Le Père Emmanuel DELPUECH,
1856-1905.

Par le P. LE MAILLOUX

La famille Delpuech, de la paroisse de La Bruguière, au diocèse d'Albi, avait déjà donné deux de ses fils à notre congrégation et deux de ses filles aux Sœurs de l'Immaculée-Conception de Castres, lorsque Dieu appela également à son service le cadet Aristide-Emmanuel né le 27 août 1856.

Il avait déjà fait cinq ans de service militaire dans l'artillerie et conquis les galons de sous-officier, quand une chute des plus graves, du haut d'un fourgon, mit ses jours en danger et amena sa mise à la réforme. Comme il avait fait ses études littéraires au petit séminaire de Castres, il passa bien vite, et avec grand succès, son examen &instituteur. Investi de ce nouveau mandat, il tint à rendre à son curé tous les services que nos bons instituteurs catholiques des anciens temps étaient heureux de rendre àl'église de leur paroisse. Il était même le commensal de M. le curé. Hélas ! on lui fit bientôt comprendre qu'il commettait là un dangereux anachronisme. Et comme il ne partageait pas sur ce point, comme sur bien d'autres, les vues de son inspecteur, il se vit bientôt acculé à une inévitable démission. C'était en 1883, et il avait alors 27 ans.

A la grande joie de tous les siens, il vint alors frapper à la porte du scolasticat de Chevilly, y fit sa philosophie, sa théologie, son noviciat, puis la profession religieuse le 28 août 1887.

Le P. Emmanuel fut sur le champ destiné à la mission du Zanguebar. Nous le trouvons directeur des catéchistes à Zanzibar même, en 1887-88 ; directeur de l'orphelinat de Bagamoyo, en 188892 ; supérieur de la station de Mandéra, en 1892-96. 11 passe alors à la mission de Maurice : il dessert Port-Mathurin à l'île Rodrigues, et la paroisse du St-Esprit àMaurice en 1897. R est ensuite envoyé au Cap-d'Ambre, à Madagascar, où il fait le plus grand bien au milieu des militaires de la garnison. Il reçoit ensuite la charge de supérieur de Nossi-Bé, où il travaille encore deux ans. IR retourne enfin au Zanguebar, pour terminer le cours de son apostolat dans la mission qui en avait reçu les prémices.

Mgr Allgeyer lui confie le soin de la station de Tanga, où l'ardent missionnaire déploie tout le zèle et l'activité de ses premières années. Il s'y dépense sans ménagements dans les installations matérielles, aussi bien que dans les soins spirituels à donner à une trentaine d'enfants, noyau précieux de la chrétienté nouvelle. Mais sa santé s'épuise, ses forces abattues par les fièvres se trouvent à bout. " Je sens que je m'affaiblis, écrivait-il au P. Hémery vers la fin de juillet : la machine se détraque, et je vois bien qu'il faudra bientôt aller rendre ses comptes." Rempli de ces salutaires pensées, il se transporte alors à Bondé auprès de son confrère, le P. Haberkom. A son retour la fièvre redouble, l'hématurie se déclare, et le 4 août 1905, il est emporté dans sa quarante-neuvième année.

Le Dieu de bonté qui a si vite accepté le sacrifice de son serviteur n'aura pas manqué de récompenser les peines et les travaux de son apostolat.

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