Le Père Yves COGNEAU,
1898-1963


Notre confrère est né, à Fougères, le 27 juillet 1898, de Théodore Cogneau et de Marie Pédron : excellente famille chrétienne qui compta 3 garçons et sept filles ; plusieurs filles entrèrent en religion et deux des frères devinrent religieux-prêtres ; et l'oncle Auguste Cogneau fut ordonné évêque auxiliaire de l'évêque de Quimper le 24 août 1933.

Durant ses études au petit séminaire de Châteaugiron, le jeune Yves Cogneau se manifesta, selon le témoignage du directeur de l'établissement : comme un élève très intelligent, d'une intelligence dépassant de beaucoup la moyenne des élèves notés comme intelligents ; mais durant sa crise de puberté causa les plus vives inquiétudes par son orgueil et son esprit frondeur. Par contre, le ler janvier 1916, à la suite d'une retraite, ce fut une volte-face soudaine et complète, qui persista jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Le 21 septembre suivant, sa mère écrivait au supérieur de Langonnet: " Yves vient de nous quitter pour se rendre à Quimper et de là à Langonnet où il pense arriver samedi midi. Nous vous remettons avec bonheur et confiance l'enfant que le bon Dieu nous demande. J'espère que guidé par vous, il s'affermira dans sa vocation, et qu'il réalisera les vues que le bon Dieu a sur lui."

Le Père Cogneau sera, en effet, un saint religieux, et un excellent professeur, maîtrisant avec la grâce de Dieu la grandeur et les contradictions de sa riche nature. Le missionnaire, licencié ès lettres, qui désirait et demandait le champ apostolique de l'Afrique Noire , sut accepter de se consacrer à la formation littéraire et chrétienne des jeunes gens qui lui furent confiés comme professeur dans les écoles de la congrégation :

- à Cellule (Puy-de-Dôme) de 1928 à 1941, comme professeur de troisième puis de seconde.
- à Allex (Drôme) en 1941-42, professeur de première.
- à Saint-Ilan (Côtes d'Armor), professeur de première de 1942 à 1962.

En 1962, il dut subir une opération importante de l'estomac. L'amélioration ainsi apportée lui donna la possibilité d'accepter alors un cours spécial de vocations tardives. Le 15 janvier 1963 il écrivait : "Pour le moment, je suis heureux : je ne puis plus songer à porter le poids d'une classe, mais ici il faut toujours quelqu'un pour prendre en main des élèves qui ont besoin d'être initiés au latin ou d'être renfloués". Exactement le genre de travail qui me convient : c'est intéressant pour un vieux professeur comme moi ; c'est utile puisque ce sont des vocations qui sont en jeu et ce n'est pas un travail qui dépasse mes forces. Aussi est-ce avec joie qu'après avoir été condamné à l'inaction après mon opération, j'ai pris en main trois vocations tardives, deux Suisses (25 ans et 23 ans) et un Breton (23 ans) qui revient d'Algérie. Nous fonçons dans les déclinaisons et les conjugaisons et tout le monde est enchanté, le professeur comme les élèves."

Le 8 octobre 1963, le Père Yves Cogneau, universellement regretté par ses nombreux élèves, s'envolait, à 65 ans, sur les ailes des anges pour chanter et magnifier les paroles éternelles de la divinité.

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