Le Père Jean GOURDY,
décédé à Volvic, le 26 janvier 1905,
à l'âge de 38 ans.


Né à Volvic, le 29 septembre 1866, Jean Gourdy, après ses études secondaires au petit séminaire Saint-Sauveur de Cellule, passa deux ans au grand séminaire de Montferrand. De là, il demanda son admission dans la congrégation du Saint-Esprit.

Au noviciat d'Orly, il fut ordonné prêtre le 28 octobre 1890 et fit profession le 10 août 1891. Il reçut son obédience pour le vicariat apostolique du Haut-Congo français.

En 1893, il fut l'un des fondateurs de la mission de la Sainte-Famille des Banziris. Deux ans plus tard, Mgr Augouard lui confia la mission de Saint-Paul des Rapides. Après plusieurs crises de bilieuse hématurique, il prit, en France un repos d'une année. Il fut de retour à Bangui, au début de 1898.

Un de ses confrères raconte : « Le P. Gourdy se mit courageusement à l'ouvrage et, en moins d'un an, il termina la construction d'une belle chapelle. Lors de la révolte des Bondjos, il y eut de chaudes alertes avec, au bout, un drame terrible. Pendant plusieurs semaines il fallut veiller des nuits entères et le P. Gourdy donnait bravement l'exemple.

« A quelque temps de là, remontant à la Saint-Famille avec le F. Séverin et quelques Noirs, pour ravitailler la station, il vit la mort de près. On était à deux journées de la mission ; un matin, le F. Séverin, tandis qu'il poussait la pirogue à l'eau, fut attaqué par les Bondjos et massacré avec le Noir qui était à ses côtés. Le P. Gourdy allait subir le même sort : déjà on lui avait arraché son fusil et on le tenait en joue ; la Providence permit que le Noir, qui ne connaissait pas le maniement du fusil, ne pût faire feu. Le père réussit à s'échapper en se jetant à l'eau, puis, après avoir erré plusieurs jours dans la forêt, il revint à la mission. »

En 1903, le P. Gourdy ftt nommé supérieur de la mission de Lékéti. Le P. Donnadieu, qui l'y rejoignit, écrivait à son sujet : « Habituée au climat du Haut-Oubangui, sa santé, bien éprouvée déjà, le fut plus encore dans les sables blancs et brûlants de l'aride Alima.

« Tout par ailleurs, vu son activité, son dévouement sans bornes, devait contribuer à épuiser rapidement le reste de ses forces. À la station, tout était à reconstruire ; il n'y avait ni pierre, ni argile, ni calcaire dans le pays et il fallait chercher au loin, dans la forêt, le bois nécessaire. La main d'œuvre manquait aussi et le père dut se mettre lui-même au travail. Malgré tout, en dépit de la maladie, de la fièvre, il demeurait gai, serviable, plein d'entrain, prêt à se priver pour le bien de ses confrères. »

Cependant, le P. Gourdy s'affaiblissait et on fut obligé de le faire rentrer en France en mai 1904. Il espérait se remettre bientôt au bon air du pays natal, mais ses forces déclinant de plus en plus, il se rendit, à la mi-décemebre, à Paris, où ses supérieurs le firent entrer à l'hôpital Pasteur. Là, les médecins constatèrent la maladie du sommeil, par la présence des bacilles caractéristiques ; mais elle était trop avancée pour laisser quelque espoir de guérison.

Sa mère, apprenant la gravité de son état, vint aussitôt à Paris et, après consultation du médecin, elle demanda avec insistance de le ramener à Volvic. C'est là, que, le 26 janvier 1905, il rendit le dernier soupir. -
BG, t. 23, p. 167.

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