Le Père Léonce CRETOIS
décédé à Dakar, le 30 juillet 1978, à l'âge de 68 ans


La première fois que je remarquai le Père CRETOIS, jeune théologien que j'étais, il faisait le « Salam » !... C'était au cours d'une répétition théâtrale, à l'époque où les scolastiques de Chevilly faisaient, entre autres choses, du théâtre... Léonce CRETOIS était tout à fait l'acteur qu'il fallait pour tenir le rôle d'un derviche en prière.

Né à Saint-Louis du Sénégal, le 12 janvier 1910, il commença ses études secondaires à Villedieu (Manche), pour les terminer à Allex. Il entre au Noviciat en 1930 à Orly où il fait profession le 8 septembre 1931, puis il suit la filière normale de la formation spiritaine de l'époque, à cette exception près, qu'il fut ordonné prêtre dans l'église de son baptême, la cathédrale de St-Louis (Sénégal), le 14 novembre 1937 et qu'il fit ensuite sa quatrième année de théologie dans la Mission de Diohine dont il devint vicaire en 1938.

C'est pendant son séjour à Diohine qu'il commence à s'intéresser à la langue Sérer. De 1938 à 1942, il est à Diourbel, puis à Kaolack jusqu'en 1955. Curé de M'Bour, en 1956 on le retrouve à Bambey, puis à Thiès de 1957 à 1963, année de sa résidence définitive à la Procure de Diocèse de Dakar où il est détaché pour la recherche scientifique. Le wolof et le français, ses deux langues maternelles, la connaissance parfaite du sérer faci­literont son action pastorale, plus spécialement pour les confessions. De santé fragile, souffrant depuis 1951 d'accès de goutte, il travaillait cependant beaucoup dans la solitude de sa chambre et, comme le chercheur habité par l'oeuvre qu'il voulait mener à son terme (son dictionnaire sérer), il vivait toujours un peu à part.

Il fut très encouragé par le Président Léopold Sédar Senghor à terminer cette oeuvre et à l'éditer (pour le moment elle n'est que ronéotypée), ouvrage « gigantesque (6 volumes très épais) d'une précision méticuleuse et de l'avis des spécialistes une, oeuvre inégalable ». Apôtre, linguiste éminent, le Père CRETOIS se révéla aussi un sourcier efficace. « Grâce à ses dons, des dizaines de puits ont été creusés avec 100 0/0 de succès. - La semaine de son décès, la pluie est tombée chaque jour sur Dakar, si bien que les gens disaient : « Nous n'avons jamais vu cela à Dakar ; nous le devons au Père CRETOIS. Comme il était sourcier, il a trouvé beaucoup d'eau là-haut et il nous l'envoie. -

Il laisse, outre ses études de sérer qui comprennent une collection de plusieurs centaines de proverbes, un traité de radiesthésie. Le 15 juillet dernier, il est frappé d'une crise d'urémie, suivie d'une hémorragie interne. Le 26 juillet, il accepte avec sérénité le sacrement des malades, concsient de son état. Il expire le 30 dans l'après-midi.
P. André TERLET.

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