Le Père Émile DEHON,
1900-1995


Le P. Dehon naquit le 7 septembre 1900 à Saint-Quentin. Profès à Orly le 8 septembre 1926, il fut ordonné prêtre le 5 octobre 1930 à Braga, au Portugal. Il fit sa consécration à l'apostolat à Chevilly le 12 juillet 193 1, et reçut son obédience pour le Cameroun.

A son arrivée, en novembre, il fut placé à Nlong comme vicaire du P. Richard. Cette mission ouverte en 1928 attendait encore son église définitive. Conçue par le P. Dehon et exécutée avec le concours des Frères indigènes, l'église réalisée fit l'admiration de tous. En 1933, il lui fut demandé d'ouvrir, entre Yaoundé et Nlong, une nouvelle station à Nkol-Nkumu. C'est là qu'il revint après son congé en France en 1936-37. Il n'y revint pas seul - son neveu Charles Galiègue, qui s'initiait aux affaires sous la direction de son père commerçant en gros, l'accompagna dans sa mission comme instituteur pendant six mois ; cela lui suffit pour décider de sa vocation, il entra au noviciat.

Durant la guerre de 1939 à 1945, le P. Dehon eut l'occasion de révéler un autre aspect de sa personnalité. Dès l'appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 à Londres, il se lia d'amitié avec les gaullistes de Yaoundé. Et c'est lui qui vint à Douala rencontrer celui que le général envoyait au Cameroun. Il s'agissait du capitaine Leclerc, qui prisonnier a Lille en mai 1940, s'était évadé et avait repris le combat. Blessé et de nouveau prisonnier, il réussit encore à s'évader, et parvint alors à rejoindre àLondres le général de Gaulle.

A son arrivée à Douala, le capitaine Leclerc se présenta en colonel (il lui suffit pour cela, dit-on, de demander à une religieuse de coudre deux galons supplémentaires à son uniforme). Bien accueilli par les notabilités de Douala, et par l'évêque qui fit chanter le Te Deum à la cathédrale, le colonel Leclerc révéla son projet au Père Dehon : que les gaullistes demandent au Gouverneur de se rallier à la France libre. Celui-ci, ayant hésité, fut mis en résidence surveillée et Leclerc vint prendre sa place et sa fonction. Il devint ensuite commandant militaire de l'A.E.F., conquit le Fezzan ; entraîna sa division des bords du Tchad en 1942, à Tripoli en 1943, et prit part aux campagnes de Tripolitaine et de Tunisie. En 1944, il participa à la tête de sa 2' Division blindée au débarquement en Normandie. Comme il œuvrait à la libération d'Avranches, d' Alençon et du Mans, le Père Dehon, qui l'accompagnait toujours comme aumônier militaire, se présenta au noviciat de Piré, près de Rennes, et fit à la communauté une brillante conférence. Le 24 août, ce fut la libération de Paris, puis celle de Strasbourg, et enfin la prise de Berchtesgaden, la résidence favorite d'Hitler dans les Alpes bavaroises, par la Division Leclerc en 1945.

Durant son année de repos en France, le P. Dehon fit paraître chez Flammarion un livre de 188 pages, intitulé La nouvelle politique coloniale de la France. Quand il revint dans sa mission, la population lui demanda d'accepter la présidence de l'Assemblée représentative du Cameroun. C'est ainsi que le Bulletin général de la congrégation notait que le P. Dehon était venu à Paris en 1948 avec une délégation de cette Assemblée.

En 1967, désireux de favoriser le développement du pays, il créa àYaoundé le Collège technique Charles-Atangana, pour prouver que le travail et la technique opérationnelle pouvait assurer la maintenance et l'agrandissement, même d'une institution scolaire.

En 1973, laissant son collège à des successeurs, il prit sa retraite en Espagne. C'est à Andorre-la-Vieille qu'il est décédé le 5 février 1995, dans sa 95e année.

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