Le Frère Emile FAVRE,
1839-1915


Fils de Narcisse Favre et de Radegonde Dupain, Emile-Alexandre naquit le 8 février 1839 à Smarves, près de Ligugé, dans la Vienne. Il était apprenti chez un oncle, fabricant de papier émeri, quand il se présenta au postulat de N.D. du Gard en mai 1855. Il fit son noviciat à Langonnet (Morbihan) et y prononça ses vœux le 3 octobre 1858.

Sa vie missionnaire se déroula ainsi : deux ans à Rome au Séminaire français ; onze ans à la Réunion, et 42 ans aux missions d'Afrique orientale : Zanzibar, Bagamoyo et Mandéra ; où il mourut pieusement le 20 novembre 1915, à l'âge de 76 ans. Une de ses dernières lettres, écrite deux ans avant sa mort, porte l'adresse suivante : Katholische Mission, Bagamoyo, DeutschOstafrika. Elle nous donnera la tonalité habituelle de sa vie spirituelle :

" J.M.J - Bien cher frère François-Marie, Je profite d'un repos à Bagamoyo pour vous donner signe de vie et vous prouver que je pense encore à vous. Depuis votre dernière lettre, je vois bien que la santé se maintient, et que des misères viennent s'ajouter par ci par là, mais le principal est de les prendre du bon côté, venant du bon Dieu, qui sait bien ce qu'il faut à chacun pour le bien de son âme, à chacun selon sa capacité d'endurance. Je pense que votre santé vous permet d'être utile à quelque chose, comme moi ici, c'est-à-dire à Mandéra ; toujours jardin et arboriculture, à peu près deux hectares, et la nuit au dortoir des enfants, une vingtaine environ ; vous voyez que je ne suis pas surchargé, je suis content de mon lot.

" Cher frère, vous Wavez envoyé votre image. J'ai eu de la peine à vous reconnaître, ce n'était plus le frère François-Marie du temps jadis, il m'a paru bien cassé ; du reste pour moi cela doit être la même chose. Aussi peu importe, si nous usons notre corps à son service, il saura bien nous en donner un autre, à la résurrection. Ainsi cher frère, tout pour Dieu et le salut des âmes ; après, le repos dû au bon serviteur d'un si bon Maître.

" Cher frère, vous qui êtes à Chevilly, si vous pouviez vous procurer des graines de fleurs récoltées à la maison, j'en serais reconnaissant pour notre chapelle, ce qui économiserait les fleurs artificielles. Ce sont les bonnes sœurs qui les cultivent; votre serviteur ne travaille que pour la table et les stations environnantes. Vous mettrez le tout dans le casier de Bagamoyo avec mon nom qui est assez connu. Je ne peux pas terminer sans penser aux bons vieux frères qui combattent aussi en France pour la même cause, le salut des âmes. Je me recommande à vos bonnes prières ; à tous en Jésus, Marie et Joseph. Frère Alexandre "

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