Le Père Paul FRANKOUAL,
1864-1928.


Paul Frankoual est né à Gramat, le 13 novembre 1864. Il s'agit de ce scolastique dont il fut parlé à la mort du P. Taubé.

Voici comment il se présente, le ler janvier 1881, dans sa lettre de demande d'entrée dans la congrégation : " Il y a cinq ans environ, le bon et regretté Père Delclaux, alors seulement grand scolastique, vint passer le temps des vacances au sein de sa famille. Comme nous étions voisins d'habitation, j'eus l'occasion de m'entretenir souvent avec lui et d'admirer la simplicité et la bonté de son cœur. Ce fut dans ces petits entretiens qu'il me fit connaître la congrégation du Saint-Esprit et me parla de ses missions. Dès cette époque, je me sentis fortement poussé vers la vie de missionnaire. Dans l'ardeur même de mon zèle, je sollicitai de mes Parents la permission de partir aussitôt avec le Père Delclaux ; mais à cause de ma trop grande jeunesse, je dus me résigner à attendre. Néanmoins ce vif attrait que m'inspiraient les missions ne fit que s'accroître, et lorsque, quelques années après, ce même Père revint dans sa famille, je pressai plus vivement mes parents, et j'obtins enfin le consentement si désiré."

C'est sa mère qui écrivit au supérieur général : " Après avoir déposé à vos pieds l'hommage de mon profond respect, je viens donner mon libre consentement à ce que mon cher fils Paul Frankoual s'engage dans votre congrégation. Je ne puis avoir d'autre volonté que la sienne quand il s'agit de sa vocation, et je le crois aussi de son bonheur. Je vous le donne, ce cher enfant, et quoi qu'il y ait de déchirant pour le cœur d'une mère, dans ce sacrifice, je le fais volontiers, dans la pensée que c'est au bon Dieu que je le donne en vous le donnant, et qu'il trouvera chez vous, Monsieur le Directeur, tous les dévouements et toute la tendresse d'une mère, mère très digne et très vénérée. Cher père, merci de tout ce que vous avez bien voulu faire pour mon enfant jusqu'ici, et merci d'avance pour tout ce que votre bonté paternelle lui réserve pour l'avenir. " Cette lettre est signée : Marie Bonhomme, veuve Frankoual.

Bon élève, pieux et discipliné, Paul Frankoual suivit le cours de ses études sans problème à Cellule, Chevilly et Orly. Il fut ordonné prêtre à Chevilly en 1887 et fit sa profession religieuse à Orly en l888.

Celui que ses confrères taquinaient comme trop fragile pour aller en Afrique, trouva le moyen d'y accomplir d'abord trois séjours de six années, en surmontant toutes les difficultés par une confiance totale en la Providence et une amitié sincère avec les africains. "Je suis dans une grande joie de me trouver au milieu des pauvres noirs ; le Seigneur a voulu que je fusse chargé du petit séminaire de Landana, eh bien, que sa Sainte Volonté soit faite ; l'instrument est bien faible, mais Dieu est le Maître, je n'ai qu'à me soumettre. Je sens plus que jamais qu'il faut s'abandonner totalement entre les mains du Bon Dieu, car ainsi on est toujours heureux... Il faut avoir de la patience et encore de la patience, il faut répéter souvent les mêmes choses et aller tout lentement, en un mot savoir être missionnaire ... Je me livre autant que je puis à l'étude de la langue du pays, je ne la trouve pas trop difficile. J'apprends tout d'abord le fiote, la langue locale ; je me livrerai ensuite plus sérieusement à l'étude du portugais. Je me dis que la langue des noirs doit passer avant tout, mais cependant je fais tous les jours un peu de portugais, d'autant plus que mon patois gascon me sert beaucoup, et je crois que j'apprendrai le portugais assez facilement... Pour le moment je me porte bien ; j'ai été un peu souffrant à Pâques, j'ai gardé le lit pendant 3 ou 4 jours, mais c'était la fatigue de la semaine sainte ... Je n'ai jamais eu de difficultés avec mes confrères, et je pense que Dieu me préservera de cela, car on est véritablement heureux en Afrique quand on sait souffrir ensemble pour l'amour des âmes Tel est son style, direct, simple et généreux.

Ses deux premiers séjours furent consacrés au Congo portugais le premier au petit séminaire de Landana ; le second au ministère dans les missions de Landana, Cabinda et Loanda. Son troisième séjour le fixa dans la même région, mais au Congo français. Il fut tout d'abord professeur de théologie au séminaire de Loango, puis curé de la ville et procureur du Vicariat apostolique, sous les ordres de Mgr Carrie puis de Mgr Dérouet. En 1907, il fut retenu en France, comme supérieur de la communauté spiritaine de Marseille. Il y resta cinq ans.

En 1912, Mgr Le Roy, supérieur général des spiritains. écrivait à l'Abbé cistercien de N.D. d'Aiguebelle (Drôme): "Depuis de longues années, le P. Frankoual aspire à une vie de recueillement, de silence, de prière et de pénitence, telles qu'on les trouve à la Chartreuse ou à la Trappe. Il m'a demandé d'aller essayer, et je le lui ai permis."

L'essai fut concluant. Le P. Frankoual devenu Père Marie Bruno, fut aumônier des Trappistines de Blagnac près de Toulouse, puis de celles d'Echourgnac en Dordogne. Il s'est endormi pieusement dans le Seigneur à Aiguebelle, le 16 février 1928. BG, t. 33, p. 586.

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