Le Père Jules FRÉTO,
décédé à Misserghin, le 15 avril 1919,
à l'âge de 42 ans.


Jules Fréto naquit à Nantes, le 21 octobre 1877. Après ses études secondaires à l'école apostolique de Poitiers, il entra au scolasticat de Chevilly en 1895. Il fit profession le 2 janvier 1898, fut ordonné prêtre le 29 mars 1902 et, le 10 juillet de la même année, à la consécration à l'apostolat, il reçut son obédience pour la mission de l'Oubangui.

Il y remplit différentes fonctions, à Brazzaville, à la mission de Nkoué, sur le vapeur du vicariat, le Léon XIII, à Sainte-Radegonde de l'Alima. Il se signala par son goût pour les langues et par son zèle apostolique. Par une forme de son tempérament, il se refusa toujours tout ce qui lui parut un confort, une aise, un adoucissement matériel quelconque. Ce fut, par excellence, l'homme dur à lui-même, mais sans rien de morose, bien au contraire.

Il y eut d'autant plus de mérite que sa santé ne tarda pas à s'altérer. Une prédisposition physique le voua à la bilieuse hématurique : il en fit successivement une bonne demi-douzaine dans son premier séjour en Afrique (1902-1908), puis deux nouvelles pendant son séjour en France. À chaque fois c'était le danger de mort. À 30 ans, il battait le record de l'extrême-onction qu'il avait reçu huit fois. Mais il ne s'en faisait pas pour cela et passait de la mort à la vie, puis, de là, à un nouveau danger, avec une placidité inaltérable, évidemmnet appuyée sur une piété discrète mais très profonde.

Il fallut néanmoins le changer de mission. Après quelques mois de congé en France, embarqué en 1909 pour le Gabon, il y tomba dans une des postes les plus durs, à la mission des Trois-Epis, au milieu des montagnes du Ngoumié.

Un an ne s'était pas écoulé, qu'il tomba malade et fut évacué sur Ndjolé, où le médecin diagnostica une attaque de tétanos, et réussit à le tirer d'affaire. Il prit alors deux mois de repos sur la côte puis reprit ses fonctions à travers les chemins du Moyen-Ngounié. Il revint en France un peu avant la guerre.

Les événements de 1914 en firent un soldat d'une endurance exemplaire, d'abord infirmier dans les hôpitaux de l'arrière, puis brancardier, plus près du front. Mais, aucours d'une permission, à Nantes, le P. Fréto tomba par une trappe au fond d'une cave. On le releva très meurtri. Au cours des soins qui lui furent donnés, on diagnostiqua une tuberculose et il fut mis en réforme.

Il essaya de reprendre du service au Gabon, mais ce fut en vain : il lui fallut rentrer en Europe et se résigner à vivre dans l'attente de la mort sous le ciel plus clément d'Algérie, à Misserghin. Le 15 avril 1919, après une dernière extrême-onction (vraisemblablement la treizième), en pleine connaissance, le P. Fréto décédait au milieu de regrets unanimes et touchants. -
BG, t. 39, p. 369.

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