Très tôt, le jeune René entend l’appel à la vie missionnaire. Encouragé par ses
parents, il entre au Séminaire d’aînés avec l’idée de la mission, mais il a peur
de rater sa vocation car il est fragile de santé, et il est nul en orthographe -
ce qui ne l’a pas empêché de noircir des centaines de pages en écrivant à ses
parents, durant ses années de formation puis en Afrique !
Envoyé en
Guinée-Conakry à 26 ans, il y reste quinze ans, près de la capitale puis en
région forestière. Il visite les quartiers et les villages, prépare la liturgie,
forme catéchistes et moniteurs d’école. Proche des gens, il est chaleureux et
accueillant.
Le 1er juin 1967, il vit douloureusement l’expulsion par le
président Sékou Touré de tous les religieux, religieuses et membres du clergé
non-africains. Il est alors à Mortain, comme animateur missionnaire, puis il se
rend un an au Cameroun pour répondre à une urgence, comme maître des novices. Il
reprend du service en Afrique de l’Ouest, en Guinée-Bissau puis au Sénégal. Sa
dernière mission en terre africaine le fera revenir dans sa chère
Guinée-Conakry. Là, il donne l’image du bon pasteur soucieux de rassembler les
chrétiens dispersés parmi la population musulmane. Les fins de semaine, on le
trouvait à des kilomètres de Dalaba, sur des routes difficiles; logeant parfois
dans la sacristie ou la chapelle du village. Il revenait le dimanche soir,
fatigué mais heureux.
A l’âge de la retraite, plutôt que de rentrer en
France, il demande à partir à Mongo, en pleine guerre entre le Libéria et le
Sierra Leone. Là, il faillit mourir d’une très forte crise de palud alors que le
territoire de Mongo était envahi par les rebelles.
René s’est beaucoup
intéressé à l’histoire et à la culture des populations qui l’ont accueilli. Il a
été un homme toujours disponible. Il n’a jamais réussi à s’exprimer correctement
dans les langues locales de ses nombreux lieux de mission : mandjaque, créole,
portugais, wolof ou Kissi.
« Or, s’il est vrai que la langue est la porte
d’entrée pour la mission ad extra, René fut la preuve vivante que la vraie porte
c’est le cœur, et seulement le cœur. Je peux témoigner que les gens de Bajob ont
capté les battements du cœur de ce grand missionnaire que fut René »
rapporte l’un de ses confrères…
« René aurait pu rester quelqu’un d’un
peu coincé, se souvient son neveu, le P. François de Penhouat, Sma.
L’éducation de notre grand-mère était parfois rigide mais il a trouvé dans la
vie missionnaire spiritaine un terrain de choix, à sa mesure, pour développer sa
créativité et sa capacité à créer des relations fraternelles (…) Lui et ses
confrères sont les Pères de cette église d’Afrique de l’Ouest si vivante et
dynamique aujourd’hui (…) A l’africaine, on peut dire qu’il est devenu ancêtre,
de ces grandes figures de l’au-delà... »
Merci au Seigneur pour cette vie bien remplie et entièrement donnée !
D’après Victor Cousseau