Père Etienne DUPONT
Décédé à Chevilly le 8 avril 2003, à l'âge de 83 ans.
Né : 10/7/19, Roubaix (59). Profès : 5/10/44, Piré. Prêtre : 7/7/46, Chevilly.

AFFECTATIONS :
MADAGASCAR : Mandritsara (48-62) ; Marovoay (62-67); Mandritsara (67-73) ; Port-Bergé (73-91) ; Tanararive (91-96) ; Mahajanga (96-2002).
FRANCE : Chevilly (2002-2003).


Etienne n’a connu comme mission que Madagascar où il souhaitait rejoindre son frère aîné jésuite qui l’avait précédé dans la grande île et était un peu à l’origine de sa vocation missionnaire.

Nommé dès son arrivé dans le pays Tsimihety, il consacra près de 40 ans à cette ethnie du Centre Nord, comme curé puis comme formateur de catéchistes. Connaissant parfaitement les idiomes locaux, il faisait autorité dans la pastorale des trois missions de cette ethnie. Mais ne voulant pas interférer dans la direction de l’Eglise lorsque la région sera érigée en diocèse en 1991, il quittera humblement sa place pour rejoindre le Foyer Laval à Tananarive.

Chahuté au début pour ses expressions provinciales peu goûtées par la société des Hauts Plateaux, il consacrera la plupart de son temps à se mettre au service des confrères de passage à la capitale et surtout à mettre en place le centre Vonjy où furent nourris quotidiennement jusqu’à 450 enfants de la banlieue tananarivienne. La misère de cette grande ville a toujours été pour lui une préoccupation importante, et il ne mâchait pas ses mots lorsqu’il rencontrait des responsables politiques et que le sujet était abordé. Nombreuses aussi ont été les communautés religieuses qui ont bénéficié de ses retraites et de son accompagnement.

Son retour sur la Côte a été pour lui une bouffée d’air : il retrouvait naturellement les réactions et le parler qu’il ne pouvait librement exprimer à Tananarive. C’est là qu’il découvre, non sans mal, l’ordinateur et recommence une nouvelle jeunesse. Il va alors développer un travail intellectuel intense – il avouera lui-même n’avoir jamais autant ‘cogité et potassé’ qu’à cette période de sa vie – en se mettant au service de la formation des postulants et autres novices de tout le secteur. Il donnait des conférences aux Carmélites dont il était l’aumônier. Il travaillera ses textes jusqu’à son départ définitif.

Etienne a laissé partout la trace d’un homme au cœur énorme, un peu bourru dans le premier contact avec les gens ; les entretiens se terminaient toujours par un large éclat de rire. Toujours affairé à rendre service, il se bricolait lui-même une paire de chaussures pour corriger sa légère claudication générée par une hanche défectueuse.

Prendre au maximum sur lui pour soulager les autres aurait pu être sa devise. Et quand il n’a plus eu de responsabilité, il a plié son tablier puis est « entré dans la joie de son maître », sur la pointe des pieds en dérangeant le moins possible.
Gabriel Vuittenez