M. DOMINIQUE DE GLICOURT
(1741-1807)


Originaire d'Allenay, en Picardie, ou il naquit en 1741, M. de Glicourt est le premier membre de la Société du St-Esprit qui soit allé en Mission. Jusque-là, en effet, on n'y avait envoyé que les prêtres formés an Séminaire. Il était réservé à M. Bec­quet de réaliser par les enfants de M. Poullart des Places les désirs d'évangélisation lointaine qui, de bonne heure, avaient fait battre le cœur du saint fondateur.

Par lettres patentes du roi, publiées en juillet 1777, la Communauté du St-Esprit venait d'être chargée du soin spirituel de la Guyane française. C'était l'époque où l'abbé Robillard, premier Préfet apostolique que M. Becquet avait fait passer à Cayenne, était en difficulté avec l'Administration. Le supérieur du Séminaire du St-Esprit désigna pour cette Mission deux membres de la Société : MM. de Glicourt et BerLout, également désireux et impatients de se dévouer à l'apostolat. Dans la pensée du Supérieur général, M. de Glicourt était destiné à remplacer M. Robillard, tandis que M. Bertout aurait la direc­tion de l'habitation offerte par le Gouvernement pour le soutien de la Mission. Les deux missionnaires quittèrent le Séminaire du St-Esprit le 9 mars pour se rendre au Havre, où, ils devaient s'embarquer a bord de la Mère-de-Famille, navire de la « Compagnie d'Arrique ».On ne leva l'ancre que le 24 avril. Avant de se rendre à Cayenne, le bàtiment devait relàcher à Gorée pour y prendre 200 nègres, destinés à la colonie de la Guyane. A peine sortis de la Manche, les voyageurs furent assaillis par une tempête furieuse qui ne dura pas moins de deux jours et deux nuits. L'orage passé, un vent favorable faisait présager une prompte et heureuse navigation. Le 20 mai, on était en vue des côtes d'Afrique. Le capitaine cherchait à reconnaître le cap Blanc, sur la côte du Sahara, quand le navire, toutes voiles dehors, et poussé par une forte brise, toucha tout à coup un banc de sable. C'était un naufragel De cette catastrophe et des événe­ments qui la suivirent, M. Bertout nous a laissé une longue et intéressante relation : nous la résumerons ici.

Conscients du danger, MM. de Glicourt et Bertout, aussitôt, se donnèrent mutuellement l'absolution. Ensemble ils firent le sacrifice de leur vie et sans retard rejoignirent les gens du bord afin d'offrir à tous les soins de leur ministère. Plus ou moins spontanément, tous voulurent en profiter; un seul leur opposa un refus obstiné. Ils se mirent ensuite à l'oeuvre avec les mate­lots pour tenter un sauvetage. On essaya vainement de dégager le bateau : il ne fallut plus songer qu'à sauver l'équipage et les passagers.

Après plusieurs essais héroïques mais infructueux, après une nuit d'angoisses mortelles et de tentatives de tout genre où sont perdues l'une après l'autre les embarcations du bord, on réussit, avec les débris du navire, à monter un radeau auquel on adjoint un canot, arraché finalement à la fureur des flots. Une partie du personnel devait en profiter pour gagner la terre ferme : les autres attendraient qu'on vînt les chercher. Cette espérance ne devait point se réaliser. Sur 29 naufragés, 17 seu­lement échappèrent à la mort : nos deux missionnaires furent du nombre.

Toujours ballottés par les flots et sans cesse exposés aux pires catastrophes, ces infortunés mirent deux jours à atteindre la terre ferme. Mais, au lieu du continent qu'ils pensaient rejoindre, ils échouèrent sur les bords des îles d'Arguin, au­ dessous du cap Blanc. Ils tombèrent aux mains des Maures, maîtres farouches de ces côtes d'Afrique.

La férocité bien connue de ces populations donnait à crain­dre pour la vie des naufragés. Nos deux missionnaires renou­velèrent à Dieu le sacrifice de leur vie et abandonnèrent leur sort à sa Providence. Aussi bien, n'y avait-il aucun moyen d'échapper au danger.

