Mgr Auguste FORTINEAU,
1873-1948


Mgr Fortineau naquit à Machecoul, le 17 janvier 1873, dans une famille profondément chrétienne. Il fit ses premières études au collège de l'endroit, qui était alors aux mains des Frères de Saint-Gabriel et qui n'avait que les classes basses. Un journal de la région fait remarquer que ce collège, aujourd'hui fermé, eut son temps de gloire. Il a donné de nombreux prêtres à l'Église et plusieurs évêques, dont Mgr Fortineau est le sixième. Pour un petit collège de village, c'est un résultat digne d'être remarqué. Il termina ses humanités à N.D. des Coëts à Nantes et entra au grand séminaire.

Après son service militaire, comme il voulait être missionnaire, un de ses directeurs l'adressa à la congrégation du Saint-Esprit ; il sollicita et obtint l'autorisation d'être admis à Chevilly, où il entra le 8 octobre 1895. Le supérieur du grand séminaire de Nantes écrivait à cette occasion : "M. Fortineau est un bon séminariste à tous points de vue. Il a, en particulier dans la vie courante, des ressources qui lui permettront d'être un excellent missionnaire." Mgr Fortineau, était en effet incomparable pour la pratique. D'une grande sûreté de coup d'œil il appréciait sainement les hommes et les choses. On l'a bien vu au cours de sa longue carrière.

Pendant ses trois années de théologie à Chevilly, il se fit apprécier par sa conduite et son travail intellectuel. Profès le 2 janvier 1898, il reçut la prêtrise le 5 mars suivant. Quelques mois plus tard, après sa consécration à l'apostolat, il fut envoyé en mission à Madagascar.

L'Église catholique avait érigé ses trois premiers diocèses dans l'île à la fin du XIXe siècle : celui de Tananarive, au centre, confié aux Jésuites en 1861 ; celui de Fort-Dauphin, au sud, aux Lazaristes en 1896 ; et celui de Diego-Suarez, au nord, en 1898 aux Spiritains. Le premier évêque nommé à Diégo-Suarez fut Mgr Corbet (ancien Préfet apostolique de Pondichéry). Le P. Fortineau fut un de ses premiers collaborateurs.

Il arriva en mission le 5 octobre 1898 et fut placé à Diégo même, comme aumônier de l'hôpital militaire. Il y resta quelque temps, puis fut chargé du ministère à Anamakia, tout près de Diégo. Cela dura environ deux ans. Le 22 août 1900, il était envoyé à Fénérive, centre d' une région productrice de girofle, à 600 km plus au sud. C'était vraiment la mission de ses rêves, à laquelle il devait se donner tout entier, et à laquelle il restera toujours profondément attaché. Cela se comprend, car c'est à proprement parler son œuvre. A son arrivée, il n'y avait rien ; quand il en repartit, 14 ans plus tard, il laissait une des missions les plus florissantes du pays. Il construisit les bâtiments d'habitation et une église, le tout fort présentable. Il ouvrit deux écoles, dont il confia l'une aux Frères de Saint-Gabriel, l'autre celle des filles, aux Filles de Marie de la Réunion. Il parcourait sans cesse les difficiles sentiers de son secteur, cherchant non sans succès à travailler l'esprit des gens et à les attirer vers la religion. Déjà il avait obtenu de beaux résultats ; la mission comptait parmi les plus prospères et pouvait être donnée comme modèle. D'une activité débordante, il songeait même à fonder une autre mission, non loin de là, à Imerimandroso. Déjà il avait jeté les fondations, et les débuts s'annonçaient bien, quand il fut rappelé à Diégo. Ses succès avaient attiré sur lui l'attention de son évêque qui voulut l'avoir près de lui, comme curé de la cathédrale. Il le fut en effet le 6 février 1914. Mais le vieil évêque lui manifesta tout de suite son intention de l'avoir comme coadjuteur. Cette nomination arriva de Rome le 25 juillet ... alors que Mgr Corbet malade venait de mourir quelques jours auparavant. Mgr Fortineau se trouvait ainsi investi de toute l'autorité, en qualité de Vicaire apostolique de Diégo-Suarez. Le 2 octobre 1933; Monseigneur Fortineau donne la soutane à deux grands séminaristes

Mgr Fortineau commença son administration au milieu des circonstances difficiles de la guerre et de la mobilisation d'un grand nombre de missionnaires. L'évêque paya de sa personne et plaça ceux qui restaient dans des postes centraux, d'où ils pouvaient mieux rayonner. A la fin de la guerre, si l'on n'avait pas fait de progrès, on pouvait du moins affirmer qu'il n'y avait eu de recul nulle part.

Après la guerre, deux juridictions nouvelles se partagèrent la moitié-ouest de son trop vaste territoire : le diocèse de Majunga en 1923 et celui d'Ambanja et Nossi-Bé en 1932. Mgr Fortineau avait ainsi plus de prise sur un territoire plus restreint, quoique encore bien vaste. On est étonné de voir la somme de travail accompli pendant les 20 années qui suivirent : la quantité de missions qu'il fonda ou fit fonder par ses collaborateurs : églises chapelles, écoles. Partout c'est un progrès incessant : Antalaha en 1921, Ambilobé en 1927, Maroantsetra en 1929, Vohémar en 1933, Sambava en 1935, Sainte Marie en 1936, Andapa en 1941. A 73 ans, il offrit sa démission en avril 1946. Il continua d'administrer le Vicariat jusqu'à l'arrivée de son successeur, Mgr Wolff, en février 1947.

Mgr Fortineau revint en France le 29 juin suivant, après 49 ans de présence à Madagascar. Il se rendit à Machecoul, sa paroisse natale, et mourut sans agonie dans sa famille le 9 février 1948, âgé de 75 ans. Une douce mort, après une rude combat pour l'évangile.

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