Jean était savoyard, fier de l’être et ne ratait pas une occasion pour rappeler ses origines et nous parler de sa famille. Il entre comme élève à Allex, lieu emblématique dans sa vie. Il y fera plusieurs séjours : élève, surveillant, directeur et supérieur. Ah ! Les « petits clercs d'Allex » ! Saint Joseph ! La vie d'équipe ! La chorale ! Le parc ! Les matches de basket…
En 1964, il part en coopération au Sénégal, au petit séminaire de Ngasobil. Jeannot s'initie aux instruments de musique africains...et à l'occasion du Festival des Arts Nègres en 1965, le Président Léopold Sédar SENGHOR, le rencontrant parmi des artistes sénégalais, lui aurait dit : « Voilà un digne fils du Père Libermann ! ».
Après son ordination, Jeannot est nommé directeur à AIlex. Il avait une fibre d'éducateur qui le branchait directement sur les jeunes : à Allex, à Valence, au Sénégal, en Guinée, dans le cadre paroissial ou bien dans la formation.
Ensemble, nous avons travaillé au Sénégal oriental en 1^ère évangélisation, participant à la fondation de communautés chrétiennes dans des milieux animistes ou établissant des passerelles avec nos frères musulmans dans les écoles, par les émissions radio et bien d'autres contacts.
De 1979 à 1985, Jeannot est supérieur principal du district spiritain couvrant la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry. Il prend tout son temps pour visiter ses frères et renforcer les relations. Selon une habitude qui ne le quittera guère, Jeannot « positive » tout ! Il va toujours bien ! Il est un homme heureux qui n'a pas de problème ! II sera aussi curé de Pikine de 1993 à 2002 : ce n'était pas de tout repos dans cette banlieue populaire de Dakar ! Nommé au noviciat de Boffa en Guinée, il doit être rapatrié à Paris à cause de sérieux problèmes de santé. Après un court traitement à Chevilly, toujours disponible, il accepte d'aller à la Croix Valmer comme supérieur. Mais ses ennuis de santé resurgissent et il revient à Chevilly où il « traine sa fragilité » tout en rendant bien des services.
On ne peut pas oublier ses compétences musicales, acquises auprès des bénédictins de Solesmes et à l'école de Lucien Deiss. Que de veillées passées à chanter en communauté, avec des jeunes, des groupes divers auxquels il s'adaptait dans la joie et la bonne humeur ...C’était un animateur hors pair ! Un ami sénégalais m'a écrit : « il était un grand missionnaire qui avait le charisme d'annoncer l’Évangile par la joie et le chant ». C'est bien vrai ! Jeannot, que la terre de Chevilly te soit légère !

Francis Kihm