Sous les yeux et avec la complicité de leur chef, Sidy-Mohammed, les Maures commencèrent par dépouiller leurs captifs, leur enlevant à peu près tout ce que ceux-ci avaient pu arracher au naufrage. Sans parler des mauvais traitements de leurs maîtres, les malheureux eurent à souffrir toutes sortes de privations et de misères pendant les trois semaines que dura leur séjour dans ces îles. Les deux prêtres soutinrent le courage de leurs compagnons d'infortunes, ranimant leur confiance en Dieu et les consolant de leurs malheurs par l'espérance d'une libération.

Enfin, Sidy-Mohammed les conduisit sur le continent, et après s'être noblement refusé à les laisser partir en captivité aux mains de marchands avides, ils les dirigea au sud, sur le cap Mérik. Le trajet se fit en barque, le long des côtes. Du cap Mérik, on gagna à pied la baie de Portendick, située à environ 24 lieues de là ; deux jours y suffirent. Les captifs devaient être remis à la disposition du roi Ali-Koury, grand chef des Maures, et celui-ci traiterait de leur rachat avec l'un des vaisseaux européens qui faisaient souvent escale dans la baie.

Cette perspective, si souriante à nos deux missionnaires et à leurs compagnons, leur ménageait une cruelle déception. Ils ne trouvèrent à Portendick ni le roi Ali-Koury, ni le vaisseau européen sur lequel ils comptaient.

Après un arrêt de quelques jours, nécessaire à la réfection des forces, il fut décidé que l'on irait jusqu'à St-Louis du Séné­gal. La course reprit à travers le désert, sous la conduite, non plus de Sidy-Mohammed, mais du chef de la contrée, Mocklar.

Contrairement aux espérances des premiers jours, ils devraient avec lui, pendant de longues semaines encore, retrouver leur vie de fatigues et de privations, avec les alertes et les incertitudes de la première étape.

Avant d'arriver en vue de St-Louis, les naufragés eurent à signer les conditions de leur mise en liberté. La discussion fut longue ; enfin il fut convenu que les officiers et les deux mis­sionnaires donneraient chacun l'équivalent de mille livres, en fusils, pistolets, pièces de guinée, etc., et que chaque matelot serait taxé de cinq cents livres, tout cela, sans compter les présents à faire à tous les chefs de la caravane.

Satisfaits de leur succès, les Maures se remirent en route. Ils furent bientôt rejoints par Aly, l'envoyé du roi Ali-Koury. Celui-ci fut plein de prévenances, ayant reconnu dans la caravane un passager de Gorée, envers lequel des services anté rieurs l'obligeaient particulièrement.

Le 13 juillet, près de deux mois après le naufrage, on se trouvaiL enfin en présence de St-Louis. Les pourparlers avec le gouverneur anglais de la place durèrent plusieurs jours, pendant lesquels les pauvres missionnaires et leurs compagnons connurent tout l'ennui des pires incertitudes. Les conditions exorbitantes des Maures faillirent tout compromettre : le gouverneur se refusait à les exécuter. Mais déjà les officiers de la place et les habitants de la ville avaient pris contact avec les naufragés. Émus de leurs malheurs, ils avaient mis un empressement admirable à les soulager ; la présence notamment des deux missionnaires provoqua les plus vives sympathies.

Les instances concertées des Européens impressionnèrent le gouverneur ; tandis que la crainte de voir leurs captifs leur échapper sans aucune rançon, et l'impossibilité où ils se trouvaient de les reconduire au désert, amenèrent les Maures à tempérer leurs exigences. Finalement, deux pièces de guinée pour chaque homme resta l'unique condition de la libération des survivants du naufrage de la Mère-de-Famille.

