Le Père Antoine ÉBERLEN,
décédé a Rixheim, le 7 septembre 1985,
à l’âge de 70 ans


Antoine Éberlen est né à Rixheim, dans le Haut-Rhin, le 22 mars 1915. Il fit ses études primaires a l'école du village et partit ensuite pour les écoles apostoliques de Cellule et de Saverne. De là, il entre au noviciat d’Orly et fait profession, le 8 septembre 1936. Puis c’est la philosophie à Mortain. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier, mais, rapidement libéré, il rejoint les autres scolastiques à Blotzheim. C’est là que, le 4 mai 1943, il est ordonné prêtre.

Dans l'impossibilité de partir en mission, à cause de la guerre, il travaille d’abord comme vicaire à Dietwiller. En 1946 qu’il part pour le Congo, au vicariat apostolique de Loango. Il est affecté à la mission de Pounga où il restera vingt-huit ans. Au début il vit avec divers confrères hollandais et français, mais, à partir de 1956, il restera presque toujours seul.

Le P. Antoine était connu de tous ceux qui voyageaient sur la ligne de chemin de fer Pointe-Noire-Brazzaville. Sa paroisse s’étendait le long de 70 km de voie ferrée jalonnés de sept gares qui étaient autant de gros villages reliés par une mauvaise piste.

C’est pourquoi le P. Antoine a passé vingt-huit ans de sa vie missionnaire à monter et descendre de l’autorail ou de wagons de marchandises, voire de locomotives, allant de gare en gare pour rencontrer ses gens, au gré des horaires les plus fantaisistes. On était pratiquement sûr de le trouver dans un train ou dans une gare : on l’aidait à se hisser dans le wagon, et c’était la joie de la rencontre, bien souvent autour d’une bière plus ou moins fraîche servie au petit bar de l’autorail.

Le P. Antoine était aimé de tous parce qu’il était resté un homme simple et bon, un prêtre profondément donné à ses chrétiens. Il a vécu dans une réelle pauvreté, mais toujours dans la propreté et un ordre parfait. Il n’avait d’autres ressources que celles que lui fournissait son travail : jardinage et élevage. Pendant des années, il a ravitaillé le séminaire de Loango en manioc et bananes.

Deux fois par mois, il rejoignait ses confrères de Dolisie ou de Pointe-Noire, pour un ou deux jours. Il tenait beaucoup à ces rencontres. Puis il reprenait le train pour rejoindre ses communautés. A chacune, il a donné une chapelle, mais plus encore une solide formation chrétienne, de sorte que les chrétiens savaient se prendre en charge eux-mêmes, qu’il soit présent ou absent.

Le P. Antoine a connu bien souvent une vie dure. Il s’était habitué à la solitude et à un ministère ingrat : la prière personnelle et une grande foi l’aidaient à tenir.

En 1974, la maladie le retient en France. C’est une grande souffrance pour lui de ne pouvoir rejoindre sa mission. C’est alors qu’il est affecté à Rixheim, son village natal, où pendant près de douze ans il se dévoue sans compter au service des malades et des vieillards.

Appelé par le Christ à la mission auprès des pauvres parmi les pauvres, le P. Antoine a donné tout ce qu’il avait et tout ce qu'il était, jusqu'à sa mort, le 7 septembre 1985. Qu’il repose désormais dans la paix qui ne finit pas. -
Guy Pannier - PM, n° 118.

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