Le Père Jean FOURNEL,
décédé à Hyères, le 20 juin 1988, à l'âge de 75 ans


Le Père Jean Fournel est né à Tarare le 20 mars 1913 dans une famille profondément chrétienne ; il était le deuxième de huit enfants. Après avoir étudié au Séminaire de Lyon, il entra chez les Spiritains à 22 ans et fut ordonné prêtre en 1939.

En 1941 Jean part pour la Guinée où il remplira différents services de la mission : Vicaire, Curé, Supérieur du Petit Séminaire, Procureur du District. Ses lettres nous le montrent près du peuple, sachant écouter, accueillir, comprendre et aider. Pendant cette époque du régime colonial, il a souffert de certaines injustices et les a dénoncées avec vigueur.

Le ler juin 1967, comme tous les autres missionnaires, il est expulsé de la Guinée par Sékou Touré.

De 1967 à 1968, il fait un bref séjour à La Réunion, puis de 1969 à 1976 aux "Abymes" à la Guadeloupe où il est particulièrement apprécié de tous, paroissiens et confrères, essayant de renouveler un travail pastoral classique. Mais il est intérieurement insatisfait et va vivre quelques années difficiles - le grain de blé, le mystère pascal - Voici quelques extraits d'une longue lettre de 1975 à son Provincial où il fait part de sa réflexion :

"Dans cet apostolat quotidien - catéchèse et profession de foi - baptêmes et mariages - mourants - visites des malades - j'ai vraiment l'impression de passer à côté des vrais problèmes des gens et particulièrement des jeunes : chômage (taux très fort en Guadeloupe), la situation économique et sociale trop de compromissions avec les gens en place qui, souvent et inconsciemment, favorisent de graves injustices .... Je suis en contradiction avec mes engagements, ce qui m'habite au plus profond de mon cœur. Si l'Église accepte l'injustice, ce n'est plus l'Église de Jésus Christ. Si l'Église dépouille les pauvres et les empêche d'œuvrer vers un meilleur partage des biens, ce n'est plus l'Église de Jésus Christ.

"Je suis parti pour vivre avec les gens, et chez eux vivre la mission, annoncer Jésus-Christ Certes, j'ai logé dans leurs cases, j’ai mangé avec eux, j'ai construit des chapelles, mais cela est bien peu de choses. Je me sens un bien pauvre serviteur, infidèle au réalisme de l'Évangile.

Quelle que soit la forme que prendra l'Église, c'est toujours la charité du Christ qu'il nous faudra vivre et c'est toujours à l'Église du Christ que je resterai attaché. Si je quitte la Guadeloupe, ce n'est pas un abandon, mais un nouveau départ."

On sent, à travers sans doute quelques excès, une recherche passionnée de vérité. Après un temps de réflexion et de recyclage, il est accueilli dans le Var par Monseigneur Barthe qui le nomme curé de Varage, en septembre 1978.

En 1984, Monseigneur Madec le nomme à Garréoult. La flamme missionnaire ne l'a pas quitté : il vit pauvre, proche des gens, très présent à ses paroisses, allant voir tous les paroissiens chez eux jusqu'à la limite de ses forces, repoussant l'hospitalisation pour pouvoir faire la profession de Foi, allant voir les 21 familles des communiants.

A la clinique de l'Espérance à Hyères, accueillant, lucide, optimiste, abandonné : "A la grâce de Dieu". Jean, merci pour ton magnifique témoignage de croyant et de serviteur de l'Évangile, d'ami du Christ. Tu es maintenant dans la joie de ton Maître, mais tu nous redis, par toute ta vie, qu'il n'y a pas de vie féconde à bon marché dans la facilité : le grain qui tombe en terre doit mourir pour porter du fruit. Prie pour nous : que nous te suivions sur ce beau chemin du service de l'Évangile pour la VIE des hommes !
René Pillot

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