M. de GlicourL et son compagnon, M. Bertout, furent accueillis avec enthousiasme par les habitants de St-Louis. Bien que, depuis vingt ans, ceux-ci fussent sous la domination anglaise, ils avaient obtenu, de par l'acte même de la capitulation, le libre exercice de la religion catholique, à laquelle ils appartenaient pour le plus grand nombre. Mais, privés du ministère du prêtre, ils étaient. depuis longtemps livrés à eux-mêmes, et, sous la direction de l'un d'eux, M. Thévenot, considéré comme le chef de la religion, ils pratiquaient de leur mieux les obligations de leur foi. Aussi les deux prêtres eurent-ils fort à faire au milieu de ces fidèles accourus en foule auprès d'eux, sans distinction de nationalité. Baptiser, régulariser les mariages, donner à fous les secours religieux en leur pouvoir, furent pour nos deux missionnaires une ample compensation à leurs épreu­ves passées. On tenait à les garder quelque temps, et une requête fut adressée au gouverneur, M. Clarke, pour qu'il autorisât la liberté de leur ministère.

Le gouverneur, craignant sans doute un retour de l'influence française par l'action des deux prêtres catholiques, n'acquiesça point à leur demande. Il leur refusa de même le passage à bord des navires marchands en partance pour la France. On voulait les conduire à Gorée.

Si court que fût leur séjour à St-Louis, MM. de Glicourt et Bertout purent cependant se rendre un compte exact de la situation de notre ancienne colonie. Soixante soldats seulement commandaient la place. « Les habitants,, écrit M. Bertout, lors de la capitulation, avaient stipulé qu'ils ne prendraient jamais les armes contre la France. Leur patriotisme n'est pas encore éteint. Ils nous ont manifesté le désir de redevenir Francais. Leur principal grief contre les Anglais vient de ce que ceux-ci ne veulent pas leur donner de prêtres... »

« Le dimanche, jour de notre départ, continue la relation de M. Bertout, les habitants exprimèrent de nouveau le désir de nous voir dire la sainte messe; mais nous ne crûmes pas devoir enfreindre les ordres du gouverneur. Nous fûmes témoins de la manière édifiante avec laquelle ces fidèles catholiques sanctifiaient le dimanche. Sur les 9 heures du matin, on sonne la cloche, et tout le mondese rassemble chez M. Thévenot. La grande salle (qui servait d'église) se remplit aussitôt, et ceux qui n'y peuvent pénétrer se tiennent dans la cour. On chante d'abord l'Asperges, l'Introït, le Kyrie. L'un d'entre eux lit 1'Epître et l'Évangile. Malgré les instances de ces braves gens, nous ne pensions pas qu'il fût prudent de nous rendre dans leur salle. Nous savions que nos mouvements étaient épiés par les agents du gouverneur, et nous nous tînmes renfermés dans nos chambres. Après cette cérémonie, le gouverneur nous fit, avertir que nous avions à nous tenir prêts à partir pour midi. Toutes les notabilités vinrent nous faire leurs adieux et nous apportèrent, les uns des poules, des oeufs, du vin, de la bière ; les autres des canards, des cochons de lait, etc. Ils nous expri­mèrent les regrets que leur causait notre départ et voulurent avoir l'adresse de notre Séminaire, afin que, si les Français venaient à reprendre leur île, ils pussent nous écrire pour avoir des missionnaires. On nous conduisit jusqu'au rivage et on ne se retira qu'après nous avoir souhaité mille bénédictions. Mais si notre départ fit impression sur ces braves gens, nous ne fûmes pas moins émus de nous voir obligés de les abandonner. Nous avions recouvré la liberté au Sénégal, nous avions éprouvé les bontés de toutes ces personnes, et nous serions volontiers restés avec eux pour reconnaître tant de bienfaits : mais la Providence avait d'autres desseins, »

MM. de Glicourt et Bertout s'embarquèrent effectivement six jours après leur libération, le dimanche 19 juillet 1778, sur un navire de commerce anglais à destination de Gorée. Arrivés à la barre du fleuve, le capitaine y rencontra son frère, capitaine lui aussi à bord d'un bâtiment anglais : la Betsy, qui se disposait à partir pour l'Angleterre. A force d'instances, MM. de Glicourt et Bertout obtinrent leur passage sur la Betsy, petit navire jaugeant à peine 80 tonneaux.

