Le Frère Henri DEISS,
décédé à Chevilly, le 19 décembre 1901,
à l'âge de 26 ans.


Henri Deiss, né à Ribeauvillé, le 13 mai 1875, était ouvrier dans une filature quand il demanda d'entrer dans la congrégation du Saint-Esprit. Il fit sa profession le 8 septembre 1896 et fut, aussitôt après, destiné à l'Oubangui. Il s'embarqua à Bordeaux le 10 novembre 1896. Parvenu au Congo, après un court séjour à Brazzaville, il fit partie de ceux qui accompagnèrent Mgr Augouard sur le Léon XIII, à Lékéti, pour y fonder une mission.

Dans le Journal de la mission on peut lire : « Se trouvaient à bord du Léon XIII : Mgr Augouard, capitaine du bateau, le Frère Élie, mécanicien, le P. Le Gouay, le P. Gestin et le Frère Henri ; deux enfants de Brazzaville, Kouka et Guinaka, destinés à la nouvelle mission ; Itomba, autre enfant de la mission qui accompagnait Monseigneur dans ce voyage ; six hommes d'équipage formés de Pahouins et de Loangos et dix-sept travailleurs gabonais et loangos destinés pour les constructions de la nouvelle mission. Le Léon XIII s'enfonçait dans l'Alima dès le 15 juin, mais le bois des rives de l'Alima étant du très mauvais bois de chauffage, le petit vapeur marchait péniblement et ce ne fut que le 27 juin qu'on arriva à; l'emplacement de l'ancien poste administratif de Lékéti.

« Monseigneur décida que c'était l'emplacement de la nouvelle mission. Les ruines de trois petites cases formaient les seuls vestiges de l'ancien poste. Une plaine s'étendant à perte de vue et à peine couverte d'une herbe sèche, des marais répandus dans toutes les directions, une rivière abordable seulement en pirogue et pas un seul habitant dans les environs : tel était le spectacle qui s'offrait aux regards des nouveaux arrivés.

« [Après le départ de Mgr Augouard] les missionnaires se mirent à l'œuvre. Les cases en ruines furent redressées, couvertes et mises en état d'être habitées. mais la question des vivres jeta bientôt la nouvelle colonie dans l'inquiétude. En effet, les indigènes n'apportaient point de chicouangue (manioc). Et pourtant les quelques paniers de manioc qu'on avait achetés au village d'Otala, touchaient à leur fin. Aussi, pendant quelques jours, la ration des hommes fut bien maigre. Quant au bissi (viande ou poisson), il ne fallait pas y songer. il n'y avait pas moyen de se procurer non seulement un cabri ou une poule, mais même le moindre poisson. Deux choses pourtant s'y trouvaient en abondance : le tabac et les ananas ; mais ce sont deux choses qui ne sont guère nourrissantes.

« [Pour se procurer des vivres], passaient comme bonne marchandise la poudre et le sel. Puis venaient en second rang les perles, surtout les petites perles bleues et blanches mélangées ensemble. Les grosses perles bleues et les perles anghésies passaient également bien. mais les perles balali et les petites perles rouges n'avaient pas de valeur. Les miroirs et les petits boutons blancs passaient également assez bien. Quant aux étoffes, elles n'étaient nullement prisées. Les barrettes étaient inconnues aux environs. »

Au début le principal travail du F. Henri fut d'aller en forêt avec une dizaine de travailleurs loangos, pour y préparer le bois nécessaire aux constructions. Puis il entreprit ce qui était possible comme cultures et élevage. mais son séjour à Lékéti fut de courte durée.

Atteint d'une profonde anémie et d'une grave albuminurie, il dut être rapatrié et, le 25 mars 1901, il arrivait à Paris. La maladie résista à tous les traitements et, le 19 décembre 1901, il succombait, asphyxié par un œdème à la gorge. -
BG, t. 21, p. 366.

Page précédente