Le Père Paul DAVEZAC,
1851-1926


Né à Odos le 26 janvier 1851, il fit ses études secondaires au petit séminaire de Saint-Pé, où il songea déjà à la vie missionnaire. Une retraite chez les Pères Jésuites le confirma dans son projet sans lui apporter la solution définitive. Il entra au grand séminaire diocésain afin d'y étudier encore l'appel de Dieu. Il songeait à la Société des Missions Etrangères, quand le Père Horner, missionnaire en Afrique orientale, de passage àTarbes, lui révéla la congrégation du Saint-Esprit, son double idéal du religieux et de l'apôtre, ainsi que l'Afrique avec son immense champ à peine ouvert à l'Évangile. Au Gabon, Paul Davezac participera en première ligne à l'épopée de l'action missionnaire du siècle dernier.

Il était sous-diacre quand il entra au noviciat d'Orly le 28 septembre 1874. Prêtre à Chevilly le 18 juillet 1875, il fit sa profession apostolique le 27 août 1876. Il avait eu peine autrefois à quitter son pays et sa famille, désormais il se sentait disposé à tous les sacrifices. Le 5 octobre suivant, il partait pour le Gabon. La traversée fut rude ; un accès de fièvre retint le jeune missionnaire à Dakar, de sorte que son arrivée à Libreville fut retardée jusqu'à la fin de décembre.

Professeur à Libreville, avec quatre heures de classe par jour et de nombreuses surveillances, il n'avait pas le temps, disait-il, d'apprendre la langue locale ; il aurait plutôt désiré s'adonner au ministère paroissial et porter la barbe, privilège qui ne s'accordait alors qu'à bon escient... Ces aspirations au changement le rangèrent vite dans le clan des jeunes qui s'agitaient, impatients d'aller de l'avant, à l'opposé des anciens, plus méthodiques, qui tenaient pour les procédés patients de Mgr Bessieux. A la tête de la nouvelle génération, un confrère de noviciat, le Père Augouard, entraînait sans peine le P. Davezac et deux ou trois autres ; les vieux s'inquiétaient, mais Mgr Le Berre perçut vite le parti à tirer de ces juvéniles ardeurs. Il lui suffit de nommer en 1879 le Père Davezac à Donguila pour qu'il devienne un ardent missionnaire et un confrère aimé de tous. Dans les travaux multiples de ce poste à fonder, il écrivait : "Il me fallait cette activité, et je me trouve ici comme un poisson dans l'eau... "

En 1881, il fit sa première exploration en compagnie de M. Mizon, qui cherchait une route pour gagner le nouveau poste de Lambaréné. Ce voyage parmi les Pahouins, qui n'avaient pas encore eu contact avec les Européens, lui donna bon espoir de réussir sans trop de peine auprès de ces peuplades ; il les voyait mieux disposées qu'on ne l'avait cru d'abord àrecevoir l'évangélisation et la civilisation moderne. D'autres excursions l'eurent bientôt aguerri dans ce genre de travaux, si bien qu'il fut désigné avec le P. Bichet pour accompagner Savorgnan de Brazza dans le troisième voyage que celui-ci fit en 1883 dans le Haut-Ogooué.

Les deux missionnaires quittèrent Lambaréné le 3 juin 1883 avec l'expédition Brazza, forte de 1800 hommes et de 80 pirogues ; en 43 jours, il gagnèrent Franceville et poussèrent, au delà du partage des eaux, jusqu'à l'Alima, affluent du Congo, où ils rejoignirent M. Balaya. Mais leur intention n'était pas de se fixer aussi loin ; ils revinrent sur leurs pas jusqu'au pays des Adoumas, choisirent un terrain, l'acquirent le 23 septembre 1885 et commencèrent l'établissement du poste qui devenait devenir par la suite la mission de Lastourville.

En 1889, le Père Davezac fut envoyé dans le nord du Gabon, dans la région de Bata où Espagnols et Français luttaient d'influence. Il fit si bien dans ces circonstances que son Vicaire Apostolique proposa au Père Davezac la charge de vicaire général. Il la refusa, alléguant son aversion pour les honneurs, son peu d'aptitude pour la direction d'affaires trop vastes, enfin son manque de talent pour la prédication. Il dut cependant se résigner àadministrer le Vicariat pendant le séjour en France de Mgr Adam en 1897.

Il se fixa ensuite au Fernan Vaz, au sud du delta de l'Ogooué, pour continuer les travaux déjà entrepris, poursuivre l'évangélisation du lac, soutenir le village des esclaves rachetés et celui des enfants de la Mission, étendre les cultures industrielles, celles du cacao en particulier, et fonder des hôpitaux ; telles furent ses occupations, au milieu de bien des traverses.

En 1907, après 31 ans passés au Gabon, il rentra en France pour se reposer. Le froid de l'hiver le fit revenir prendre sa retraite au Gabon, mais il se rendit compte que ses forces étaient épuisées. Il dut revenir à Bordeaux de 1908 à 1912, puis à Misserghin en Algérie. N'ayant aucun organe malade, mais le corps usé par l'âge et les fatigues, ce courageux vétéran s'est éteint doucement, à75 ans, le 24 avril 1926.

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