Leur voyage, par suite du mauvais temps, dura neuf semaines. Deux fois, ils faillirent faire naufrage : sur le banc du cap Blanc qui fut le sinistre théâtre de leur premier désastre, et à la hauteur des Açores, où, au milieu d'aile tempête, il se déclara une voie d'eau dans leur navire. La maladie vint encore éprouver les matelots de la Betsy et, bien qu'affaiblis eux-mêmes par la dysenterie, ils se virent contraints de prendre part à la manœuvre. À l'entrée de la Manche, ils furent plusieurs fois exposés à être pris par des navires français.

Le 16 septembre, ils aperçurent enfin successivement Lezard­point, Falmouth, etc. ; mais le temps était mauvais, et le danger se présentait de tous côtés. Se trouvant au travers de 1'lle de Wight, la Betsy se dirigea vers Portsmouth. Nos deux passagers pensaient qu'on allait y relâcher et mettre pied à terre. Tel ne fut point l'avis du capitaine ; son intention était de se rendre à Londres par la Tamise.

Or, dans la nuit du 18, la Belsy fut abordée et prise par le Fuiet, corsaire français monté de 30 hommes et commandé par Ducassan.

Conduits au Havre, comme prisonniers de guerre, les deux prêtres devinrent immédiatement l'objet de la curiosité publique. Leur costume les fit d'abord prendre pour des clergy­men anglais. Accueillis avec défiance et dureté, ils furent, comme les Anglais du bord, placés sous la garde des soldats et conduits au Gouverneur qui les reçut assez mal. Reconnus enfin et délivrés, MM. de Glicourt et Bertout s'employèrent à adoucir le sort du capitaine de la Retsy, dont ils avaient expé­rimenté la bienveillance pendant la traversée. Grâce à leurs démarches, celui-ci fut relâché de sa prison et, rentré en pos­session de ses papiers personnels, il put retourner en Angleterre.

Nos deux missionnaires, rentrés à Paris le 26 septembre 1778, eurent bientôt l'occasion d'exposer au ministre de la Marine, M. de Sartine, la situation véritable du Sénégal. Celui-ci, vivement intéressé, leur promit de les faire passer prochainement à Cayenne... Un mois après, en effet, ils recevaient l'ordre de se tenir prêts à partir dans les huit jours. M. Bertout, obligé de subir une opération chirurgicale, céda sa place à M. Séveno, membre, lui aussi, de la Société du St-Esprit. Conformément aux instruc­tions du ministre, M. de Glicourt et son confrère se rendirent à Lorient. Les projets du Gouvernement leur étaient inconnus. Seules, les mesures prises pour équiper la flotte, jointes à l'empressement de M. de Sartine, firent soupçonner à M. de Glicourt qu'il n'irait point directement à Cayenne.

L'escadre, composée de 16 navires sous le commandement du Marquis de Vaudreuil, partit le jour de Noël. Le 18 janvier I779, elle jetait l'ancre en vue du cap Blanc, à une demi-lieue de la côte. C'est alors seulement que l'on prit connaissance des instructions du ministre. La flotte avait pour mission de s'emparer du Sénégal et de tous les comptoirs anglais établis sur la côte d'Afrique. M. de Lauzun, qui se trouvait à bord avec le Marquis de Vaudreuil, était nommé gouverneur des anciennes possessions reconquises. M. de Glicourt devait, selon les intentions du ministre, rester au Sénégal , il recevrait à cet effet un ordre du Roi.

Après avoir concerté le plan d'attaque, on remit à la voile, et, le 27 janvier, la flotte se présentait devant le fort de St-Louis. La résistance ne dura guère ; les Anglais, trop peu nombreux pour soutenir la lutte, arborèrent bien vite le pavillon blanc et se rendirent à discrétion. La population, fort éprouvée par la maladie et la famine, salua avec enthousiasme l'arrivée des Français, et M. de Glicourt arriva au fort de St-Louis le 30 janvier. Il fut reçu dans la ville au milieu de transports d'allégresse dont il fut vivement attendri. Son confrère passa à Gorée, et de là, sans doute, à Cayenne. Pour lui, logé chez M. Thévenot, entouré du respect et de la vénération de la population, soutenu et encouragé par la bienveillante protection du Gouvernement et de son administration, il reprit, sans retard, le ministère à peine commencé quelques mois auparavant. Le duc de Lauzun, proche parent de Mme de Rupelmonde, insigne bienfaitrice du Séminaire du St-Esprit, lui témoigna des égards tout particuliers.

