Le Père René Jean GAILLARD

Né : 11 avril 1924 1922 à Champeaux (50);
Profès : 05 octobre 1943 à Piré sur Seiche
Prêtre: 07 octobre 1951 à Chevilly;
Décès 30 mars 2015 à Chevilly (94)

AFFECTATIONS :
MADAGASCAR:
Ambilobe (52-58; vicaire puis curé); Andapa (58-69; Curé); Joffreville (69-75; Supérieur principal); Mananara Nord (75-87; curé); Vavatenina (87-2003; vicaire ou curé); FRANCE: Chevilly (2003-2015; Retraite).

René GAILLARD, éduqué dans le rude environnement de la mer de Champeaux, gardera toute sa vie cette intrépidité au service d’une intelligence brillante, d’une activité incessante et d’une profondeur spirituelle communicative. C’est un titan de la Mission.
Son premier contact avec l’Ile Rouge, à Ambilobe, ne fut pourtant pas des plus faciles, au moment des courants d’indépendance qui agitaient Madagascar, où les massacres de 1947 avaient laissé de profondes cicatrices. Il sera même pris à partie par des mouvements d’inspiration communiste et largement critiqué pour son intransigeance. Il n’aimait pas trop qu’on rappelle les positions conservatrices de ses débuts.
Sa pleine mesure, il va lui donner libre cours à Andapa, où interpellé par le Concile et le passage à l’Indépendance, il travaillera à doter le diocèse, et par la suite d’autres diocèses, d’un catéchisme et de livrets d’accompagnement des catéchumènes qui sont encore en usage soixante ans après. Il était devenu la mission pilote : tous les jeunes spiritains arrivant à Madagascar faisaient leur stage avec lui. Ces années fécondes de missionnaire lui serviront longtemps de référence dans ses postes successifs. Le synode diocésain de 67, dont il fut une des chevilles ouvrières, consacrera son œuvre pastorale.
En 69, nommé Supérieur Principal de Madagascar, il en déplacera le siège à Joffreville, ayant quelques difficultés avec le diocèse de Mahajanga, et la pastorale peu compatible avec ses convictions. Inlassablement il parcourra au volant d’une increvable «méhari», toutes les missions des deux diocèses, toujours prêts à discuter: en coopération à Marovoay je me rappelle avoir rencontré ce missionnaire «qui décoiffe»!
Après son service comme supérieur, il retourne sur la Côte Est, à Mananara Nord, où ses talents de pêcheur et de jardinier lui permettront de subsister de justesse. Privé de son compagnon pour cause d’accident, on me demanda de lui tenir compagnie pendant 3 semaines… J’ai apprécié la cohérence profonde de vie et la puissance de travail de ce quinquagénaire sans arrêt en mouvement. Contraint de vivre avec de jeunes prêtres diocésains, il dut faire face à de nombreuses critiques, souvent partisanes, qui lui sapèrent quelque peu l’optimisme.
Et enfin, Vavatenina, où il retrouve une communauté spiritaine, chose indispensable pour lui. Il retrouvera son rôle de locomotive, menant de pair une activité pastorale énorme, une ferme, un jardin, un atelier de menuiserie… On avait du beurre et du fromage local! Et il n’en était pas peu fier. Mais la santé faiblissait.
En 2003, un vilain cancer à la mâchoire l’obligea à rentrer. Commença alors son long séjour à Chevilly, où son brillant esprit fut sollicité maintes fois pour les archives et divers travaux de recherche. Il continuait de nous envoyer ses circulaires où perçait toujours son optimisme réaliste. René restera un monument de la vie spiritaine; il transpirait cette force tranquille et cette solidité que seules peuvent donner une vie spirituelle et une disponibilité à l’Esprit de tous les instants. Il a traversé toutes les grandes mutations de ces années : Indépendance, Concile, malgachisation de l’église, dans la paix avec un regard de foi critique mais plein de confiance.
Jean-Michel JOLIBOIS
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