La vocation d’Édouard a germé, disait-il lui-même, sur une ‘terre fertile’ : six
jeunes de son village sont devenus spiritains, lui en dernier. Après quatre
années d’études et deux d’apprentissage de la menuiserie à l’école de
Neufgrange, il fait le noviciat, puis deux années de service militaire en
Algérie. À son retour, on lui dit : « Avant de mettre en place portes et
fenêtres, il faut monter les murs ! » Il s’inscrit donc à un stage de
maçonnerie. Affecté dans l’équipe volante d’entretien en France, il a l’occasion
de passer dans plusieurs maisons de la Province.
En 1964 son rêve se réalise
; il part dans l’Océan Indien : Rodrigues, Île Maurice, Madagascar, où il
s’occupe de constructions et de réparations. Édouard retrouve la France en
1974 : le voilà diffuseur de l’Écho et des calendriers. Selon sa propre optique,
diffuser veut dire visiter zélateurs, abonnés, familles et amis des confrères
missionnaires, régler au mieux les problèmes d’abonnements, de réabonnements,
chercher des remplaçants aux zélateurs malades ou âgés, etc. Pour tout cela, il
faut persévérance et simplicité. Puis ce sont sept ans à l’accueil de la Maison
Mère à Paris. Édouard retrouve ensuite Neufgrange et le service de diffusion de
l’Écho et des calendriers. Les kilomètres ne lui font pas peur ; Neufgrange
fermé, c’est à partir de Saverne qu’il vient sillonner la Moselle. Généralement
bien accueilli dans les familles, il devient l’ami de beaucoup, qui l’invitent
souvent à leur table. Il connaît vraiment les zélateurs, abonnés et amis visités
dont il partage joies, peines et difficultés. Le temps passé au volant lui
permet de les porter dans la prière.
J’ai travaillé trente ans avec Édouard.
Au départ je n’étais qu’un sous-fifre et il avait pris l’habitude de dire que
j’étais ‘sa’ secrétaire ; je lui répondais en riant : « Je n’appartiens à
personne sinon au Bon Dieu ! » Il avait du caractère, mais je suis sûre que ses
réactions parfois vives cachaient une grande sensibilité. Combien de fois ne
m’a-t-il pas dit : « Personne ne comprend le travail que je fais. ». Il savait
se réjouir d’une visite, d’un sourire, d’un échange avec l’un ou l’autre
confrère et il m’en parlait quand je passais.
Avec l’âge et quelques soucis
de santé, Édouard a rejoint il y a quatre ans la maison Saint-Léon de Wolxheim
pour une retraite bien méritée. Toute sa vie, il a eu soif d’être reconnu et
apprécié. À l’annonce de son décès je me suis dit : « Édouard a trouvé la paix
qu’il a toujours cherchée. » C’était un priant en toute discrétion ; il a semé,
d’autres récoltent. Merci Édouard pour le travail réalisé ! Repose en paix dans
l’éternelle joie de Dieu…
Marie-Claire SCHOUVER
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