M. de Glicourt passa 28 mois à St-Louis. Il tenait d'abord ses pouvoirs de juridiction de l'Archevêque de Paris, considéré alors comme chargé du soin spirituel des Colonies françaises.

Dans la suite, M. Becquet lui obtint de la S. C. de la Propagande le titre de Préfet apostolique.

De tous les documents où il est fait mention de lui, il résulte que notre vaillant missionnaire sut mériter l'estime et l'affection de tous, jusqu'à ce qu'une administration nouvelle et animée d'un esprit tout différent lui suscita des difficultés telles qu'il dut rentrer en France. Embarqué, le 25 mai 1781, il arriva à Paris 10 mois après seulement. Dans l'intervalle, il avait été retenu comme aumônier à bord du vaisseau La Victoire.

M. le Marquis de Castries, successeur de M. de Sartine, au ministère, lui octroya une indemnité en reconnaissance de ses services, et comme complément des appointements de Préfet apostolique du Sénégal.

En 1783, M. de Glicourt fut nommé professeur de théologie morale an Séminaire de Meaux.

Ses épreuves n'étaient pas finies. Pendant la Révolution française, sa conduite lui mérita le titre de confesseur de la foi : il eut, en effet, une large part aux souffrances de l'Église. Quand les révolutionnaires eurent pillé les bâtiments du Séminaire et profané sa chapelle, M. de Glicourt resta à Meaux avec deux autres prêtres afin d'assurer aux Fidèles les secours religieux. Pour obtenir l'autorisation de continuer l'exercice de son ministère, il avait cru pouvoir prêter, le 9-6 août 1792, le serment de « liberté et d'égalité », bien différent, on le sait, du serment à la Constitution civile du clergé [1](1). Cependant, en 1795, il fut saisi et conduit en prison avec M. de Château-Renard, vicaire général de Mgr de Polignac, évêque légitime de Meaux. Leur emprisonnement dura quelques mois seulement ; ils recouvrèrent bientôt leur liberté, à la grande satisfaction des fidèles. L'année suivante, l'église paroissiale de St-Rémy fut de nouveau ouverte au culte catholique : M. de Glicourt en devint pour ainsi dire le curé. Il adressa même, au mois de juillet l797, une demande à la municipalité de Meaux à l'effet d'obtenir le paiement de la pension qui lui était due, en vertu de la loi du 18 août 1792. La municipalité transmit cette réclamation à l'Administration centrale et y joi­gnit un avis favorable
(Cf. Registre de la municipalité de Meaux, (17 messidor an V – 5 juillet 1797).

Mais la persécution reprit alors avec violence, et, le 22 février 1799, M. de Glicourt et quatre autres prêtres exerçant avec lui le saint ministère dans l'église de St-Rémy furent arrêtés, brutalement incarcérés et condamnés à la déportation, sous le prétexte « qu'ils fanatisaient le peuple et se servaient de livres marqués d’emblèmes aristocratiques ». Bientôt, ces confesseurs de la foi furent dirigés sous bonne escorte, comme des malfaiteurs, sur l'île d'Oléron, sans autres étapes L'arrivée de Bonaparte au pouvoir, après les journées des 18 et 19 brumaire (9-10 octobre l799), amena la libération des prêtres détenus. Aussi, retrouvons-nous M. de Glicourt à Meaux en 1802. D'abord desservant de l'église St-Étienne, il fut, peu après, nommé Supérieur du nouveau Séminaire qu'il avait mission de reconstituer et prit rang, en cette qualité, parmi les chanoines titulaires. Il mourut en cette ville le 1er janvier 18017, à l'âge de 66 ans, laissant à tous, dit un biographe, le souvenir « d'un prêtre très zélé, éminemment vertueux et très éclairé

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[1] Ce fait est attesté par un extrait des Registres de Meaux, en date du 26 aout 1792

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