Le Père Eugène FERRAND
Décédé le 7 octobre 2000 à Parigné (35) âgé de 75 ans
Né : 12.04.25, St-Sauveur des Landes (35). Profès : 30.11.46, Cellule. Prêtre : 02.10.49, Chevilly

AFFECTATIONS -
Congo : Pointe-Noire, vicaire à Notre-Dame (50-52) ; ministère à Divénié (52-74) ; Loutete-Madingou (75-76) ; Mbinda (77-88) ; Mossendjo (88-98).
France : Parigné (35), aumônier (98-00).


A DIX-HUIT ANS, Eugène Ferrand entra au grand séminaire de Rennes, où il fit ses études de philosophie, tout en songeant déjà à la Mission « à l'extérieur, ». Ayant reçu son obédience pour le Moyen Congo, il débarqua à Pointe-Noire le 4 octobre 1950. Lui qui fut pendant quarante trois ans missionnaire rural, il a commencé par passer deux ans dans cette ville de Pointe-Noire qui se développait rapidement. Tout de suite il fut chargé des écoles, qui dépendaient de la Mission Notre-Dame, qui était aussi l'Évêché.

L'apprentissage fut dur et déjà Eugène montra sa volonté et son courage. Une volonté qui se heurtait parfois à celle des autres, de son évêque en particulier. Eugène avait un humour et une certaine obstination qui ne plaisaient pas forcément à tout le monde : au bout de deux ans il se retrouva à Divénié, une mission située àla frontière du Gabon, en pleine forêt ; c'est là qu'il va rester vingt et un ans, avec divers confrères, tout aussi acharnés que lui à évangéliser les pauvres de ces forêts et savanes.

Puis, de 1977 à 1988, il réside à la mission de Mbinda, petite ville d'ouvriers de toutes origines, aboutissement du chemin de fer et du téléférique de la mine de manganèse du Gabon. Enfin, en 1988, il s'installe à Mossendjo, où il va continuer son ministère le long de la ligne de chemin de fer, essayant de doter les gares d'églises pour les communautés chrétiennes, qu'il s'efforçait d'affermir par son ministère toujours patient et tenace. Après une dernière construction, il accepta de voir sa vie africaine terminée : ses forces ne répondaient plus à tout le travail. Il voyait le clergé diocésain congolais prendre peu à peu la relève : il était temps de leur laisser le flambeau. - Ce sont les Soeurs du monastère de Parigné, tout près de chez lui, qui le recueillirent.

Eugène avait trouvé sa voie dans l'évangélisation des plus pauvres. Pauvre luimême, éduqué à cette vie de la campagne par son milieu familial, il se retrouvait à l'aise dans la forêt congolaise, pourtant hostile à bien des points de vue. Il aimait les jeunes des écoles ; il animait les catéchismes ; il passait de longues journées en tournées dans les plus petits villages. Très consciencieux, mais d'une sage lenteur, qui savait que ce n'est pas dans la précipitation que l'on conduit les gens de la forêt : il fallait le voir discuter avec les gens, toujours prêt à lancer une blague, à relever un détail pittoresque.

Peu attiré par les réunions de pastorale, il les subissait, tout en sachant intervenir efficacement, par l'expérience que les contacts profonds avec la base lui donnaient.

Eugène a toujours été le prêtre entièrement consacré à sa tâche de missionnaire des plus petits avec un acharnement qui était bien dans son tempérament de paysan breton. Il avait une grande foi, un profond amour de l'Eucharistie ; il a contribué à la vocation sacerdotale de onze prêtres qui sont sortis de sa mission de Divénié. Pour tous ses confrères, il reste l'exemple du prêtre heureux dans sa vocation de religieux missionnaire, ayant tout donné dans sa vie de chaque jour pour réaliser ce que le Seigneur lui avait demandé.
- Guy Pannier