P. Benoît COURTINE
Décédé à New-Grove (île Maurice) le 2 avril 1912
Notices Biographiques Volume I p. 225


né à St Bonnet-le-Chastel, Puy-de-dôme, diocèse de Clermont-Ferrand, le 19/07/1861 ; premiers vœux à Grignon, le 15/08/1890 ; diacre à Chevilly, le 14/07/1889 ; prêtre à Grignon, le 28/10/1889 ; il a travaillé à Maurice du 10/11/1891 à sa mort ; il est enterré à Ste Croix ; décédé à Maurice le 02/04/1912, à l’âge de 50 ans, après 21 ans de profession .

Son Enfance . sa Vocation
Benoît Courtine naquit le 29 juillet 1861 à Saint-Bonnet-Le-Chastel, au Diocède de Clermont, qui a donné à la Congrégation tant de vaillants missionnaires . Ses pieux parents étaient cultivateurs ; et vivaient dans une honnête aisance . Il avait un frère et deux sœurs, dont il était l’aîné . Une de ses sœurs entendit comme lui l’appel divin, et se consacra à Dieu, sous le nom de Sœur Scolastique, dans la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny .

Le jeune Benoît fit ses premières études à Chaspol, chez l'instituteur de cette commune . Ce fut avec une grande avidité qu'il suivit ses leçons jusqu'à l'âge de 16 ans . L'abbé Besset, ancien élève de notre maison de Cellule, lui donna les premières leçons de latin . En 1879, il le fit admettre à Beauvais . Le Père Limbour, fondateur de l'œuvre des Petits Clercs de Saint Joseph, le voyant fermement décidé à se faire missionnaire et à entrer dans notre Institut, l'envoya, le 1° octobre 1881, au petit scoIasticat de St-Sauveur à Cellule .

Sa Formation Religieuse
« Me voici donc scolastique, dit-il, quel bonheur pour moi ! Les obligations que m'impose le saint état dans lequel je vais entrer, sont nombreuses ; mais avec la grâce de Dieu, j’espère bien les remplir toujours et de mieux en mieux ; je ferai tous mes efforts pour tâcher de me rendre digne de ma belle vocation. »

Au scolasticat, Benoît sut se montrer d'une grande affabilité envers tous . Ses condisciples l'aimaient pour son caractère loyal et sa bonne humeur . Il se fait remarquer par son bon esprit, son amour de la règle .

Il fait plus ample connaissance avec la Congrégation ; en devenir un membre est l'objet de ses plus ardents désirs . Il passa quatre années au petit scolasticat, aussi agréables que paisibles, et fut admis à l'oblation le 18 mars 1882 .

Il entra au grand scolasticat de Chevilly, et y passa les quatre années réglementaires . Par ailleurs, il put jouir régulièrement des joies apportées par là réception des Saints Ordres, durant le cours de ses études théologiques .

Sa Profession – Le Professeur
« Quoiqu'il en soit, dit-il, je suis Prêtre, j'en remercie le Bon Dieu de toute mon âme . Je conserve bien profondément gravé dans mon cœur, le souvenir de la dette de reconnaissance que j'ai contractée envers tous ceux qui ont été les instruments des divines miséricordes à mon égard . » Mais pour compléter son holocauste, il lui restait une faveur à demander, c'était celle de faire la profession religieuse dans la Congrégation . Il y avait huit années qu'elle était devenue pour lui une seconde mère . Du reste, il était bien résolu à se dépenser, jusqu'à la fin, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes confiées à la Congrégation . Il était persuadé que c'était bien là que Dieu le voulait . Il fit sa profession à Grignon le 15 août 1890 ; Le nouveau profès, désireux d'aller en Mission, reçut son obédience pour Cellule . Deux années après, il était placé à Mesnières . C'est là qu'il renouvela ses vœux pour 5 ans . En octobre 1893, il est à Merville, puis l’année suivante, il est placé à Beauvais . En 1896, il est à N.-D. de Langonnet .

