Mgr Jean DAVID, évêque émérite de Mahajanga
Décédé le 3 juillet 1995, à Angers, âgé de 82 ans
Inhumé le 5 juillet, en la cathédrale- d'Angers


Né : 22.07.12, Cholet (49). Profès. 08.09.31, Orly. Prêtre : 29.09.38, Chevilly. Sacré :'01.07.54, Cholet. AFFECTATIONS. Diégo--Suarez : Andapa (45-47); Diégo, supérieur (48-54). Mahajanga, vicaire apostolique, puis évêque, jusqu'à sa démission (54-78) ; Marovoay, ministère (78-85). France : Angers, aumônier (85-94). Retraite : Angers (94-95).

Jean David, né à Cholet, le 22 juillet 1912, entraînera deux de ses frères dans la congrégation : Gabriel , né à Nantes en 1917, et Philippe, né à Cholet en 1920. Après sa rhétorique au collège Sainte Marie de Cholet, Jean entra au noviciat d'Orly et y fit profession le 8 septembre 1931. Il fut ensuite envoyé à Cellule pour suivre la classe de philosophie dirigée par le P. Videlo, et passer le baccalauréat. Il accomplit son service militaire dans le 6' Génie àAngers, et reçut l'ordination sacerdotale à Chevilly en 1938. Affecté l'année suivante à l'Ile Maurice, il fut bloqué en France durant toute la guerre.

En 1945, une nouvelle affectation le destina à Madagascar. A DiégoSuarez, Mgr Fortineau renvoya à Andapa, la mission qu'il venait de fonder en 1941. Il n'y resta que deux ans ; vite apprécié, il fut appelé à prendre la direction de la communauté principale de Diégo-Suarez. Habitué à mettre la main à tous les travaux, il revenait avec un camion de sable pour les constructions en cours, quand Mgr Fortineau lui présenta le décret de Rome lui confiant la responsabilité du diocèse de Majunga.

Après son sacre à Cholet en juillet 1954, Mgr David fut accueilli au port de Majunga par les autorités religieuses et civiles, puis il se présenta à ses chrétiens réunis à la cathédrale. Il succédait aux trois évêques spiritains, fondateurs du diocèse de Majunga : Nos Seigneurs Pichot, Wolff et Batiot. Contrairement à son prédécesseur immédiat, qui acceptait de figurer dans toutes les cérémonies, Mgr David ne fréquentera pas beaucoup les gens de l'administration.

Mgr Batiot avait fait démarrer de nombreux projets, Mgr David, aidé par le P. Peter, eut à les prendre en main et à les mener à terme.

Il entreprit alors de visiter son immense diocèse, qui était le plus grand de Madagascar en superficie. Il s'astreignit à voir toutes les chapelles de brousse, pour se rendre compte des difficultés auxquelles ses prêtres devaient faire face. Il prit ainsi contact avec les différentes ethnies qui vivaient sur ce territoire. Toute sa vie il s'appliquera à parler et àperfectionner son emploi du malgache. Chaque année il visitera toutes les missions pour rencontrer ses prêtres sur le terrain. Toujours disponible, méthodique, ordonné, il savait régulièrement préserver le temps de la prière. Mgr Rolland, évêque d'Antsirabé disait de lui : " Mgr David est un homme intelligent qui nous apporte beaucoup aux réunions des évêques."

Bien avant l'âge de la retraite, il avait 66 ans, il estima qu'il fallait un évêque malgache à la tête du diocèse. Le clergé du pays avait, en effet, déjà la charge de douze diocèses à Madagascar. Son successeur, Mgr Armand Razafindratandra fut sacré le 2 juillet 1978 à Majunga, par le cardinal Razafimahatratra, archevêque de Tananarive. Son successeur lui accorda volontiers de rester dans le diocèse. Il s'installa à Marovoay, où il resta jusqu'en 1985, accueillant fraternellement ses confrères qui venaient le voir.

Sa santé déclinant, il lui fallut rentrer en France. Une religieuse qui a assisté à son départ disait : " Il était habillé comme un pauvre ; il avait donné tout ce qu'il avait ... " Il avait réalisé, dans sa vie de missionnaire, l'idéal du Christ pauvre et détaché.

A Angers, il assura une aumônerie de religieuses durant une dizaine d'années. Décédé le 3 juillet 1995, âgé de 82 ans, il a été inhumé, le 5 juillet, en la cathédrale d'Angers.

Le P. Gabriel David a rédigé une page de souvenirs sur son frère l'évêque. Cela donne une notice originale, intime, que nous regrettons de devoir abréger...

