Le Père Pierre FAURE,
décédé à Brazzaville, le 28 mai 1892,
à l'âge de 28 ans.


Pierre Faure naquit à Mauprévoir (Vienne), le 5 juillet 1864. Il fit profession dans la congrégation du Saint-Esprit le 25 juillet 1890 et reçut son obédience pour le vicariat apostolique de l'Oubangui. Il s'embarqua à Bordeaux le 13 mars 1891. Mgr Augouard était du voyage et c'est lui qui rédigea cette notice :

« Le P. Faure est mort, le 28 mai [1892] par suite d'une phtisie pulmonaire. Le voyage de Loango à Brazzaville lui fut très pénible, à cause de plaies à une jambe qui fut très fatiguée de ces longues marches à pied. pendant les trois semaines de son séjour à Brazzaville, il ne sortit point de sa chambre, il fallu même le porter en hamac pour l'embarquer sur le Léon XIII, lorsqu'il eût reçu sa destination pour Liranga. Arrivé dans cette dernière communauté, il commença à cracher d'une façon inquiétante, et le P. Allaire constata bientôt que le mal était sans remède.

« Au mois de février dernier, il descendit à Brazzaville, et il fallut encore le porter en hamac, du port jusqu'à la mission. Il se faisait illusion sur son état ; mais je crus devoir l'avertir du danger, et il fit volontiers à Dieu le sacrifice de sa vie. […]

« Vers le milieu de mai, l'appétit disparut, et nous vîmes clairement que le fatal dénouement approchait. Dans la nuit du 27 au 28 mai, il eut une crise, pendant laquelle je lui donnai l'absolution ; mais il se remit encore et, le matin, il demanda même un peu de nourriture. Il expira doucement le 28 mai, à 9 h 45 du matin. »

En note de cette notice, Mgr Augouard ajoutait : « Cette mort, hélas ! était prévue depuis plusieurs mois, car on peut dire que le pauvre père est tombé victime de ses imprudences. Pendant le voyage de Bordeaux à Loango, malgré mes conseils de vieil Africain, il ne voulait point prendre les précautions les plus élémentaires et il se riait des sombres pronostics que je faisais sur sa santé. Il voulait descendre à terre à toutes les escales et il s'exposait en plein midi aux rayons ardents du soleil, pour faire des promenades qui n'étaient point indispensables. Il mangeait de préférence les fruits verts et acides et il prétendait que son estomac était à l'épreuve des maux dont je le menaçais. Il dormait les fenêtres ouvertes et s'exposait à de brusques variations de température qui pouvaient devenir mortelles. Il vit, mais trop tard, que mes conseils avaient leur raison d'être. Puissent ces avis être utiles à nos jeunes confrères que leur ardeur inconsidérée rend souvent imprudents. » -
BG, t. 16, p. 663.

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