Le Missionnaire – N.D. de Mahébourg
Le 10 novembre 1900, le Père Courtine s'embarque à Marseille pour l’île Maurice, et reçoit son obédience pour Notre-Dame de Mahebourg . « Mes vœux de cinq ans touchent à leur fin, écrit-il alors, au Très Révérend Père, je n'ai jamais mieux travaillé, je n’ai jamais été plus heureux . Je viens donc vous demander la permission de me rengager pour cinq ans, au moins, dans le régiment apostolique dont vous êtes le vaillant Général . Je suis bien content de mes petits galons de missionnaire à Maurice, et je n'ai qu'un désir, celui de me rendre de plus en plus digne de ma vocation . » Il est admis à les renouveler encore pour cinq années .

L'église paroissiale de Notre-Dame de Mahébourg avait alors pour curé, depuis 18 ans, le R P. Ditner . Elle embrasse tout le district du Grand-Port, c’est-à-dire une étendue de 24 kilomètres de long, sur 18 de large . L'élément catholique se composait de créole de toutes nuances . Il y avait, parmi les ouailles, des Indiens et quelques Chinois . Rien de plus intéressant que d'entendre réciter le catéchisme par ces petits chinois et ces jeunes indiennes ayant le nez et les oreilles ornés d’anneaux et de bijoux .

En divers endroits de la paroisse, il y a des annexes ou chapelles de quartier, dont les Pères se partageaient le service . Le brave Père Béchet, malgré ses 76 années, desservait Ies chapelles de Saint-Patrice et de Saint-François-Xavier . Le P. Binger était pro-curé de Notre-Dame du Refuge, à New-Grove . Les Chapelles Saint-Henri, Notre-Dame de Bon-Secours, Sacré-Cœur, Sainte-Elisabeth, n'avaient la Messe qu'une fois par semaine ; car le cher P. Courtine, qui les desservait, remplissait en même temps les fonctions de vicaire à N. D. de Mahébourg . Les sacrements étaient généralement bien fréquentés par les fidèles, aussi à l’occasion des grandes fêtes, la besogne était-elle assez lourde . Plusieurs associations, établies dans la paroisse, avaient leurs réunions particulières : la Confrérie du Saint-Cœur de Marie, tous les premiers vendredis du mois ; l'Apostolat de la Prière, Ie Tiers-Ordre de Saint-François, tous les mois ; la Congrégation les Enfants de Marie, tous les troisièmes dimanches .

Les aspirations du missionnaire étaient satisfaites : il avait des âmes à évangéliser .

Saint-François-Xavier.
En 1903, l'obéissance l'envoyait combattre sur un nouveau champ d'apostolat . Saint François-Xavier était son patron de religion ; il est nommé Vicaire à Port-Louis, même nom, où le ministère est intense .

La population de Saint-François-Xavier se compose de Malais, de Mozambiques et de Malgaches . Vivant au jour le jour, sans souci du lendemain, incapables de conserver le plus modeste lopin de terre, décimés par les fièvres et les épidémies, émigrant de rue en rue, de case en case, ces pauvres Noirs sont par leur faute, à la merci des gros négociants musulmans de Bombay et de Calcutta, devenus propriétaires de la plus grande partie des immeubles de Port-Louis et détenteurs du double monopole du riz et du sucre .

La population indienne, paisible et laborieuse figure pour un tiers dans le nombre des paroissiens . C'est sur eux que les Pères fondent leurs plus sérieuses espérances pour l'avenir .

Le quartier Saint-François-Xavier compte une population d’environ 12.000 catholiques, créoles ou indiens . Le P. Lescure était attaché depuis de longues années à la paroisse, et avait su se concilier l’estime de tous les habitants du faubourg de l’Est . Le P. Courtine fut son bras droit . Il devint manager des écoles, directeur de la Congrégation des Enfants de Marie et de la Garde d’Honneur, économe de la Communauté . Le ministère paroissial laissait donc peu de loisir aux Pères . A tour de rôle, ils étaient de semaine à l’église pour les baptêmes, les mariages et les enterrements ; de semaine pour la visite des malades ; de semaine pour le service du couvent de la Réparation .

