Le Frère Jérôme (Joseph) GAUDIN

Né : le 13/08/1922 à Marmande (35)
Profès : le 12/09/1953 à Piré
Vœux perpétuels : 08 /09/1959 à Piré ;
Décédé : le 06/08/2013 à Chevilly-Larue (94)

AFFECTATIONS :
FRANCE:
Chevilly-Larue (53-76); ALGERIE: Misserghin (76-77) FRANCE: Chevilly-Larue (1977-2013)

C'est à l'âge de 12 ans que Jérôme entend l'appel à être missionnaire lors du passage d'un spiritain, le P. Besnard, qui fait des projections sur Madagascar dans son village. Il a échoué au certificat d'études. Aîné d'une famille nombreuse dans une ferme, il quitte l'école âgé de 12 ans; et prend sa place auprès de ses parents. Le travail est dur. Il apprend le métier sur le tas, mais aussi en suivant des cours par correspondance pour avoir droit aux allocations familiales. Alors "l'appel" de partir à Madagascar s'évanouit. Il l'oublie, tout occupé au travail à la ferme jusqu'à 20 ans. Il participe assidument à la vie de la paroisse le dimanche mais aussi en semaine. Survient la guerre 39-45. Il part faire le STO pour ne pas faire courir de risque à sa famille… et travaille 14 mois dans une mine de charbon en Rhénanie, et près d'un an dans deux fabriques près de Cologne et de Dresde.
Il a vu l'horreur de la guerre avec tous ses désastres et la haine qui n'en finissaient pas, écrira-t-il. Sa foi de chrétien ne pouvait s'alimenter, mais elle a beaucoup mûri. Il écrira : "Je n'ai plus de respect humain pour aller aux célébrations…". Tout ce qu'il a vécu l'a beaucoup remué et lui a donné d'importants sujets de réflexion. Il reprend sa place dans sa famille et s'interroge sur son avenir.
Finalement, il frappe à la porte de l'école des frères spiritains à Piré sur Seiche. Il a 27 ans. La séparation d'avec la famille est difficile. Son départ de la maison a lieu au moment où deux de ses sœurs entrent aussi chez les Sœurs de la Miséricorde de Sées. La famille voit 3 de ses enfants partir en quelques mois…
Après le postulat et le noviciat, Jérôme s'engage comme spiritain en septembre 1953. Il a choisi comme prénom de religieux Jérôme Emilien et il y tenait pour son souci des petits, des orphelins. Envoyé au triennat de Chevilly, il passera près de 60 ans au service de cette maison, sauf une année à Misserghin, en Algérie en 1976-1977. Il donnera de sa personne dans divers services : la ferme, la vaisselle, les plantations d'arbres fruitiers et l'apiculture avec le suivi d'un rucher durant 30 ans.
Au dehors, Jérôme se lance dans un compagnonnage avec des familles originaires des pays du Maghreb. Il se lie d'amitié avec ces familles sur Chevilly et se lance dans une action de diffusion de la presse chrétienne pour éveiller les personnes rencontrées aux valeurs auxquelles il croyait: Le Pèlerin, La Vie, Famille chrétienne, Panorama, la France Catholique…: Combien de centaines de ces journaux n'a-t-il pas distribué depuis 1965, toujours en tournée avec son vieux vélo ? Il s'autofinançait grâce à la vente massive du calendrier spiritain…
Jérôme était un homme travailleur, infatigable, créatif, habité d'un zèle missionnaire brûlant, qui n'hésitait pas à témoigner de ses convictions. Un confrère soulignait : "Jérôme apparaissait comme un homme incroyablement zélé et missionnaire, d'un zèle mêlant force et candeur, pas toujours très éclairé, mais animé d'une grande foi qu'il 'défendait' avec force dans des discussions passionnées".
Homme en tenue de service, chaque soir, après le repas de la communauté, Jérôme traversait la salle à manger avec son chariot pour desservir les tables : assiettes, plats, couverts étaient ramassés et dirigés vers la vaisselle. La veille de sa mort, le 5 août, Jérôme a encore accompli ce service… Et le lendemain, c'est le Seigneur de la Transfiguration qui l'a accueilli pour le servir en lui disant : "et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître".
Marc SOYER
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