Père Louis GUéGUEN,
1910-1998


Né le 7 avril 1910, sur la paroisse de Plouray, à la ferme St-JeanBaptiste, tout près de l'Abbaye, c'est véritablement un ancien de l'Abbaye qui nous quitte. Il a d'ailleurs passé une grande partie de sa vie à l'ombre de cette maison qui lui était chère.

Il venait d'une famille chrétienne qui donnera aussi une religieuse à l'Eglise, sa sœur Marie-Brieuc. Il quitta la région pour faire ses études, mais il fut ordonné prêtre ici même, en 1936, à l'occasion des cérémonies du huitième centenaire de l'Abbaye, fondée par saint Maurice. Commence alors sa vie de missionnaire. Parti pour le Cameroun en 1937, il fut vicaire à Yokadourna, puis curé à Bikop jusqu'en 1947. De ces années, il gardait un souvenir passionné. Il y a peu de temps, il nous montrait de vieilles photos qui représentaient les constructions entreprises dans sa mission ; il était en quête de nouvelles que pouvait apporter un confrère, ancien du Cameroun.

Malheureusement, au bout de dix ans, la maladie l'obligea à rentrer définitivement en France. Alors, il mit ses compétences au service des confrères et des communautés : ici-même à l'Abbaye de 1950 à 1957, oû je l'ai eu comme professeur. Il y avait l'enseignement scolaire, mais aussi la musique, l'orgue et le piano, et le travail manuel. Quand il a fallu restaurer le bâtiment qui sert d'école primaire aujourd'hui, le Père était toujours présent sur le chantier, avec ses élèves, trop heureux de l'aubaine. Cet homme généreux donnait aux jeunes que nous étions l'envie d'être des missionnaires comme lui.

Le Père Guéguen partit ensuite pour St-Ilan comme professeur, économe, et vicaire à Yffiniac. En 1972. il revint à Langonnet, assumant des travaux d'entretien, puis acceptant de s'occuper d'une cousine handicapée. C'est pendant cette période que des vandales brisèrent la statue de la Vierge à la grotte. Plusieurs semaines durant, il s'enferma avec la statue, pour réparer, recoller, repeindre et enfin la replacer dans la grotte. Et il terminait ainsi son récit: " Après ce que j'ai fait pour Notre Dame de Lourdes, je suis sur qu'elle sera là pour m'accueillir à ma mort ".

Attentif aux autres, il refusait qu'on s'occupe de lui et qu'on le soigne. Il a bien fallu le conduire à l'hôpital, âgé, usé, sur une civière. Dans un moment de répit, il m'a dit : " Maintenant, je suis bien, je suis prêt. Jésus, Marie, Joseph, faites que je meure en votre sainte compagnie ». Ce sont les derniers mots d'un homme en paix.
P. Alain Rouquet

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