministère paroissial. Toute en faisant face à ces multiples fonctions, il trouve le temps de préparer un dictionnaire français-cacongo.

Quand le P. Duparquet va fonder une nouvelle mission en Cimbébasie, le P. Carrie est chargé à sa place de la préfecture apostolique du Congo. En 1880, il crée la station Notre-Dame des Victoires, à Boma (dans l'estuaire du Congo) et, l'année suivante, il essaie de relever l'ancienne mission de Saint-Antoine, (à l'embouchure du Congo), abandonnée depuis le départ des religieux capucins. En 1883, il fonde celle de Loango.

À la suite du passage à Landana, en 1880, de Savorgnan de Brazza de retour de son expédition au Stanley-Pool, le P. Carrie y envoie le P. Prosper Augouard ; ce voyage est à l'origine de la fondation de la mission de Linzolo, en septembre 1883.

Par le décret du 28 mai 1886, la S.C. de la Propagande crée le vicariat apostolique du Congo français et Mgr Hippolyte Carrie en devient le premier titulaire, avec son siège à Loango. Landana reste le chef-lieu (plus tard transféré à Boma) de la préfecture apostolique du Bas-Congo.

Le 24 octobre 1886, le nouveau prélat reçoit la consécration épiscopale dans la chapelle de la maison mère de la congrégation du Saint-Esprit, à Paris, des mains de Mgr Richard, archevêque de Paris, assisté de Mgr de Briey, évêque de Meaux et de Mgr Duboin, ancien vicaire apostolique de Sénégambie.

Le 27 décembre, Mgr Carrie est de retour à Loango. Son épiscopat va durer dix-huit ans, pendant lesquels son activité se dépensera sans repos ni trêve, soit dans le ministère, soit dans l'administration de son diocèse. Durant les premières années surtout, ses voyages se suivent, presque ininterrompus, pour préparer ou visiter les stations de Linzolo, de Mayumba, puis de Sette-Cama, de Bouenza et de Boudianga. Et ces voyages, il les faisait le plus souvent à pied, malgré ses grandes fatigues.

En 1890, Rome décide de diviser le vicariat apostolique du Congo français en créant le vicariat apostolique de l’Oubangui, confié à Mgr Augouard, avec Brazzaville comme chef-lieu.

Dès le commencement de son épiscopat, Mgr Carrie avait eu à cœur de préparer et de former des auxiliaires indigènes, clercs, frères et catéchistes, qui pourraient aider les missionnaires européens et étendre leur action. C'est ainsi qu'il crée un petit et un grand séminaire, un noviciat de frères et des écoles pour la formation de catéchistes instituteurs. Ces œuvres importantes, il les soutiendra jusqu'au bout, sans se laisser décourager par les défections et les autres obstacles. Ses efforts n'ont pas été stériles : il a eu la consolation d'imposer les mains à trois prêtres indigènes, sans parler de plusieurs clercs morts avant d'arriver au sacerdoce et des frères ou des catéchistes formés dans la mission.

Simple et modeste, religieux observateur de la règle, missionnaire dévoué, Mgr Carrie n'avait en vue que la gloire de Dieu et le salut des âmes, sans aucune recherche personnelle. Bien souvent il s'est vu, dans ses maladies et ses courses, à deux doigts de la mort ; il ne s'en laissait pas effrayer. Soucieux du bon emploi des allocations de la Propagation de la Foi, qui sont les deniers de la charité, il visait en tout à la plus stricte économie, et donnait le premier, à tous, l'exemple du travail, de la mortification et du renoncement.

Cependant, le pieux et vaillant évêque commençait à sentir plus lourdement le poids de ses 36 ans de mission. Le 24 mars 1902, il est pris de violentes convulsions et condamné à un repos absolu. C'était, de l'avis des médecins, une méningite chronique. Il revient alors en France, mais, après un court séjour à la maison mère, puis à Misserghin, il se décide à repartir pour Loango, le 22 décembre de la même année.

Ses forces le trahissent ; il remet ses fonctions entre les mains du P. Jean Dérouet, désigné par le Saint-Siège pour le remplacer. Il continue cependant à édifier ses confrères par sa constante régularité. Chaque jour il fait les plus grands efforts pour célébrer le saint sacrifice, mais, à partir du 4 septembre 1904, il doit y renoncer et se met au lit pour ne plus se relever. Le jeudi 13 octobre, vers 6 heures du soir, le vénéré prélat rend paisiblement son âme au Seigneur, à l'âge de 62 ans, après un épiscopat de 18 ans. -
BG, t. 23, p. 128.

Voir Jean DELCOURT, Au Congo avec Brazza et Stanley, Imprimerie Saint-Paul, Versailles, 1993, 188 p.

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