Père Charles DITNER
Décédé à Wolxheim le 28 décembre 2002, à l'âge de 80 ans.
Né : 26/07/22, Ammertzwiller (68). Profès : 2/10/42, Cellule. Prêtre : 15/02/48, Chevilly)

AFFECTATIONS :
Île MAURICE : Mahébourg & New-Groue(1949) ; Curepipe-Road (49-62) ; Supérieur Principal de Maurice et Réunion (62-70) et de Maurice (70-73) ; Curepipe-Road (70-78) ; Quatre-Bornes (78-85).
FRANCE : Wolxheim (86-91, supérieur) – (91-93, en soins) ; Saverne (93-2002) ; Wolxheim (mars à décembre 2002).


Ces dernières semaines, la santé de Charles paraissait déclinante, mais sa mort a tout de même pris l'allure d'une mort subite. Il y a moins de deux semaines, il me confiait qu'il faisait de son mieux pour faire face aux multiples difficultés suscitées par son cœur défaillant. Charles nous a quittés comme il vécu : en luttant. C'est un peu un vieux chêne qu'on a abattu dans la forêt missionnaire. Un vieux chêne qui a été tout au long de sa vie un témoin majeur des mutations importantes qu'ont connues le monde et l'Église et spécialement l'Île Maurice.

Après une formation vécue dans le contexte perturbé de la guerre, puis dans les difficultés de l'immédiat après-guerre, Charles a été envoyé, en 1949, à l'Île Maurice. Avec une petite interruption d'un peu moins d'un an, il aura consacré 36 ans de sa vie au service de l'Eglise à Maurice et dans les Îles Mascareignes. Il mettra ses grandes qualités humaines et pastorales d'abord au service plusieurs paroisses. Puis, à l'époque de l'accession de Maurice à l'indépendance, il assumera la difficile charge de Supérieur de District de 62 à pour la Réunion et Maurice. ; à partir de 1970, encore trois ans supérieur du District de Maurice.

L'indépendance de Maurice s'inscrit dans le courant de décolonisation qui a marqué la suite de l'histoire missionnaire. Très rapidement, en 1969, l'Île Maurice aura un évêque originaire du pays. Charles a vécu tous ces bouleversements dans un esprit de foi et d'espérance. Bien des choses ont changé dans le District. Les spiritains ont peu à peu cédé leur place aux diocésains. Ils ont laissé leur maison d'accueil de Sainte Hélène, et Charles transformera la cure de la paroisse St Jean, à Quatre-Bornes, en maison d'accueil pour les Spiritains. Curé de St Jean, il commençait à se sentir fatigué, mais il n'imaginait pas, en 1985, qu'en partant pour se faire soigner en France, il ne reverrait jamais le pays auquel il était attaché corps et âme.

De retour en France, Charles a subi une opération du cœur (double pontage) et la pose d'une prothèse aortique. Malgré la fatigue, il a accepté de servir la Province comme supérieur de la maison St Léon, et cela à une époque qui verra également de grands changements dans la maison. D'une certaine manière, là aussi, Charles a été un témoin courageux des mutations qui affectent la Province de France.

Pour ma part, je tiens à lui dire ma profonde reconnaissance pour le soutien qu'il a accordé à ceux qui, à partir des années 80, se sont lancés dans le délicat dialogue interreligieux. Je suis persuadé que, vivant uni au Christ auprès du Père, et avec son sourire quelquefois énigmatique, mais la plupart du temps bienveillant, Charles ne cesse de demander à l'Esprit d'éclairer tous ceux qui continuent à se dévouer à l'annonce de l'Evangile.
Père Raymond ZIMMERMANN