Le Père Louis DEWASTE,
1866-1942


Louis Dewaste naquit à Tressin, le 6 juillet 1866. Il fit dans son diocèse toutes ses études primaires, secondaires et cléricales. Il les avait terminées quand il entra comme postulant à Cellule, le 7 octobre 1891, à l'âge de 24 ans ; il n'avait encore reçu que la tonsure. On l'employa comme professeur pendant trois ans, au cours desquels il reçut successivement tous les ordres jusqu'au diaconat. Le 27 septembre 1894, il entra au noviciat d'Orly. C'est pendant son noviciat qu'il reçut le sacerdoce, le 22 décembre. Le sermon fut prononcé par le P. Guyodo, préfet apostolique de la Guyane, d'où il venait d'être chassé par les rigueurs de la politique anticléricale. Le jeune missionnaire entendait ainsi, pour la première fois, le nom de ces colonies d'Amérique, où il'devait passer une grand partie de son existence religieuse.

Il reçut en effet son obédience pour la Guadeloupe, d'où il devait se rendre successivement à la Trinidad et à la Martinique. Près de trente années de sa vie, c'est-à-dire toutes celles de son activité missionnaire, s'écoulèrent dans les îles de la Mer Caraïbe. Il fut partout employé dans les œuvres de l'enseignement. D'ailleurs la Congrégation n'en avait pas d'autres à cette époque dans ces pays-là.

Elle avait refusé systématiquement la charge des diocèses qui lui avaient été offerts, tant par les divers gouvernements que par le Saint-Siège.

Elle avait laissé intégralement aux prêtres séculiers le ministère paroissial, et elle s'était réservé la part la plus ingrate, mais aussi la plus importante de la formation du clergé et de l'éducation des élites.

C'est grâce à ce travail que, dans toutes ces colonies, l'esprit chrétien a pu se maintenir dans les classes dirigeantes et de là passer dans l'ensemble de la population. Telle fut la situation des missionnaires spiritains pendant soixante ans, de 1853 à 1912, dans ces colonies d'Amérique.

Durant ce temps, en Afrique, les noms de Mgr Augouard, Mgr Le Roy, Mgr Carrie, des PP. Duparquet, Lecomte, Horner ... étaient sur toutes les lèvres du monde religieux d'alors. Le P. Dewaste, comme beaucoup d'autres, ne devait être qu'éducateur et rien que cela. Il devait l'être toute sa vie, Il en prit d'ailleurs son parti avec courage et il s'y donna de tout son cœur

Il s'embarqua pour la Guadeloupe le 9 octobre 1895 avec le Père Plomby, jeune profès comme lui. Tous deux étaient destinés au collège de Basse-Terre. C'était un modeste établissement qui ne comptait que 120 à 130 élèves. en moyenne, mais qui avait une grosse impor drale ou dans les grandes paroisses de l'île. Il était toujours très goûté. Il s'était formé à la prédication dès son arrivée à la Guadeloupe. Les villes des Antilles sont très excellentes à ce point de vue. Il y a partout un public cultivé qui suit assidûment les prédications et qui est à même de comprendre et d'apprécier.

Il ne put pas rester bien longtemps à la Martinique. La fatigue et le surmenage avaient eu, à la longue, raison de lui. Il venait de recevoir les palmes académiques, distinction bien méritée par sa longue carrière professorale. 11 prit le bateau, le 28 novembre 1923. U pleurait à chaudes larmes. Les petits élèves, qui l'avaient accompagné à bord, pleuraient aussi, et les assistants purent constater combien sont forts les liens qui se forment entre le prêtre et les âmes qui lui sont confiées. Il devait vivre encore une vingtaine d'années durant lesquelles il rendit service de divers côtés en France. Son dernier poste, père spirituel du grand scolasticat à Mortain puis à Chevilly, il le conserva de 1931 jusqu'à sa retraite à Langonnet, où il mourut sereinement, après l'extrême-onction, le 14 août 1942, âgé de 76 ans.

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