Jean était le troisième de notre famille, qui a compté quatorze enfants. Par suite de la guerre il y avait cinq ans de différence entre nous deux. J'avais donc dans les treize ans quand il est entré au noviciat. J'ai gardé de lui le souvenir d'un frère aîné très sérieux et discret. J'avais une grande admiration pour lui. Je voulais moi aussi être missionnaire' et je suis entré à Orly en 1936, lorsque lui poursuivait le cycle de théologie.

Durant la guerre de 39-40, affecté à Madagascar, mais bloqué en France, il enseignait à l'école de l'Abbaye de Langonnet. Je l'y ai retrouvé lorsque le scolasticat a été momentanément forcé à quitter Chevilly. Je le retrouvais aussi aux grandes vacances. C'est là que je l'ai le mieux connu. Il était prêtre et menait chez mes parents une vraie vie de moine. Lever très matinal, messe dans la petite église de Saint-Hilaire, déjeuner, rosaire, lectures, puis de longues heures de travail manuel le matin. Il en aura remué des mètres cubes de terre et de pierres pour refaire les chemins ou les terrasses de la propriété de mes parents !... L'après-midi, à trois heures tapantes, visite à l'église et longue adoration. Puis le soir, étude du malgache, auquel l'avait initié une sœur qui venait de Tananarive. Dans la suite il parlait le malgache, mais il avait, dit-on, gardé l'accent des Plateaux, ou celui de la sœur..., ce qui ne facilitait pas la compréhension de la part des gens de la côte. C'était un frère un peu taquin avec lequel il faisait bon rire.

Parti en mission en 1945, il travaille à Diégo-Suarez pendant neuf ans, avant de devenir évêque de Majunga. Je laisse à ses confrères de Madagascar le soin d'évoquer sa vie missionnaire( ... )
Gabriel DAVID

Mgr Jean DAVID, évêque émérite de Mahajanga, Souvenirs du P. Etienne DUPONT
Après son sacre à Cholet en juillet 1954, Mgr David a été reçu à Mahajanga (on disait Majunga à l'époque) où les autorités civiles et religieuses l'accueillirent au port. Défilé vers la cathédrale où il se présenta à ses chrétiens. Il n'était pas homme à fréquenter beaucoup les gens de l'ad rn in istrat ion. Il restera toujours très réservé à l'égard des cérémonies officielles. Humilité ? Peur de se compro­mettre ? Discrétion ? Disons qu'il n'aimait pas cela, en quoi il était à l'opposé de Mgr Batiot, son prédécesseur, , qui lui acceptait de figurer dans toutes les cérémonies.

L'évêque prit en main les affaires du diocèse, ce ne fut pas chose facile. Majunga, sous la houlette de Mgr Batiot, avait démarré des tas de projets. Il fallait maintenant démêler des énigmes finan­cières où il n'était pas toujours aisé de voir clair. Le P. Léon Peter, qui avait été le bras droit de Mgr Batiot, heureusement était pour Mgr David un guide sûr dans un maquis apparemment inextricable. Le plus vite possible il vint à bout de ce qui avait été engagé, pour se donner enfin à la pastorale. Il entreprit de visiter son immense diocèse, le plus grand de Madagascar en superficie : il s'astreignit à voir toutes les chapelles de brousse, pour se rendre compte des difficultés auxquelles ses prêtres devaient faire face. Il prit ainsi contact avec les différentes ethnies qui vivaient sur son territoire. Toute sa vie il s'appliquera à parler et à perfectionner le malgache, même s'il n'était pas très doué, il faut bien le dire. Chaque année, il visitera toutes les missions pour rencontrer ses prêtres sur le terrain. Nous gardons de lui le souvenir d'un homme toujours disponible, méthodique, ordonné, - et qui priait.

L'ancien évêque d'Antsirabé m'a dit un jour : "Mgr David est un homme intelligent qui nous apporte beaucoup aux réunions des évêques". Bien avant d'avoir l'âge de la retraite, il estima qu'il fallait un évêque malgache à la tête du diocèse. Il demanda alors un poste de brousse : il s'installa à Marovoay, où il nous accueillait fraternellement quand nous passions le voir, Sa santé déclinant, il lui fallut rentrer en France. Une sœur qui a assisté à son départ m'a dit : "Il était habillé comme un pauvre : il avait donné tout ce qu'il avait". Il avait réalisé dans sa vie de missionnaire l'idéal du Christ pauvre et détaché.
Etienne DUPONT (Madagascar)

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