Il y avait sur la paroisse 6 écoles catholiques ayant un même programme déterminé par le directeur de l’Instruction Publique, trois écoles dites du Gouvernement, et trois écoles dites subventionnées ; ces trois dernières sont dirigées par un Père . Manager ou directeur responsable, le P. Courtine s’appliqua, non sans difficulté à ces trois écoles des professeurs d’une réelle valeur ; voilà pourquoi aujourd’hui, les trois écoles du Gouvernement comptent environ 350 élèves, alors que les trois subventionnées réunissent environ 800 enfants .

N.-D. du Refuge à New-Grove
La maladie qui devait l’emporter, le minait déjà sourdement et il ne pouvait plus se dépenser, comme il le voulait, pour les âmes de cette populeuse paroisse . Il tomba malade . La convalescence est moins rapide qu’il ne croyait . Déjà il ne peut dormir que deux ou trois heures la nuit .

Il gagne les hauteurs de l’Ile . Le Père Supérieur l’envoit remplacer, pour quelques temps, à Souillac, le regretté P. Noly . Puis il fut placé à Notre-Dame du Refuge . La le ministère est plutôt de conservation que de propagation ; l’action apostolique est à peu près nulle sur les indiens, presque tous païens . Il est chargé de desservir la chapelle de St Patrice de la Plaine, et celles de l’Escalier et du Bouchon .

Saint-Patrice de la Plaine a son presbytère . Le vénéré P. Béchet, qui est mort à l’âge de 83 ans, n’avait eu pour logement qu’une petite dépendance de l’école . Le P. Noly, grâce à son énergie et aux dons des généreux propriétaires de l’endroit, a pu construire une bonne et agréable demeure . La famille Carré de Mon Désert, a cédé sur ses terres une parcelle plus que suffisante pour la nouvelle construction . La chapelle de l’Escalier, village à 5 milles de la station de la Plaine, a été remplacé par une belle construction en pierres . Elle est l’œuvre du P. Noly .

A la Plaine, le P. Courtine, toujours soucieux de l’éducation de la jeunesse, fit construire une grande maison à étage, qu’il ne put voir achever . Les Filles de Marie, qui s’occupent de l’école, habitent l’étage, et le rez-de-chaussée est destiné aux enfants .

Sa mort . – Le départ pour l’éternité .
Cette fois, c’était bien l’avertissement envoyé par le Maître au bon ouvrier de sa vigne, le prévenant que la fin de la journée de travail approchait . Pourle rendre digne d’entrer au ciel, la souffrance va s’abattre sur lui . Malade depuis plusieurs mois, le P. Courtine était préparé depuis longtemps . Joyeusement, il avait fait à Dieu le sacrifice de sa vie . Souvent pendant ces trois longs mois de souffrance, il avait demandé et obtenu qu’on lui récitât les belles prières des Agonisants . Une lésion cardiaque et la terrible maladie de Bright le mettait dans un tel état qu’il voyait souvent sa fin prochaine . Le manque de respiration était sa grande douleur . Grâce au médecin, au dévouement des Filles de Marie de New-Grove, grâce aussi aux soins vigilants du cher P. Fraisse et de son confrère, le P. Saint-Léger, la vie du cher malade fut prolongée de trois mois .

Avec quelle foi, avec quelle piété ardente, dans ces terribles crises, qui faisaient croire à une véritable agonie, il serrait entre ses doigts glacés le cher Crucifix de sa Profession et une image de N.D. des Sept Douleurs . Dieu a voulu lui ménager unelongue épreuve, pour lui permettre de s’assurer de vrais mérites pour le ciel . Les Filles de Marie ont fait une neuvaine à la petite Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour obtenir sa guérison, mais elle n’a pas voulu les exaucer . Dieu en avait décidé autrement . Dès le début de la maladie, le bon P. Rochette, le Suupérieur Principal des Pères de Maurice, avait songé à faire soigner le cher malade au sanatorium de la Neuville à Quatre-Bornes ; mais les médecins se sont opposé à un voyage de 26 milles .

