Le Père Louis CLERC
décédé en Haute-Sanaga dans un accident de voiture,
le 30 septembrel979, à l'âge de 54 ans


Louis CLERC est né le 9 juillet 1925, aîné de dix enfants, à Saint-Pierre d'Albigny, dans le diocèse de Chambéry. Ordonné prêtre à Chevilly en 1953, il est nommé au Cameroun, en 1954, à la Mission de Nkol-Ve. Il travaillera aussi à Akonc, Evodula, Nkol-Mebanga. Après quelques années passées à Lyon en recyclage d'abord, puis au travail près des migrants, il repart au Cameroun où il est affecté à la Mission de Bibé. C'est là que le Seigneur est venu le chercher.

« En Louis, je vois un confrère qui n'a rien fait exactement comme tout le monde, que ce fut dans son apostolat ou en liturgie, dans ses rapports humains ou envers lui-même, nous écrit le Père AMAN, son Supérieur Principal. Fantaisie, radicalisme, naïveté volontaire, oubli de soi jusqu'à l'imprudence ou la négligence (il savait pourtant aussi se reposer parfois) ; pour tout cela notre jugement humain l'a quelquefois condamné... mais un regard de Foi peut aussi y voir de bien purs traits de Jésus, celui en tout cas de la pauvreté de son cœur et de son amour pour les plus pauvres. »

Louis a été marqué pendant toute sa vie par la souffrance : souffrance physique. Il a été gravement malade de l'estomac et a dû subir deux interventions coup sur coup. Mais aussi souffrance morale, inévitable quand on est et quand on agit comme Louis. Il faut souligner ici une qualité de souffrance particulière : Louis souffrait avec les autres, il parti­cipait vraiment à leur souffrance, celle des humbles, des petits, des sans-nom et des sans­ ogis, comme il s'en trouve beaucoup dans notre monde. Combien de fois n'a-t-il pas porté cette souffrance des autres dont il souffrait, à l'Eucharistie du soir, lorsqu'il se trouvait à Lyon. Parfois aussi, n'y tenant plus, il a laissé éclater sa colère, parce que cela lui semblait trop injuste.

Sa proximité des petits, des humbles, des marginaux était remarquable. Il ne se contentait pas d'aller les voir chez eux, Certains d'entre eux n'avaient pas de chez-eux. Alors il leur ouvrait toute grande la porte de la communauté, pour leur offrir une place au sec et au chaud, un lit et un couvert, mais surtout un cœur débordant de sympathie et d'amitié. Faut-il mentionner qu'il a mis à rude épreuve les confrères de la communauté de Lyon, en agissant ainsi. Certes oui, mais il leur a donné un bel exemple, dans le sens le plus évangélique du terme. « Je vous ai donné l'exemple, a dit le Maître, après avoir lavé les pieds de ses Apôtres. » - Louis est l'image de Celui qui a voulu être vraiment le « Serviteur ». Ce n'est pas exagéré de le dire.
P. Martin GROFF.

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