Le Père Lucien ERNST,
décédé à Wolxheim, le 26 avril 2000,
à l’âge de 74 ans.


Né le 29 août 1925, à Thanvillé (Bas-Rhin). Profession le 8 septembre 1947, à Cellule. Ordination sacerdotale le 6 juillet 1952, à Chevilly. Affectations : Congo : à Fort-Rousset, de 1953 à 1962 ; à Mossaka, de 1962 à 1972. France : économe à Allex, en 1974-1975 ; à Grasse, de 1974 à 1979 ; à Blotzheim, de 1979 à 1982. Curé à Dimbsthal-Birkenwald, Singrist, Allenwiller, Salenthal, de 1982 à 2000.

Lucien Ernst est orphelin à un an. Sa vie durant il fut plein d’admiration pour sa maman, chrétienne fervente, infatigable au travail, capable d’élever toute seule ses six enfants et d’en conduire deux au sacerdoce. Il a fait ses études dans les temps troublés qui virent la défaite française, l’occupation de l’Alsace, l’incorporation forcée dans la Wermacht. Prisonnier des Russes, il fut interné dans le camp de Tanbow : froid, faim, travaux forcés ; il en fut marqué pour la vie.

Arrivé au Congo en 1953, le P. Lucien fut, à Fort-Rousset, à bonne école avec le P. Jean-Baptiste Shœffel : à eux deux, dix ans durant, il firent un travail admirable d’évangélisation, tout en construisant écoles, maison des sœurs, centre ménager, cathédrale. Le P. Schœffel fut promut vicaire général. Quant au P. Ernst, il partit, pour dix ans, à Mossaka, où tous les déplacements se faisaient en pirogue, dans un pays infesté par les moustiques.

De retour en France, après avoir rendu des services comme économe, il trouve son épanouissement sacerdotal dans la paroisse de Dimbsthal, où se regroupent quatre ou cinq centres. Homme pratique, le P. Ernst se donne pour tâche prioritaire de surmonter les tensions que ce genre de rassemblement engendre souvent : orienter, encourager, mettre de l’huile dans les rouages , quand s’opposent plus ou moins sourdement les différentes autorités civiles, les diverses “fabriques” d’Église, les chorales, les équipes de catéchistes ou d’animateurs liturgiques. L’expérience a montré que le P. Lucien y a réussi, sans mener grand bruit. Son expérience d’économe et d’administrateur, jointe à l’active sympathie, à la libéralité, à l’ingéniosité de ses divers paroissiens, lui permit de mener de front la restauration de trois églises. Il faut assurément souligner chez lui le souci permanent de la pastorale des malades.

Lucien se prêtait facilement aux taquineries. Je ne l’ai jamais vu en colère et jamais je ne l’ai entendu dire du mal de quelqu’un. Son large sourire désamorçait les difficultés. À l’aube de ses 75 ans, le Seigneur lui fit signe. Il comprit immédiatement. Sans aigreur, avec une poignante générosité, il répondit aussitôt : « Fiat. Je suis prêt ».

Tous ceux qui ont vu le P. Lucien en ses dernières semaines, amaigri, à bout de forces, étaient frappés par son calme, sa sérénité. pas une plainte. Dans le Pater ultime que j’ai récité avec lui, le “Que ta volonté soit faite” était lucide, et surtout courageux, comme était courageux son formel désir : « Laissez-moi mourir. » Lucien ne jouait ni au héros, ni au martyr ; ce n’était pas son genre ! Mais, humble et confiant, il se savait en bonnes mains : le Seigneur l’attendait. -
Jacques Lacroix - PM, n° 265.

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