Le 2 avril, à 10 heures du matin, le cher Père s’est éteint doucement, ayant près de lui les deux Pères de la Résidence et les Filles de Marie . Il est mort à New-Grove sur son champ de bataille, là où il s’était tant dépensé, pour le salut des âmes de la Plaine, de l’Escalier et du Bouchon . C’était en effet, un vaillant missionnaire, que la Mission de Maurice venait de perdre ; il se préoccupait moins de sa santé que du bien qu’il voulait réaliser dans le vaste quartier du Grand-Port, confié à son apostolat .

Son enterrement eut lieu au cimetière de Saint-Jean, le mercredi-saint 3 avril . Malgré le travail des confessions de ce jour, 16 prêtres se trouvaient présents avec l’Evêque du Diocèse de Port-Louis, Mgr Bilsborrow . Le nombre des fidèles étaient considérables . Le P. Courtine repose en attendant le grand jour de la résurrection générale, dans le caveau que le P. Haaby a fait construire pour les Missionnaires de la Congrégation, et où reposent déjà les PP. Jean Voegtli, Noly et Rocher .

Avant de mourir, il avait lui-même préparé quelques souvenirs qu’il destinait à sa mère . Hélas sa pieuse mère l’avait précédé dans la tombe le 1° mars .

Le P. Courtine avait 51 ans, il en a passé 31 ans dans la Congrégation, dont 21 ans et 7 mois de profession .
L. Allaire .

- Le Père Benoît COURTINE, 1861-1912
par le P. LE MAILLOUX

Benoît Courtine naquit le 29 juillet 1861 à Saint-Bonnet-le-Chastel, au diocèse de Clermont, qui a donné à la congrégation tant de vaillants missionnaires. Après l'école à Chaspol, l'abbé Besset, ancien élève de Cellule, lui donna les premières leçons de latin. En 1879, il le fit admettre à Beauvais ; il vint ensuite terminer ses études secondaires à Cellule. Au grand scolasticat, Benoît se fit aimer de tous par son caractère loyal et sa bonne humeur. Il se fit remarquer par son bon esprit et son amour de la règle.

Prêtre en 1889, profès en 1890, le P. Courtine eut deux champs d'apostolat : l'enseignement en France, et la pastorale missionnaire à l’île Maurice, dans l'Océan Indien. Désireux d'aller aux missions lointaines, il fut d'abord professeur en France, de 1890 à 1900 : tour à tour à Cellule, à Mesnières, à Merville, à Beauvais et à Langonnet.

Missionnaire à Maurice, il fut trois ans vicaire à N.D. de Mahébourg, et desservant des chapelles de St-Henri, de N.D..de Bon-Secours, du Sacré-Cœur et de Ste-Elisabeth. En 1903, il fut appelé à Port-Louis, la capitale, pour la paroisse de St-FrançoisXavier, quartier pauvre et difficile, comptant 12.000 catholiques, africains, malgaches et indiens. Le travail était intense. Quand il fut trop fatigué, il fut nommé dans les hauteurs, à N.D.du Refuge à New Growe. Là, le ministère est plutôt de conservation que de propagation. Il était chargé de desservir la chapelle de St-Patrice de la Plaine, et celles de l'Esclier et du Bouchon. Il fit construire une grande maison à étages pour les Filles de Marie et leur école. Mais il ne la vit pas terminée, la maladie du cœur et des reins le cloua sur son lit d'agonie, qui dura trois mois.

Le P. Courtine est décédé à 51 ans, le 2 avril 1912. Il repose au cimetière de St-Jean, dans le caveau des spiritains, où l'ont précédé les PP. Jean Vœgtli, Noly et Kocher.

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