Le Père Antoine GOETZ
décédé à Strasbourg, le 10 juillet 1988, à l'âge de 65 ans


Le Père Antoine Goetz est né à Mussig (67) le 29 décembre 1922. A l'âge de 10 ans, il exprime le désir de devenir missionnaire et entre à l'École apostolique de Blotzheim. Au cours de ses études secondaires à Saverne et à Cellule, de 1935 à 1941, il est noté comme un élève doué. Après une année de noviciat à Cellule, Antoine prononce ses premiers voeux le 2 octobre 1942. Au terme de ses études de philosophie et de théologie et deux années de surveillance (1946-1948), il est ordonné prêtre le 2 octobre 1949 à Chevilly.

Au lendemain de la guerre, un renouvellement du personnel enseignant dans nos écoles était nécessaire et comme Saverne n'avait pas de professeur d'allemand officiellement reconnu, le Père Goetz fut nommé à cette fonction en 1950. L'école Saint-Florent allait l'accueillir pour 38 ans, c'est-à-dire pour le restant de sa vie. Ce sont d'abord les études universitaires à Strasbourg. Licencié-ès-lettres en 1955, il complète ses connaissances de la langue et de la littérature allemande par un cours d'été à l'université de Bonn où il réussit l'examen final avec la mention "très bien".

Puis il se met au travail avec acharnement, craignant de ne pas être à la hauteur de sa tâche. Il étudie pendant toute sa vie, parce qu'il estime n'être jamais suffisamment informé sur les questions qu'il traite. Grand lecteur, il accumule les notes, les documents, les résumés, les appréciations sur les livres qu'il a lus. Les rayons de sa bibliothèque ne suffisent pas pour accueillir tous les cahiers et les classeurs. Ajoutons qu'il avait une excellente mémoire, ce qui fait que lorsqu'on abordait avec lui n'importe quel sujet d'actualité, de littérature ou d'histoire, il avait toujours un mot, une précision à ajouter.

Dans ses jugements, il savait faire la part des choses, aussi n'est-il pas étonnant qu'avec un tel tempérament, il ait connu des inquiétudes de conscience, surtout au début de sa vie spirituelle. C'est instinctivement que les personnes inquiètes s'adressaient à lui pour la direction de leur âme.

Antoine était aimé et apprécié de ses élèves : les compliments qu'ils lui adressaient à l'occasion de sa fête sont autant de témoignages.

Avec la fermeture de l'école en 1973 apparaissent les premiers signes d'une faiblesse cardiaque, mais cette épreuve ne l'empêche pas d > 'exercer la fonction d'économe de Saverne, ni celle d'aumônier d'une communauté de Soeurs âgées de la région.

Au fur et à mesure que passe le temps, les crises se succèdent et font craindre pour sa vie. Le 20 février, il doit être hospitalisé d'urgence à cause d'une embolie. Le système artériel s'avère très défectueux et l'état des poumons est inquiétant. En dépit d'une opération réussie, la santé continue à se dégrader, pylore et intestins percés, amputation de la jambe droite un véritable chemin de Croix pour notre confrère ! Après une courte période d'accalmie au cours de laquelle il peut recevoir la communion, Antoine fait une congestion pulmonaire qui lui sera fatale : il meurt le 10 juillet. A la demande de sa famille, ses obsèques ont lieu dans son village natal; c'est là qu'il repose désormais.

Jusqu'au bout Antoine Goetz a fait preuve d'une force d'âme extraordinaire et ceux qui l'ont vu ont été impressionnés par son courage. Les quatre derniers mois de sa vie nous placent devant un véritable mystère, celui qui s'est déroulé dans son âme : mystère de la souffrance, ultime purification avant la grande rencontre, achèvement de l'offrande qu'il avait faite de sa vie, union au Christ qui, selon une lettre du Père Libermann " a prolongé miraculeusement ses souffrances avant de rendre l'âme, non par lassitude de la souffrance, mais parce que la volonté de son Père est consommée." (L. II, 223)
Charles WERLEN

Page précédente