Le Frère Donat GROSDEMANGE
décédé à Chevilly, le 18 décembre 1987, à l'âge de 76 ans


Raymond GROSDEMANGE est né à Cornimon, dans les Vosges, le 6 juin 1911. A la fin de ses études primaires, c'est tout naturellement, pourrait-on dire, qu'il s'insère professionnelle­ment dans le secteur industriel de cette région : les filatures. Il y travaille comme "soigneur de cardes". En 1926, à 15 ans, il est victime d'un grave accident de travail qui nécessite une am­putation importante à la main droite. Il assumera avec beaucoup de courage et de dignité ce gros handicap physique jusqu'à la fin de sa vie.

Guidé et soutenu par le vicaire de sa paroisse, son désir de se consacrer à Dieu mûrit lentement, et il entre au postulat des Frères à Chevilly en 1932. Il se met sous le patronage de Saint Donat, un moine ayant vécu dans son pays natal au VIè siècle. Il fait profession à Chevilly le 9 septembre 1933, et reçoit comme obédience la fonction de portier.Il exercera cette activité toute sa vie, et ce sera pour lui un véritable "ministère" : 5 années à la rue Lhomond, 11 à Bordeaux, 1 à Mortain et à Lille ; mais ce sera surtout à Chevilly qu'il assumera cette responsabilité et y donnera toute sa mesure pendant près de 40 ans.

A son grand regret, à cause de son infirmité, il n'aura pas la joie de connaître la "Mission" outre-mer. Ce fut pour lui un très gros sacrifice, et il en parlait parfois avec regret. Mais SPIRITAIN, RELIGIEUX MISSIONNAIRE, il fit de sa loge de portier le cadre de sa vie religieuse et missionnaire.

Profondément religieux, il vivait dans l'intimité du Sei­gneur et de la Vierge Marie, ayant fait, en quelque sorte, de son local de fonction, son "oratoire particulier". Il y priait beau­coup. Qui, rentrant tardivement, ne l'a surpris à genoux dans sa loge, récitant ses prières de règle dans ses vieux livres aux­quels il tenait tant ? Certes, sa prière communautaire en souf­frit et il eut du mal à accepter les réformes liturgiques issues du Concile. On ne vit pas d'une façon habituelle, dans une relati­ve solitude, sans organiser son rythme de vie selon ses vues et à Sa mesure ; mais jamais, cependant, il ne se réfugia dans une vie religieuse qu'il aurait bâtie selon ses seules vues personnelles. Missionnaire, il le fut également dans l'espace exigu de sa loge. Il fut, durant des décennies, pour tous ceux qui venaient à Chevilly, ce qu'on pourrait appeler le "visage du Séminaire des Missions". Visage qui n'était certes que le sien, mais dont les traits essentiels étaient une disponibilité sans limite, et un accueil sans réserve, au-delà même parfois du raisonnable. Il ar­rivait que son vigoureux tempérament de vosgien se manifestât d'une façon assez vive dans certains mouvements d'humeur, mais il s'efforçait de la maîtriser. Et si parfois le "vieil homme" s'em­portait, il venait avec humilité s'en excuser.

Le Frère Donat Grosdemange a voulu toute sa vie, à l'exem­ple de son Maître, être lui-même le "serviteur de ses frères". on peut penser que le Seigneur, l'invitant à le rejoindre définiti­vement dans la nuit du 18 décembre 1987, l'ait accueilli par ses paroles : "Viens, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Maître".

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